Support technique injoignable, écran figé, calculette en ligne bloquée… Une partie des 11 400 candidats au concours SESAME 2024, organisé entièrement à distance sur une plateforme sécurisée et ouvrant à 19 écoles de commerce ou de management, n’est pas prête d’oublier sa journée d’examens, le 18 avril dernier. Des centaines de participants ont vu leurs épreuves perturbées par des bugs répétés, les empêchant de réaliser le concours dans des conditions normales.
Et quand ils voulaient joindre le numéro du support technique prévu en cas de problème, tous n’ont pas eu de réponse. De quoi déclencher l’ire des candidats et de leurs parents, dont certains réclament, dans une pétition en ligne, le remboursement des frais d’inscription ou de repasser les épreuves. Car si certains ont pu repasser exceptionnellement l’examen le soir même, de nombreux autres candidats n’ont pas pu se manifester à temps. La semaine qui a suivi, le concours s’est employé à répondre aux appels et mails de réclamation pour rétablir la situation, tentant de répondre au "cas par cas" aux requêtes.
"Difficultés techniques" en chaîne
Derrière ces bugs le jour de l’épreuve, l’organisation du concours SESAME, qui se déroule via la plateforme TestWe, un prestataire, donne plusieurs pistes d’explication à Diplomeo. “Cette année, le système de sécurité anti-fraude a été fortement renforcé et a entraîné pour certains candidats des dysfonctionnements et des ralentissements du système”, avance Christelle Garon, directrice de la communication des concours Sésame.
De quoi ralentir donc les ordinateurs les moins performants. Et ce, malgré le travail de prévention de Sésame qui propose aux candidats de tester leur matériel en amont du concours pour s’adapter en cas de besoin, souligne la responsable. “Il n’est évidemment pas question de jeter la pierre aux candidats, simplement de donner des explications tangibles”, insiste-t-elle. À cela s’est ajouté un bug lié à l’assistance téléphonique censée accompagner les élèves en cas de problème lors de l’examen. “Le prestataire chargé du support technique a aussi eu des problèmes et était injoignable pour certains candidats”, retrace encore Christelle Garon. “On a enchaîné les difficultés techniques et il nous a fallu du temps pour mener les enquêtes techniques”, reconnaît-elle.
Une notation plus indulgente pour les candidats lésés
Résultat : si une majorité des candidats a pu passer les épreuves sans soucis, plus de 7% des 11 400 candidats ont été touchés par des bugs, selon les chiffres parus lundi soir. Un chiffre revu à la hausse depuis, mais “plutôt que de quantifier, on fait du traitement au cas par cas”, défend la directrice de communication. “On répond à tous les mails individuels, on leur dit que leur situation va être prise en compte et que nous serons indulgents dans la notation” résume-t-elle.
Pour ce faire, les organisateurs du concours ont accès aux “logs” des candidats, ce qui permet de retracer leur journée d’examen et les appels qu’ils ont éventuellement passé au support technique. “En fonction des éléments techniques que l’on remonte pour chaque candidat, on leur répond de façon individualisée”, assure-t-elle.
Concernant les demandes de certains parents et candidats de repasser le concours, “c’est tout simplement techniquement impossible, et nous n'avons pas le droit d'annuler les épreuves", explique Christelle Garon. Quant aux demandes de remboursement (l’inscription au concours coûte 295 euros), en revanche, l’organisation du concours a donné son feu vert, à condition d’annuler leur candidature et de ne pas participer aux oraux. “Les résultats d'admissibilité, c'est vendredi 26 avril. Ceux qui ne se sont pas manifestés pour annuler leur candidature sont encore considérés comme candidats”, explique la représentante.
Une pétition en ligne récolte plus de 3000 signatures
Des réponses insuffisantes pour certains candidats, qui dénoncent une minimisation de la situation. “Le concours s’est basé uniquement sur le nombre de personnes ayant réussi à contacter l’assistance durant les épreuves et qui ont donc bénéficié d’un rattrapage à 17 heures”, assure un candidat auprès de Diplomeo qui a souhaité rester anonyme. “Ma mère a essayé de contacter le numéro pendant la pause, mais ils n’ont pas répondu. En réalité, le nombre de candidats touchés est bien plus élevé”, affirme-t-il.
Les candidats se retrouvent à payer les pots cassés pour des erreurs commises par le concours, un candidat au concours SESAME
Le jeune homme a lancé une pétition en ligne, qui a récolté 3300 signatures, pour réclamer un remboursement des frais d’inscription, ou de repasser les examens. “C’était comme si le concours prenait les candidats et leurs familles pour des idiots” regrette-t-il, dénonçant un manque d’équité vis-à-vis des élèves qui ont pu repasser le concours le jour même de l’examen.
Le directeur du concours Sésame, Thomas Lagathu, a répondu à cette pétition dans un mail expliquant l’impossibilité de programmer l’examen, mais mentionnant l’indulgence dans la correction des copies. “Cette réponse est insatisfaisante, car elle ne traite pas de ce qui adviendra des résultats des candidats ayant triché ou ayant passé les rattrapages, ces derniers bénéficiant d’un avantage”, estime encore le jeune homme. “Les candidats se retrouvent à payer les pots cassés pour des erreurs commises par le concours”, conclue-t-il.
Des couacs techniques inévitables à distance
Rupture de connexion, ordinateur qui plante en plein examen… Sur les milliers de candidats qui se présentent chaque année aux épreuves à distance, certains couacs techniques sont inévitables. “Il y a toujours des aléas qui ne sont pas forcément imputables au concours, et on trouve toujours des solutions”, rappelle Christelle Garon.
Pour autant, les organisateurs n’envisagent pas de revenir à un concours en présentiel. “Entre les menaces d'attentats, les grèves des transports ou les prix qui flambent sur les hôtels, pensez-vous vraiment que le présentiel peut résoudre les problèmes ?”, interroge Christelle Garon. “Les problèmes techniques rencontrés cette année vont forcément nous amener à tirer les enseignements de cette situation”, conclue-t-elle. Et d'ajouter : "à ce jour, aucune décision n’est encore prise sur les modalités du prochain concours".