Sébastien Lecornu a-t-il fait le meilleur choix pour prendre la tête du ministère de l’Éducation nationale ? Contrairement à certains de ses prédécesseurs venus de la politique, Édouard Geffray ne dépend d’aucun parti et incarne un profil administratif qui maîtrise son sujet.
Il connaît les dossiers, maîtrise les rouages du ministère et a déjà travaillé avec les équipes en place. Ex-directeur général de l’enseignement scolaire, Édouard Geffray va devoir mener de front de nombreux projets. Mais a-t-il le bon profil pour prendre la tête de la rue Grenelle ?
De la Sorbonne à Sciences Po : un parcours tourné vers la fonction publique
Né le 2 octobre 1978 à Épinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, Édouard Geffray grandit en région parisienne. Après l'obtention de son baccalauréat, il intègre le très connu lycée Fénelon à Paris pour ses classes préparatoires.
Son orientation se dessine rapidement vers les sciences humaines et le service public. Il poursuit ses études supérieures à l'université Paris-Sorbonne, où il obtient une maîtrise d'histoire économique. Ce diplôme lui permet d'acquérir une solide culture générale et une compréhension des mécanismes économiques des politiques publiques.
Mais c’est en intégrant Sciences Po qu’Édouard Geffray pivote réellement vers ce sujet. Après sa maîtrise, il décroche, au sein de l’Institut d’études politiques de Paris, un diplôme spécialisé dans les affaires européennes, l'économie et le droit.
Édouard Geffray : un pur produit de l'ENA
Sciences Po représente souvent un tremplin vers les grandes écoles de la fonction publique et c’est cette voie que va choisir le nouveau ministre de l’Éducation nationale. En 2003, Édouard Geffray réussit le concours de l'École nationale d'administration (ENA) – aujourd’hui INSP. Il intègre la promotion Romain Gary (2003-2005), aux côtés de Matthias Fekl, ex-ministre de l’Intérieur (2017).
À sa sortie en 2005, il obtient un classement qui lui permet d’intégrer le Conseil d'État. Une institution réservée aux meilleurs élèves qui permet de mixer toutes les compétences d’Édouard Geffray : droit, économie et politiques publiques.
Du Conseil d'État à la CNIL : une carrière au cœur de l'État
Dès 2005, Édouard Geffray débute sa carrière comme auditeur au Conseil d'État, affecté à la 10ᵉ sous-section spécialisée dans les libertés publiques et les questions fiscales. Il gravit progressivement les échelons : il est nommé rapporteur à la section du contentieux jusqu'en 2008, puis responsable du centre de documentation et de recherches juridiques, avant de devenir rapporteur public jusqu'en 2012.
Cette année-là, il rejoint la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) comme directeur des affaires juridiques, internationales et de l'expertise. Quelques mois plus tard, il en devient le secrétaire général, poste qu'il occupera jusqu'en 2017. Il guidera notamment les débats autour de la protection des données personnelles.
2017 : année du virage vers l'Éducation nationale
En 2017, Édouard Geffray effectue un passage éclair au ministère de la Justice, comme directeur de cabinet de François Bayrou, alors garde des Sceaux. Cette expérience ne dure que quelques semaines, le ministre ayant démissionné rapidement.
C'est à partir de septembre 2017 qu'Édouard Geffray rejoint définitivement l'univers de l'Éducation nationale. Il est nommé directeur général des ressources humaines du ministère de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur. À cette fonction, il gère les carrières et la formation de plus d'un million d'agents publics, ce qui fait de l'Éducation nationale le premier employeur de France.
En 2019, Édouard Geffray accède à l'un des postes les plus stratégiques de l'administration française : directeur général de l'enseignement scolaire (DGESCO). Il devient ainsi le bras droit du ministre Jean-Michel Blanquer et pilote l'ensemble des politiques éducatives nationales. Il va superviser des projets majeurs :
- La mise en œuvre de la réforme du baccalauréat
- La révision des programmes scolaires
- La gestion de la crise sanitaire dans les écoles
- Le déploiement du programme pHARe de lutte contre le harcèlement scolaire, qui mobilise aujourd'hui 100 % des établissements
Un ministre à l’écoute ?
Édouard Geffray est décrit comme une personnalité discrète, méthodique et à l'écoute. Il privilégie le terrain. Durant ses années à la DGESCO, il s'est régulièrement rendu dans les établissements scolaires pour échanger directement avec les enseignants et les chefs d'établissement.
Son engagement dans la lutte contre le harcèlement scolaire illustre son approche : « L'éducation à la non-violence et au respect de l'altérité est la condition du respect dans l'univers cyber », expliquait-il en 2023, à propos du cyberharcèlement, dans les colonnes de Lumni.
Les défis qui attendent le nouveau ministre de l’Éducation nationale
Nommé ministre de l'Éducation nationale le 12 octobre 2025, Édouard Geffray devient le septième titulaire du poste depuis 2022. Le nouveau titulaire de la rue de Grenelle hérite de plusieurs défis majeurs.
Sur le plan budgétaire, il devra gérer les contraintes financières des universités françaises, qui peinent à rivaliser avec les institutions internationales, dans un contexte de restrictions. Les différentes coupes successives ont en effet entaché le bon fonctionnement de ces établissements.
Mais ce n’est pas le seul sujet qui l’attend : orientation et Parcoursup, harcèlement scolaire, baisse du niveau des élèves en mathématiques et en français… De nombreux chantiers cruciaux sont déjà sur la table du ministère de l’Éducation nationale, ce lundi 13 octobre.