Comment venir à bout du tabac chez les jeunes ? Alors que la France veut parvenir à une « génération sans tabac » d’ici 2032, les autorités sanitaires déploient leur arsenal de lutte contre le tabagisme et le vapotage. Parmi les outils mobilisés à destination des jeunes : la sanctuarisation d’espaces non-fumeursdans l’enseignement supérieur et plus particulièrement sur les campus. Ces sites sont en effet des lieux stratégiques, les moins de 25 ans étant particulièrementvulnérables à l’initiation au tabagisme.
Depuis plusieurs années, des « campus sans tabac » fleurissent ainsi dans plusieurs villes de l’Hexagone. Concrètement, de quoi s’agit-il ? Quelle est leur place dans le paysage universitaire ? Diplomeo fait le point !
🔎 Les jeunes Français fument moins de tabac, mais vapotent plus
Source : enquête Escapad 2022 |
Qu’est-ce qu’un campus sans tabac ?
Un campus sans tabac est un établissement d’enseignement supérieur où il est interdit de fumer ou de vapoter, aussi bien à l’intérieur des bâtiments qu’en extérieur. Cette démarche repose sur plusieurs objectifs :
- Encourager les fumeurs à réduire ou à arrêter leur consommation.
- Prévenir l’entrée dans le tabagisme chez les non-fumeurs
- Offrir un cadre de vie saine et agréable pour tous les usagers
- Soutenir les politiques de développement durable
- Contribuer à changer l’image du tabac dans la société.
Depuis 2023, ces campus sont inscrits dans le Programme national de lutte contre le tabac (2023-2027). Ceux-ci sont déployés sur le même modèle qu’aux États-Unis et en Australie, pays pionniers en matière de campus sans tabac, depuis les années 2000. En France, le premier campus sans tabac a vu le jour en 2018 à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) de Rennes.
Comment ça se passe concrètement sur un campus sans tabac ?
Instaurer un campus sans tabac ne se fait pas en un claquement de doigts ! La mise en place d’un tel dispositif comprend plusieurs étapes, qui mettent plusieurs mois, voire plusieurs années à aboutir. Par exemple, l’EHESP de Rennes a inauguré son campus sans tabac en 2018, après trois ans de travail. Des étapes préalables qui sont nécessaires pour l’acceptation des mesures antitabac en aval, par le personnel et les étudiants.
Elles suivent plusieurs phases :
- Consultation préalable : Les usagers du campus sont interrogés pour mesurer le niveau de tabagisme, évaluer l’adhésion au projet et recueillir leurs attentes.
- Mise en place progressive : des zones fumeurs sont réduites ou supprimées, les cendriers sont retirés et des panneaux signalétiques sont installés sur le campus.
- Communication et sensibilisation : Le dispositif est promu via des affichages, des campagnes d’information et des événements, tels que des stands ou des ateliers.
- Accompagnement des fumeurs : Des consultations gratuites avec des professionnels de santé, des ateliers hebdomadaires de gestion du stress (yoga, sophrologie) ou encore des ambassadeurs formés sont proposés pour aider ceux qui souhaitent arrêter de fumer.
- Évaluation : Des sondages réguliers sont menés pour vérifier l’impact et le respect des règles, et pour ajuster le dispositif si nécessaire.
Combien y a-t-il de campus sans tabac en France ?
Actuellement, une dizaine d’établissements sont officiellement engagés dans une démarche « campus sans tabac » en France. Parmi eux, on retrouve les filières santé de Strasbourg, Lille, Rennes et Angers. D’autres travaillent encore à la mise en place du dispositif avec des consultations auprès des étudiants et du personnel.
C’est le cas notamment de la faculté de médecine de Reims, qui a déployé, en novembre 2024, une première consultation auprès des profs et des étudiants pour mettre en place le dispositif. Par ailleurs, une vingtaine d’autres établissements ont sollicité des ressources pour développer ce type d’initiative.
Quel avenir pour les campus sans tabac en France ?
Dans l’optique d'éradiquer le tabac chez les jeunes d’ici 2032, les politiques de lutte contre le tabac vont se poursuivre ces prochaines années. Le Programme national de lutte contre le tabac souhaite d’ailleurs généraliser les campus sans tabac dans l’Hexagone. À terme, ce dispositif pourrait permettre de sensibiliser près de 3 millions d’étudiants, soutenir les fumeurs dans leur démarche d’arrêt, et prévenir l’entrée des moins de 25 ans dans le tabagisme régulier, estime le site dédié aux campus sans tabac.
La route est encore longue pour sensibiliser tous les campus de France. Pour autant, les différents rapports d’experts, relayés notamment par Santé publique France, font un constat positif de la lutte contre le tabagisme chez les jeunes. Au vu des chiffres encourageants, marqués par une forte diminution du tabagisme chez les jeunes, la bataille contre le tabac semble être en bonne voie.