Le coup d’envoi a été lancé le jeudi 14 novembre au matin à l’ECV Digital Paris. L’école qui forme les futurs professionnels du digital a organisé son 4ème hackathon annuel. Cette édition a rassemblé 240 étudiants autour de 10 projets d’entrepreneurs en recherche de cerveaux frais. Les élèves ont eu 48 heures pour proposer les idées les plus novatrices à ces startups de l’Économie Sociale et Solidaire. À la fin, seulement 10 équipes ont été désignées vainqueurs de ce concours qui a rassemblé les étudiants de toutes les spécialités de l’école. Cette année, la compétition a été renommée HackForImpact pour faire écho avec Act For Impact, le projet d’incubateur de startups responsables de BNP Paribas dont proviennent les différents projets.
Un engagement responsable
« Pour l’édition 2019, nous avons décidé de choisir de faire un partenariat avec Act For Impact, car l’incubateur avait tout à fait les mêmes valeurs que nous ; l’engagement citoyen, l’accessibilité, le développement durable ou encore l’économie solidaire. » explique Guillaume Oudenot, le responsable pédagogique de l’établissement. « On a sélectionné 10 startups qui nous correspondaient le plus, mais aussi qui nécessitaient l’ensemble des 5 spécialisations de l’école, à savoir la gestion de projet, le webmarketing, l’UX (User eXperience), le design et le développement web ».
Car le but de cette compétition avant tout est de favoriser l’ESS à travers des projets innovants dans le monde du digital. Pour rappel, le hackathon de l’année passée avait aidé l’association Good Planet de Yann Arthus Bertrand et Elephants for Africa dans leur lutte de préservation des éléphants du Botswana. Une application mobile, aujourd’hui en développement, a été conçue par des étudiants de l’ECV pour améliorer la relation entre les agriculteurs botswanais et les pachydermes afin d’empêcher ces derniers de se faire exécuter.
Un événement basé sur la rencontre
Répartis par groupe de 5 personnes, les étudiants doivent travailler en équipe avec des gens qu’ils ne connaissent pas. « C’est la seule fois de l’année où l’on fusionne avec les promotions de toutes les années » constate Théo, 21 ans, en 2ème année de mastère d’UX design. « Ce qui me plait, c’est que l’on rencontre d’autres personnes avec des méthodes de travail différentes » continue Claudie, sa nouvelle partenaire en première année de mastère d’UX. « Et puis ça permet de multiplier nos connaissances dans l’ESS » conclu l’étudiant.
Pour cette équipe, qui compte encore des webdesigners et des développeurs, il s’agissait d’aider à la création de la plateforme digitale Win Ride qui offre des supports publicitaires dans les VTC (Uber, Heetch, Allocab..). L’objectif de la startup est de garantir des compléments financiers aux chauffeurs grâce aux 5 minutes d’annonces que le passager pourra regarder durant le trajet. Le client du VTC aura, quant à lui, une chance de voir sa course remboursée s’il visionne les publicités.
Encadrement des coachs et mise en situation professionnelle
Les étudiants, qui sont parfois arrivés avec leur valise pour passer la nuit à l’école, n’ont bien évidemment pas été laissés seuls dans leur aventure. Ils étaient encadrés par des coachs qui sont les intervenants des différents cursus de l’institution. « Mon but c’est de pousser les étudiants à s’approprier et à objectiver le projet » commence Riyad Lounissi, intervenant à l’ECV et directeur UX design chez CGI, une société de services-conseils en technologie de l’information. L’avantage du hackathon, c’est la concentration, la pression du temps, ça donne un avant-goût de la réalité du travail où l’on n’a jamais le temps de faire toutes les choses bien. Du coup, il faut faire des choix » continue le coach du projet Madu, une application de bons plans éco-responsables. « De plus, ces jeunes générations quand ils recherchent un emploi, ils vont chercher des valeurs qui leur sont personnelles. Ces valeurs qu'ils possèdent peuvent être des leviers à l'embauche sur ces thématiques— là » affirme le professionnel.
C’est justement le cas d’Antoine Do Van Lanh. Il participait au projet Tangata qui veut offrir une plateforme en ligne pour aider les personnes en situation de handicap à trouver des loisirs qui correspondent à leurs besoins. « J’ai choisi ce projet parce que j’aimerais lancer une entreprise avec mon père qui cible aussi les personnes en situation de handicap. On aimerait les aider à travailler dans l’alimentaire avec des infrastructures adaptées. » poursuit le jeune homme de 20 ans en expliquant avec ferveur son concept d’entreprise. « Mon objectif pour Tangata, c’est de proposer la solution la plus efficace pour eux, car ils n’ont pas beaucoup de budget et ils ont besoin d’être aidés ».
Les professionnels en recherche de nouvelles idées
HackForImpact est un partenariat, car il aide autant les étudiants à développer leur imagination que les professionnels à concrétiser leurs rêves. Souvent supportés par des petites équipes, les entrepreneurs ont besoin d’avoir des retours concrets sur la faisabilité de leurs projets. « Ce qui me plait, c’est l’idée d’avoir plein de cerveaux qui vont réfléchir à mon projet avec un angle qui leur est propre. » souligne Chrystal Le Liegard, jeune fondatrice de Madu. À l’heure actuelle, je n’ai pas d’attentes précises sur ce que les étudiants pourront m’apporter, tout ce que l’on pourra me donner me sera utile. Je veux qu’ils prennent autant de plaisir que moi à recevoir les informations » ajoute l’entrepreneuse qui a décidé de fonder cette application afin de «coller à ses valeurs ». L’objectif de son application est de créer des cartographies avec des filtres très précis et personnels contenant des bons plans éco-responsables dénichés par des habitants locaux. Le but est de permettre aux minorités (véganes, personnes à mobilité réduite, avec des intolérances alimentaires ou des restrictions religieuses...) de trouver des lieux qui leur correspondent dans n’importe quelle ville. Elle nécessite donc les connaissances techniques des étudiants en digital afin de mettre son projet sur pied.
À la fin des 48 h, un jury composé des fondateurs des startups, des coachs de l’ECV ainsi que d’une collaboratrice de BNP Paribas ont retenu les 10 projets les plus intéressants. Les étudiants ont donc été jugés comme s’ils étaient face à des clients, une première pour une partie d’entre eux. Mais au-delà de la compétition, les élèves ont participé à un challenge de taille pour l’Économie Sociale et Solidaire et qui sait, peut-être que leurs contributions permettront de développer certains grands projets éthiques de demain.
Bonus
Une interview de Mélusine Camensuli, stagiaire en développement pour Act For Impact, réalisé par les étudiants de l'ECV.