Un rendez-vous mode incontournable, à une semaine de la Paris Fashion Week. Chaque année, les étudiants en troisième année du cursus Stylisme et Modélisme de l’école MODART International présentent un défilé de fin de cycle. Pour cette édition 2023-2024, il s’est tenu au sein de l’espace hybride Le Yoyo, au cœur du Palais de Tokyo.
Le show est le fruit d’un travail collaboratif entre plusieurs écoles du réseau SKOLAE auquel appartient MODART International. Il rassemble 25 établissements d’enseignement supérieur privés et environ 22 000 étudiants répartis dans 11 villes. Quatre domaines d’études sont ciblés : le management, le numérique, le design et les médias, avec des spécialisations dans le jeu vidéo, la mode, le luxe et le web.
Si les créations qui foulent le podium sont évidemment made in MODART, les press kits distribués au public ont été en partie réalisés par les étudiants de l’EFET Photographie. Les apprenants de l’ESIS se sont consacrés à la bande sonore du défilé. L’animation des réseaux sociaux avec les vidéos de promotion de l’évènement a été effectuée par les futurs diplômés de l’ECITV.
Nouveauté cette année : le campus MODART Lyon participe pour la première fois au défilé. L’année prochaine, ce sera au tour du campus de Lille de rejoindre le bal.
La concrétisation d’un travail « intense »
« Toute l’année, le travail des étudiants a été intense. On leur a demandé de travailler sur 6 silhouettes. Je les ai vus arriver dans les ateliers dès 8 h pour les quitter parfois à 23 h. » Ce sont par ces paroles qui forcent l’admiration que Marie Cherifi, la directrice de l’école, ouvre le défilé.
De son côté, Célina Bailly, directrice artistique de MODART International, souligne l’originalité des créations de cette édition : « Cette année, les étudiants ont beaucoup de caractère et ils sont engagés. Ils ont puisé à l’intérieur d’eux-mêmes, de leur histoire et de leur culture pour présenter des collections très personnelles, avec des messages forts, en lien avec notre société. » Esthétiques classiques, modes urbaines et sportswear, clins d’œil à l’univers marin ou japonais : les créations présentées se veulent riches et variées.
Avant d’accéder à l’étape finale du défilé, les apprentis stylistes-modélistes ont présenté leurs pièces devant un jury fin mai, composé de professionnels du secteur mode et luxe. Ils étaient issus de Printemps, Céline, Louis Vuitton, Maison Kitsuné, Lemaire, A.P.C, Courrèges, Monoprix ou encore Balmain. L’occasion pour les étudiants d’être « jugés, jaugés et appréciés » par des experts avec qui ils ont pu échanger, précise la directrice.
Dans le cadre du concours annuel « Styliste en herbe » (SEH), trois élèves de terminale étaient également de la partie. L’objectif : proposer à l’école un dossier créatif autour d’un thème : « Proportions & Volumes » cette année. Une fois leur dossier sélectionné, les lycéens retenus créent des looks en immersion dans l’école, lesquels sont présentés au côté des créations des troisièmes années, lors du défilé de fin d’année. En jeu : la première année offerte au sein de MODART International.
Coralie, la gagnante 2024 a proposé un ensemble de costumes pour homme, rouge et noir. « Pour ma tenue, je me suis inspiré des talons Louboutin. La chemise est entièrement réversible avec un côté entièrement rouge. »
Plusieurs prix remis aux jeunes créateurs
Lors de la soirée, plusieurs étudiants ont vu leurs efforts récompensés avec des prix. Le Prix Design Textile et Métier d’Art, qui récompense le travail sur la matière, a été remis à Dilara Simo. « Caryatid », sa collection, rappelle les statues de la Grèce antique. « Avec les éléments de cassure et de craquelure, je voulais mettre en avant la situation des femmes, souvent perçues pour ce qu’elles sont à l’extérieur et pas à l’intérieur », explique la jeune femme. Sa pièce maîtresse : une longue robe blanche bustier, de style sirène, avec du plâtre et des marbreries.
L’étudiante, retrouvée dans les coulisses après le show, se dit « encore en bug ». « C’est stressant de montrer ce qu’on fait parce que c’est une partie de soi », dévoile-t-elle.
Le Prix Accessoire a été décerné à Murillo Torres de Sousa — ancien lauréat du concours SEH — pour sa collection « Seasonal Madness ». Un projet qui mêle mode alpine et streetwear, en proposant des silhouettes très colorées : rouges, jaunes et bleues.
Le Prix Coup de Cœur revient à Enzo Marzelleau, pour sa collection « Premier Amour ». « Il s’agit tout d’abord d’une ode à ma grand-mère qui m’a transmis cette passion pour la mode. J’ai voulu rendre hommage aux trésors du passé avec des matières anciennes comme de l’organdi (mousseline de coton) ou encore des dentelles du XIXe siècle », explique-t-il.
Le Prix du Jury, décerné à l’étudiant ayant obtenu la meilleure note lors du jury final de fin mai, a été attribué à Sixtine Martinez, pour sa collection « Emotional Digest ». Marie Cherifi a tenu à mettre en avant l’implication de l’étudiante : elle a présenté 8 silhouettes devant le jury au lieu des 6 requises. Sa collection met à l’honneur la forme « hourglass » — ou « silhouette en 8 », initialement féminine — pour les hommes, grâce au port de corsets, par exemple.
Enfin, le public en présentiel et en distanciel, sur les réseaux sociaux, a pu voter et remettre le Prix du Public à Leonardo de Michelis. L’étudiant issu d’un cursus en école de commerce est arrivé à MODART International en troisième année. Sur 880 votes au total, il en a recueilli environ 180. « En une année, il a réussi à fournir un travail incroyable. Comme quoi les, réorientations, ça fonctionne », s’amuse la directrice.
« Je me suis principalement inspiré du roman 1984 de George Orwell. J’ai puisé dans les thèmes de l’uniformisation et du totalitarisme, en prenant leur contre-pied. Le tout transmet un message d’espoir et qui encourage à montrer sa singularité », explique l’étudiant pour sa collection « Sui generis » qui propose des uniformes de style militaire, d’école et de travail revisités.