Des conditions de vie difficiles pour la communauté estudiantine. C’est le résultat d’une enquête nationale intitulée « Face à la crise, un programme anticapitaliste pour la jeunesse. » Celle-ci a été menée par le syndicat étudiant trotskiste et d’extrême gauche Le Poing levé, et publiée ce mercredi 27 mars 2024.
Pour cette étude, le syndicat s’est appuyé sur les différentes crises que traverse le monde estudiantin : les difficultés de trouver un logement, la santé mentale, la précarité étudiante et le contexte inflationniste ou encore les conditions d’études dans le supérieur. 80 % des étudiants sont angoissés et les raisons d’une anxiété généralisée viennent des études (88 %), de leur situation financière (56 %) et de l’écologie (41 %).
Nourrir, se loger, étudier,… Pour ne plus avoir à choisir, exigeons un revenu étudiant à hauteur du SMIC financé par un impôt fortement progressif sur les grandes fortunes ! 💸
👉 Découvrez l’intégralité du rapport du Poing Levé sur la précarité étudiante ! (lien en bio) pic.twitter.com/E5cGT5Bdp8
– Le Poing levé (@LEPOING_LEVE) March 27, 2024
Précarité : 85 % des étudiants sondés vivent en dessous du seuil de pauvreté
« Si la précarité étudiante est admise de toutes et tous et que la presse a pris l’habitude d’en faire un sujet d’actualité lors des rentrées universitaires de septembre, elle est souvent banalisée et traitée comme un passage rituel vers l’âge adulte », introduit le syndicat dans son enquête.
En effet, 85 % des répondants affirment vivre sous le seuil de pauvreté [qui s’établit à 1 158 euros en 2024], avec un budget moyen de 626 € mensuels pour subvenir à leurs besoins. 30 % sont en dessous de 500 euros mensuels. « Difficile dans les conditions actuelles de hausse des prix et de baisse des aides publiques d’imaginer comment ce budget famélique pourrait permettre de vivre ou ne serait-ce que de survivre », indique le Poing levé.
Parmi les sondés, les sources de revenus proviennent :
- 48,2 % de la bourse sur critères sociaux
- 72 % de l’aide financière de leurs familles
- 3 % d’aides diverses : de la bourse au mérite ou de la prime d’activité
L’enquête s’est également penchée sur les habitudes de consommation des étudiants dans un contexte d’inflation. Tandis que l’Insee indique, dans une note, que les prix à la consommation ont augmenté de 23 % entre 2021 et 2023, un étudiant dépenserait en moyenne 165 € par mois pour se sustenter. 85 % affirment avoir réduit leurs dépenses liées à l’alimentation. « Ces restrictions se sont matérialisées par la multiplication du nombre de repas sautés, la privation d’une alimentation digne, le recours au vol », précise l’enquête.
Concernant les banques alimentaires, 18 % affirment y avoir déjà eu recours et 12 % comptent y aller. Ils ont par ailleurs réduit leurs dépenses sur les loisirs (82 %), le chauffage et l’électricité (68,4 %) et les transports (25 %).
Les répondants favorables à l’instauration d’un revenu étudiant « à hauteur du SMIC »
Le syndicat a souhaité interroger les étudiants sur le revenu étudiant universel : une mesure qui est très discutée dans l’opinion publique. D’après l’enquête, 79 % des étudiants seraient favorables à ce bénéfice, financé à hauteur du SMIC par les entreprises.
Les partis politiques de gauche et syndicats étudiants ont souvent un dispositif similaire dans leurs programmes et leurs revendications. Le groupe les Écologistes (EELV) souhaite un « revenu minimum garanti », quand le Parti socialiste (PS) parle de « minimum jeunesse ». De son côté, La France insoumise (LFI), soutenu par l’Union étudiante, préfère le terme « allocation autonomie ».
Ainsi, Le Poing Levé revendique « l’instauration d’un impôt fortement progressif sur le grand patronat et les grandes fortunes » qui apporterait « près de 52 milliards d’euros ». Néanmoins, le gouvernement, notamment la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, s’est toujours opposé à ce revenu. « Dire que le supérieur est équivalent au RSA, ce n’est pas l’image que j’ai envie de donner », expliquait-elle dans l’émission Backseat en septembre dernier.
Crise du logement : 1 étudiant sur 10 est ou s’est déjà retrouvé sans solutions
Autre fait évoqué dans l’enquête : le logement étudiant. Les étudiants interrogés sont 13 % à habiter dans une résidence du CROUS, « ce qui est au-dessus de la moyenne nationale qui est de 6 % ». De plus, 10,8 % des répondants affirment avoir été sans logement et/ou l’être actuellement. Si certains dorment sur le canapé de leurs amis, d’autres passent la nuit dans des Airbnb ou sous une tente.
Cette enquête fait écho à une étude précédente menée par l’Union Étudiante, qui expliquait qu’en France, 1 étudiant sur 2 est mal logé. D’après le syndicat arrivé en tête aux dernières élections CROUS, le constat est « accablant » : 29,5 % des étudiants sont en situation de cohabitation contrainte et souffrent de l’absence de domicile personnel.
Face à ces situations dramatiques, 81 % des interrogés de l’enquête du Poing Levé souhaitent réquisitionner les logements vides. Le syndicat rappelle que « Les logements vacants représentent 8,2 % du parc immobilier français », soit plus de 3 millions, un chiffre « en constante augmentation depuis 1968 ».
La situation est également préoccupante pour celles et ceux qui ont un logement : les loyers sont souvent très élevés et bien que 74 % touchent les APL, ils constatent que le montant de ces aides de la CAF « sont largement insuffisants », particulièrement pour ceux qui habitent dans les grandes villes de l’Hexagone. À ce titre, 91 % des sondés réclament le gel des loyers.
Enfin, la communauté estudiantine tire la sonnette d’alarme sur l’insalubrité de leurs logements : 49 % souffrent d’un logement mal isolé, « ce qui peut expliquer les phénomènes de moisissure » ou des problèmes liés au froid durant l’hiver. 20 % font état de moisissures et 12,5 % de nuisibles.