Une plateforme centralisée qui regroupe tous les diplômes nationaux de master. C’est l’objectif de Mon master, le dispositif créé par le ministère de l’Enseignement supérieur cette année. « Les candidatures sont simplifiées pour les candidats au même endroit (…) c’est une efficacité d’affectation des places beaucoup plus importantes que les années précédentes », a rappelé Anne-Sophie Barthez, directrice de l’enseignement supérieur lors d’une conférence de presse ce mercredi 21 juin 2023.
Mais le lancement de la plateforme a connu son lot de rebondissements. Des fausses notes visibles et répétées, ce qui n’a pas été sans conséquences pour les 209 207 candidats inscrits. Tandis que les premiers résultats d’affectations tombent ce vendredi, les inquiétudes sont de mise.
Un mail annonçant les résultats d’admission envoyé par erreur
C’est probablement le problème technique qui a donné le plus de sueurs froides aux candidats. Dimanche dernier, ces derniers ont reçu un courriel qui annonçait les premiers résultats d’admission en master, en avance. Le syndicat l’Union étudiante a rapidement relayé l’information sur les réseaux sociaux, avant de prévenir qu’il s’agissait bien d’une erreur.
🔴 MON MASTER
Le MESR confirme une erreur quant aux dates annoncées ce matin à l'ensemble des candidat•es.
Cette erreur est grave et renforce le stress et la sélection subis par les étudiant•es.
Nous exigeons une création massive de places et une phase complémentaire. pic.twitter.com/8Ia5EzrOaf
— L’Union Étudiante (@unionetudiante_) June 18, 2023
Face à cette situation, les étudiants concernés sont mitigés. « Je n’ai pas eu de réaction réellement négative ou positive », indique Lilia, étudiante de 20 ans en troisième année de licence cinéma à Strasbourg. « Mais ce n’est pas très sérieux venant d’une plateforme qui est censée décider de notre avenir, ça peut brouiller les esprits », ajoute-t-elle.
« Au début, j’y croyais. Je me disais que ça n’avait pas de sens de nous faire attendre aussi longtemps », admet Emmanuel, en L3 de droit à l’université de Tours. « Selon moi, c’est la faute du ministère. Un plus grand professionnalisme aurait évité ce faux espoir ».
De son côté, Soledan, en troisième année de licence mathématiques dans la région parisienne, s’est réjoui de l’annonce prématurée, avant de déchanter. « Il vaut mieux avoir des résultats tôt pour trouver la perle rare et j’ai été déçu et frustré de voir que ce n’était qu’une “erreur humaine” », affirme-t-il.
Une « erreur humaine ». C’est ce qu’a évoqué le ministère, dans un communiqué, en expliquant que le début de la phase d’admission, outre les formations en alternance, est bien fixé au vendredi 23 juin. Un couac de plus, qui vient s’ajouter à la longue liste des soucis rencontrés par les étudiants depuis l’ouverture du site en février dernier.
Problèmes techniques et manque de fluidité
L’e-mail d’erreur a eu des allures de déjà-vu pour les étudiants. Depuis son lancement en janvier dernier, les couacs se sont succédés sur la plateforme. Nombreux sont les candidats qui ont rencontré des difficultés pour se connecter et n’ont pas pu saisir correctement leurs vœux sur Mon Master.
« Le site a été saturé au lancement de la plateforme et j’ai mis quelques jours avant de pouvoir y accéder », se souvient Fatouma, étudiante en science politique à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. « Certaines étapes étaient superflues. Il fallait rentrer les notes une à une pour chaque semestre et donner les résultats pour certaines matières en lien avec le master, alors que les relevés étaient mis à disposition », poursuit-elle. « J’ai eu beaucoup de chance, car je n’ai pas eu trop de problèmes informatiques, mais le plus pénible c’était vraiment le manque de fluidité sur la plateforme », indique de son côté Lilia.
Les responsables pédagogiques ont aussi constaté certains couacs. Le ministère explique que certains enseignants se sont plaints d’un temps long pour télécharger les dossiers sur la plateforme, mais se veut toutefois rassurant. « Ils ont bien pu récupérer toutes les pièces qui avaient été téléchargées par les étudiants et faire comme d’habitude leur travail d’examen de ces candidatures », précise Anne Sophie Barthez, avant de poursuivre : « Nos retours sont plutôt bons, nous n’avons quasiment pas eu d’alerte des établissements ».
Une phase d’admission redoutée, à l’approche du jour J
Avec ces couacs et bugs techniques qui ont suscité la critique chez les étudiants, l’approche des résultats — officiellement, cette fois — en fait frémir plus d’un. « Je redoute fortement les jours de résultats, je ne pense pas que la plateforme tiendra le choc », confie Soledan, qui a émis des voeux en master mathématiques dans plusieurs universités de l’Hexagone.
La jeune strasbourgeoise ne cache pas non plus son appréhension. « Ce qui me fait le plus peur, c’est de ne pas être prise là où je fais déjà mes études, mais le pire des cas serait de n'être prise nulle part », raconte-t-elle. Si elle n’a aucune réponse positive, Lilia songera à se réorienter ou retenter sa chance l’année suivante.
Pour rappel, contrairement à sa petite sœur Parcoursup, Mon Master n’est pas doté de phase complémentaire. Un choix assumé par le ministère. « On attend de voir comment se déroule cette première phase d’admission », indique la directrice de l’enseignement supérieur. « Si l’on considère que c’est utile et ça permet de manière efficace de traiter le résiduel, on évoquera cette mise en place. Ce n’est pas dans les tuyaux, mais on ne se l’interdit pas ».
Mais pour les candidats de cette année, cette étape supplémentaire n’aurait pas été de refus. « Je regrette une phase complémentaire, oui. Cela aurait été beaucoup plus rassurant d’en avoir une »,avoue Fatouma.
Emmanuel, qui s’est inscrit en M1 droit international, une filière en tension, se dit rassuré d’être au moins accepté dans son établissement d’origine. « Je m’intéresserais de près aux recours administratifs et contentieux dans le cas où je n’ai aucune réponse positive, mais je suis d’avis qu’une phase complémentaire aurait été en effet plus pratique », conclut-il.