Le coût de la vie étudiante n’a jamais été aussi élevé. Tandis que les jeunes — et particulièrement les étudiants — connaissent une précarité toujours plus grande depuis ces dernières années, la guerre en Ukraine et l’inflation renforcent davantage ces difficultés.
Une situation soulignée par les syndicats étudiants, qui tirent la sonnette d’alarme. La Fédération des Associations générales étudiantes (FAGE) a indiqué, dans son indicateur annuel, une hausse impressionnante. En 2022, le coût de la rentrée s’élève à 2 527 euros pour un étudiant non boursier, soit une hausse de 7,38 % par rapport à l’année précédente. De même, les frais de vie courante augmentent aussi et atteignent 1 219€.
Même son de cloche du côté de l’Union nationale des étudiantes de France (UNEF) qui a publié une étude inquiétante concernant le pouvoir des achats des étudiants. Pour eux, le coût de la vie étudiante s’alourdit avec une progression de 6,47 %, soit 428,22€ en plus pour l’année scolaire 2022-2023.
Vendre ses travaux sur internet pour arrondir ses fins de mois
Pour limiter les dégâts et mettre du beurre dans les épinards, certains étudiants peuvent être tentés par plusieurs solutions, dont celle de la vente de travaux en ligne. Aujourd’hui, plusieurs plateformes proposent aux jeunes, étudiants ou alumni, de récupérer d’anciens fichiers (travaux étudiants, études de cas, rapports de stage, thèse…) afin de les revendre sur la toile à des prix avantageux.
Parmi ces sites spécialisés dans la revente de fichiers : Pimido, est l’un d’entre eux. Cette plateforme, créée en 2018, propose aux jeunes d’arrondir leurs fins de mois en vendant leurs dissertations, mémoires, et autres travaux. Le but ? Aider d’autres étudiants à corriger et à rédiger leurs devoirs à leur tour.
« Quand vous êtes étudiant, il y a de fortes chances pour que vous ayez des dizaines de documents sur votre ordinateur dont vous ne faites rien aujourd’hui. Vous ne le savez peut-être pas, mais ils ont une valeur commerciale », précise Jean-Xavier Bersot, fondateur de Pimido.
Avec un coût de la vie de plus en plus élevé, il explique avoir reçu « pas mal de documents » de la part des jeunes qui cherchent une source de revenus supplémentaire. « Il y a peu de chances qu’on paye l’intégralité de votre loyer ou de votre scolarité », prévient-il. « Mais à coup de dix ou d’une petite centaine d’euros par mois, c’est un apport non négligeable ».
Côté rémunération, les tarifs de Pimido sont les suivants : en envoyant une dizaine de documents par mois, l’étudiant peut toucher entre 10 et 20 euros. Si le volume est plus important, à raison de 100 à 500 documents, il peut gagner une centaine d’euros tous les mois. « C’est un jeu de volume et de moyenne », insiste Jean-Xavier Bersot.
Outre la vente de documents, la plateforme Pimido propose d’autres services, comme le tutorat et l’aide à la rédaction d’un sujet. « Si vous avez besoin de quelqu’un pour vous aider dans la rédaction de votre mémoire, de votre exposé, de votre dissertation, on va vous proposer de vous mettre en relation avec un tuteur rédacteur », explique le fondateur. Pour les étudiants, on retrouve aussi sur la plateforme un outil de détection de plagiat, afin de vérifier que le contenu de leurs écrits n’existe pas ailleurs. « Les étudiants ne veulent pas rendre un contenu plagié parce que pour eux, les risques sont absolument colossaux », ajoute-t-il.
Propriété intellectuelle, travaux soumis à condition : quelles sont les limites légales ?
Pimido, comme d’autres sites spécialisés dans la revente de travaux étudiants, reflète une tendance qui a de beaux jours devant elle. Cependant, peut-on mettre à prix tous nos travaux scolaires ? « On a deux types de documents qui peuvent être problématiques : ce sont les rapports de stage et les thèses », affirme le fondateur. Des documents qui sont soumis à condition, le rapport de stage étant « encadré par une convention » et la thèse « copropriété de l’école ». Difficile donc, de les proposer à la vente.
« Si des éléments dans le document qui nous sont remis sont suspects tels que “Confidentiel”, “Ne pas publier” ou “Soumis à la réalisation”… on va demander une double confirmation », poursuit Jean-Xavier Bersot.
En outre, si certains documents ont des encadrements un peu flous, d’autres relèvent de la propriété intellectuelle. C’est le cas des cours par exemple : les étudiants n’ont pas le droit de revendre leurs prises de notes pour la simple et bonne raison qu’il ne s’agit pas de leur propre réflexion, mais celle de leurs enseignants.
« Nous, si on a la certitude que le cours vient d’une prise de note et que ce n’est pas le professeur qui nous l’envoie, on ne le publie pas », concède le fondateur de Pimido, avant de renchérir : « On n’est pas un site de cours à la base. On va plutôt chercher à récupérer des documents problématisés ». L’objectif est donc clair : si les étudiants souhaitent gagner de l’argent en ligne, il va falloir se remuer les méninges !
Vendre ses travaux étudiants : le récap'
- Tout étudiant ou ancien étudiant peut vendre ses travaux scolaires : dissertation, composition, étude de cas, commentaire de texte, etc.
- Les notes de cours ne sont pas acceptées par la plateforme et relève de la propriété intellectuelle
- Les rapports de stage, mémoire de fin d’études et thèse sont soumis à condition