Sa nomination s’est faite attendre pendant près de deux mois. Ce jeudi 5 septembre, Emmanuel Macron a enfin nommé son Premier ministre : Michel Barnier. Depuis la victoire relative du Nouveau Front populaire (NFP) aux législatives anticipées du 7 juillet dernier, suivies de la démission du gouvernement, le président de la République a, pour ainsi dire, fait durer le suspense. Cet été, il a notamment convoqué une “trêve olympique”, avant de faire défiler à l’Élysée des personnalités politiques de tous bords pour se décider.
Contrairement à ce que réclamait la coalition des gauches, qui a soumis plusieurs propositions de candidats au chef de l’État, le nouveau locataire de Matignon n’est pas issu des rangs du NFP. Adhérent du parti Les Républicains, il est ancré à droite. À 73 ans, Michel Barnier devient ainsi le plus vieux Premier ministre de l'histoire de la Ve République. Il est bien connu de la vie politique : il a été quatre fois ministre. Le savoyard a également été commissaire européen et négociateur du Brexit. Il avait également échoué à la primaire des Républicains de 2022, en vue de se présenter à l’élection présidentielle la même année.
Michel Barnier, qui prendra ses fonctions à partir de 18 heures ce soir, après la passation de pouvoir avec Gabriel Attal, est “chargé de constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays et des Français”, souligne le communiqué de l’Élysée. Diplomeo se penche sur son parcours scolaire et dans la politique.
De ESCP à Matignon : un demi-siècle de vie politique
Originaire de Savoie, Michel Barnier fait son collège à Albertville et son lycée à Lyon. Après son bac, il s’engage dans des études de commerce et entre à ESCP, à Paris, où il sera diplômé en 1972. Il gardera un lien avec l'institution au sein de laquelle il lui arrive de donner des conférences pour les étudiants.
Nous félicitons @MichelBarnier#1erMinistre diplômé @ESCP_bs (promotion 1972 😉@jpraffarin) fidèle contributeur aux enseignements d'ouverture à l'#Europe@leon_laulusapic.twitter.com/TSrR7HuBH2
— ESCP Business School (@ESCP_bs) September 5, 2024
Étudiant, il est déjà très engagé politiquement. Le gaulliste entre ainsi rapidement en politique après ses études : à seulement 22 ans, il devient conseiller général de Savoie. Un peu plus tard, en 1978, il est élu à l’Assemblée nationale, devenant le plus jeune député de l’hémicycle à 27 ans, avant d’être élu plus jeune président de conseil général de l’histoire de Savoie, 10 ans plus tard. Un mandat qui le fera connaître pour avoir candidaté puis organisé les Jeux olympiques d’Albertville de 1992.
Durant les mandats de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, il occupera quatre postes de ministres : Environnement, Affaires européennes, Affaires étrangères, Agriculture et Alimentation. Ses mandats européens et son rôle dans le Brexit lui donneront également une réputation de négociateur hors pair. Une expérience et des compétences sur lesquelles compte Emmanuel Macron pour faire consensus à l’Assemblée.
Mais, si la droite et l’extrême-droite semblent adhérer au nouveau locataire de Matignon, les voix s’élèvent à gauche, qui annonce d’ores et déjà voter une motion de censure contre le futur gouvernement Barnier. Car celui qui, en 2021, appelait, dans une tribune du Monde, à faire de l’éducation la “grande cause nationale du futur quinquennat”, est en effet loin de partager les idées du NFP. Durant sa campagne à la primaire républicaine, en 2022, il proposait par exemple un moratoire sur l’immigration, afin de préparer une série de règlements et de lois pour faciliter les expulsions, supprimer l’aide médicale d’État ou encore réformer l’asile des personnes immigrées.