Les établissements du supérieur décident de claquer la porte. Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk en 2022 et le changement du nom — baptisé X — et du logo l’été dernier, plusieurs écoles et universités ont annoncé leur mise en veille de la plateforme.
Ces modifications de l’ancien réseau social à l’oiseau bleu ont conduit à de nouvelles décisions éditoriales, notamment l’arrivée de la pastille bleue payante et de nombreux licenciements, dont des modérateurs de la plateforme.
Les universités dénoncent la « propagation de fake news » et de « contenus haineux, illicites et violents »
Suite à ces décisions, les facultés quittent X, chacune leur tour. L’université Rennes II a ouvert le bal dès la fin de l’été 2023, en suspendant son activité. « L’évolution éditoriale de ce réseau social contraire aux valeurs de notre établissement qui a fait de lutte contre les discriminations et les violences une priorité, nous inquiète », avait affirmé la fac.
Le 17 octobre dernier, l’université Aix-Marseille avait indiqué, dans un communiqué, son choix de se retirer du réseau social. « En se retirant du code européen des bonnes pratiques contre la désinformation et modifiant ses règles de modération, X est devenu un lieu de propagation de fake news, de contenus haineux, illicites et violents », explique la structure universitaire.
Notre université, par sa politique socialement engagée, place au cœur de ses actions le bien-vivre ensemble, le respect et la lutte contre toutes formes de discrimination et de haine. Fidèle à ses valeurs, Aix-Marseille Université a donc décidé de suspendre son activité sur X. ⬇️ pic.twitter.com/NVQAg8KUEb
– Aix-Marseille Université (@univamu) October 17, 2023
Dans la foulée, d’autres établissements ont suivi, avec les mêmes arguments. L’université Jean Moulin Lyon III, le 17 novembre, dénonçait ainsi « la propagation sans limites des discours de haine et à la violence » et a arrêté de publier des contenus. Puis, la faculté bordelaise, Bordeaux Montaigne, qui avait signalé « le harcèlement et les échanges violents », a décidé de suspendre son compte le 12 décembre, après 13 ans de bons et loyaux services.
La dernière en date, l’université Picardie Jules-Verne, invite la communauté estudiantine à privilégier les autres canaux de communication pour suivre leurs actualités : Facebook, Instagram et LinkedIn.
Nous mettons en veille notre compte X/ex-Twitter.
Plus d’informations ci-dessous ⤵️ pic.twitter.com/e0kbfc72GH
– Université Bordeaux Montaigne (@UBMontaigne) December 12, 2023
Les écoles privées rejoignent le mouvement
Les universités ne sont pas les seules à cesser leurs activités sur le réseau social racheté par Elon Musk. Les écoles privées, comme Sciences Po Toulouse ou Centrale Nantes, ont pris le même chemin. « On veut tirer la sonnette d’alarme », expliquait le directeur de l’IEP toulousain, Eric Darras, dans un entretien à La Dépêche.
Le compte X (Twitter) de Centrale Nantes se met en pause.
Suite aux différentes évolutions apportées sur X ces derniers mois, Centrale Nantes ne publiera plus sur ce réseau.
Retrouvez-nous sur les autres réseaux.
– Centrale Nantes (@CentraleNantes) September 26, 2023
« Que Sciences Po Toulouse se retire de X ne va pas empêcher Elon Musk de dormir, et on ne fait pas cela de gaieté de cœur », a-t-il poursuivi. Pour lui, la modération est « essentielle » et les « propos racistes ou révisionnistes ne sont pas des opinions, ce sont des délits. Comme disait Hannah Arendt, les mensonges préparent et précèdent la violence ». À noter que les autres IEP continuent à publier sur la plateforme.
Si les écoles quittent X au compte-goutte, il en va de même pour les enseignants-chercheurs ainsi que certains défenseurs de l’environnement. Pour dénoncer les « dérives » et certains « discours complotistes », de la plateforme, un collectif de lutte contre la désinformation avait rédigé une tribune dans Le Monde en octobre dernier. Ces derniers appelaient à faire une « grève du tweet », le #NoTwitterday, pendant 24 heures.
Reste à savoir si d’autres établissements et professionnels du sup’ vont suivre le même chemin. Enfin, le nouveau réseau social de Meta, Threads, est disponible en Europe depuis plus d’une semaine. S’imposera-t-il comme une alternative à Twitter pour les acteurs de l’enseignement supérieur ?