« L’école suscite de moins en moins de vocations. Les concours ne font plus le plein ». Face à ce constat alarmant de la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, le gouvernement propose de nouvelles pistes d’actions.
Ce vendredi 28 mars, l’exécutif a dévoilé les contours de sa réforme sur la formation des enseignants, lancée en juin 2024, puis stoppée au moment du remaniement ministériel. Dans les grandes lignes, la réforme va permettre d’ouvrir le concours dès le niveau bac+3. La formation en elle-même sera rémunérée sur deux ans.
« Cette évolution vise trois objectifs clairs : attirer davantage de candidats, préparer plus tôt au métier et élever le niveau de formation des futurs enseignants », indique la ministre de l’Éducation dans le dossier de presse. On fait le point.
En chiffres : le concours de l’enseignement déserté depuis 2021
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Une formation professionnalisante et rémunérée
À compter de la rentrée 2026, la réforme prévoit donc d’avancer le concours d’accès à la formation d’enseignant au niveau bac+3 et d’allonger la durée de formation à deux ans. Actuellement, ce concours est accessible avec un niveau bac+5. Il est suivi d’un an de formation.
Les lauréats auront le statut de fonctionnaire en formation tout au long de leurs deux années de cursus au sein d’un Inspé (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation). Au cœur de ce cursus, la réforme fait la part belle à la professionnalisation, avec une alternance entre la théorie et la pratique :
- en première année : un tiers du temps sera consacré à des stages d’observation et de pratique accompagnée
- en deuxième année : les enseignants en formation seront responsables d’une classe à mi-temps.
Quant à la rémunération, les apprenants seront rémunérés 1400 euros net par mois en master 1 et 1800 euros net par mois en master 2. En contrepartie, ils devront s’engager à servir l’Éducation nationale pendant au minimum quatre ans.
Des aménagements possibles pour les candidats titulaires d’un bac+5 Pour les lauréats du concours externe, titulaires d’un master 2, la formation enseignant durera un an, au cours de laquelle les apprenants seront placés à mi-temps en responsabilité d’une classe et le reste du temps en formation, en tant que fonctionnaires stagiaires. « |
Une licence spécifique « éducation » pour remplacer la licence PPPE
En outre, une licence spécifique « éducation » sera déployée dans les universités dès 2026 à l’université, à destination des étudiants intéressés pour passer le concours du premier degré de l’enseignement. Cette formation, non obligatoire pour passer le concours, apparaît comme un cursus stratégique pour se préparer aux épreuves.
Un aménagement d’emploi du temps sera même organisé en L3 pour laisser aux candidats le temps de s’entraîner. Cette licence, dont le programme pluridisciplinaire reste à éclaircir, remplacera la licence PPPE (parcours préparatoire au professorat des écoles).
Quant aux concours menant à l’enseignement dans le secondaire, la réforme ne prévoit pas de changement particulier, si ce n’est des modules préparatoires au concours. Ceux-ci seront proposés aux licences existantes dès 2025, pour les candidats de la session 2026 du concours.
Selon le calendrier dévoilé par le gouvernement, la réforme sera pleinement déployée en 2028. Elle devrait coûter 26 millions d’euros la première année à l'Éducation nationale, et jusqu’à 500 millions d’euros par an à compter de 2028, selon le gouvernement, rapporte Libération.