François-Afif Benthanane est le fondateur de Zup de Co. Durant deux ans, de 2005 à 2007, il s’est penché sur les problématiques d’éducation, d’emploi et de formation dans les quartiers populaires. Avec des rencontres, des débats et des constats, il s’est demandé « en quoi peut-on apporter une valeur ajoutée à ces quartiers en matière d’éducation ». De là est née l’aventure Zup de Co.
Les parents, « pierre angulaire » du projet
« Je me souviens d’une maman qui m’a dit un jour : c’est bien beau de donner envie à nos enfants de faire des études et de les exciter, mais après on fait comment nous ? », commence François-Afif Benthanane. La place des parents dans le projet est inscrite dans l’ADN de Zup de Co. 70 % des parents sont favorables à ce que leurs enfants fassent leurs devoirs à l’école et non à la maison. Et pour 35 %, le moment des devoirs est un moment difficile et source de disputes (pour 11 %).
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Alors, François-Afif Benthanane et son équipe ont décidé de proposer à des collèges du réseau d’éducation prioritaire des séances de tutorat collectif et individuel, parce que « le talent n’a pas de domiciliation », ajoute le fondateur. Le but ? « Que tous les enfants de l’école de la République soient logés à la même enseigne ». Vivant dans un environnement pas toujours propice au travail, les collégiens trouvent avec Zup de Co, un véritable soutien en mathématiques et en français.
Objectif brevet
« On accompagne des jeunes qui ont entre 6 et 9 de moyenne et on les emmène jusqu’au brevet, en essayant de faire grimper leur moyenne à 12 », concrétise François-Afif Benthanane. Dans chaque collège avec qui Zup de Co travaille, une personne est chargée, à mi-temps, de l’organisation des séances et du recrutement des étudiants tuteurs. « L’objectif, c’est surtout que les élèves comprennent et maîtrisent bien les leçons et ne prennent pas de retard pendant leurs années de collège », détaille le fondateur. « Pour les étudiants tuteurs, le but est, entre autres, de leur insuffler le goût de l’engagement et de les impliquer dans la réussite de jeunes », complète-t-il.
Aujourd’hui, l’association est présente dans 46 collèges de France et les collégiens sont accompagnés par les étudiants de 90 établissements supérieurs. Parmi eux :
- 37 % d’universités
- 30 % d’écoles d’ingénieurs
- 17 % d’écoles de commerce
- 16 % d’autres écoles : de droit, d’art, d’informatique, de communication, etc.
Du tutorat, mais pas que
L’action de Zup de Co ne s’arrête pas aux séances de tutorat. « Nous mettons en place de nombreuses actions autres que les séances de tutorat. Pour sortir du collège. Parmi les actions on trouve Digigirlz, des journées pour donner envie aux filles de se lancer dans le numérique, des rencontres avec des acteurs de l’emploi ou des visitesde grandes écoles proches de chez eux », explique François-Afif Benthanane. Des visites qui permettent de donner du sens au travail à l’école. Pour preuve, le fondateur de Zup de Co nous assure que les collégiens sont nombreux à sortir en demandant « comment on fait pour venir ici ? ».
Interview de Walid, étudiant en marketing à l’ESSCA Paris et bénévole au sein de Zup de Co
Peux-tu nous parler de ton expérience avec Zup de Co ?
D’octobre à avril, j’ai participé au tutorat collectif pour aider un petit groupe de 8 collégiens d’une zone d’éducation prioritaire (ZEP) à faire leurs devoirs. Les séances avaient lieu tous les jeudis après-midi dans leur collège.
Une autre personne de ma classe a participé à du tutorat individuel. Nous avons été formés par des tuteurs déjà présents dans les classes.
Comment as-tu rejoint l’association ?
J’ai connu Zup de Co par mon école, l’ESSCA. Nous avons un module qui s’appelle Éthique et Responsabilité Sociale de l’entreprise, dans lequel on peut participer au tutorat. Cela m’a attiré, car je m’étais déjà engagé dans une association de mon quartier pour du soutien scolaire.
En quoi être étudiant t’a aidé dans les séances de soutien ?
Déjà, le fait de venir moi-même d’un quartier m’a aidé. Je connais leurs combines pour essayer de travailler moins. Mais une fois qu’ils ont compris que c’est pour les aider, ils se disent : « autant utiliser cette heure ». Ils voient bien qu’on est pas des papys et nous font plus confiance, surtout parce qu’on est jeune !
Personnellement, qu’as-tu retiré de cette expérience ?
J’ai acquis des capacités d’organisation pour gérer les séances de tutorat de collégiens et mes études en même temps. J’ai aussi gagné en patience et en autorité, car il faut le dire, au début, ils ne sont pas forcement tous ravis d’être là… (rires).