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L'enseignement du jeu vidéo à distance

L’enseignement du jeu vidéo à distance ?J’enseigne le jeu vidéo (Game Design et Game Art) depuis plus de 20 ans, et travaille dans ce secteurdepuis 30 ans
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L'enseignement du jeu vidéo à distance

L’enseignement du jeu vidéo à distance ?

J’enseigne le jeu vidéo (Game Design et Game Art) depuis plus de 20 ans, et travaille dans ce secteur

depuis 30 ans. Aujourd’hui, avec le recul de 8 mois d’enseignement à distance, je me sens prêt à

écrire sur cette expérience, et sur ce qui m’a poussé à rassembler autour de moi un collectif de

professionnels du secteur pour proposer des formations à distance. En fin d’article, je me permettrai

aussi de vous faire part de ma vision de l’évolution de l’enseignement du jeu vidéo sur la base de

nouvelles formes d’apprentissage (cours tutorés, à distance en live…).

Une nuit blanche

A la veille du confinement, j’ai vite compris que des cours théoriques de GD, à distance, poseraient

des problèmes. J’avais déjà commencé à diminuer mes cours théoriques en faveur d’une approche

plus technique, et il me restait encore quelque cours à revoir, notamment ceux de Game design

orienté Game Concept, ou encore de rédaction du GD. Cette nuit blanche passée à refaire mes cours

m’a fait prendre conscience d’une chose : lors du basculement de cours théoriques vers la pratique,

chaque séance adaptée s’articulait toujours autour de 3 phases d’enseignement (conception,

expérimentation, rédaction). Le plus dur étant de trouver des exercices techniques se substituant aux

cours théoriques de Game Design (un support tel que le moteur de jeu Unreal Engine 4 m’a offert la

solution).

Le temps du confinement

Depuis une dizaine d’années, j’échange des « tutos », des articles, ou encore des techniques avec

trois ou quatre amis de la profession. Le confinement a augmenté la fréquence de nos échanges

d’informations et les a rapidement transformés en mini-cours entre nous. De fil en aiguille, nous

avons créé un Cloud pour ranger nos infos, et presque fixé des heures pour nos cours.

Fort de ce constat, je me suis dit qu’il serait intéressant de proposer nos cours à un public plus large.

J’ai donc proposé à mes amis de créer un collectif de formation à distance, chaque intervenant ayant

une totale liberté sur son programme (durée des cours, temps de la formation, et même le prix). Je

leur demandais seulement d’enseigner leur métier et de cibler leurs cours pour des apprenants dans

la même situation qu’eux, à savoir perpétuellement motivés. Ils ont répondu présent.

Les cours à distance : une pédagogie différente ?

Clairement oui : la distance, le contexte des cours du soir et le fait que chaque session comporte peu

d’apprenants, change tout. Le volume de connaissances à assimiler à chaque cours est très élevé,

l’apprenant est placé dans une situation d’urgence, et cela ne peut convenir qu’a un public très

motivé.

En effet, si l’apprenant manque de motivation, ce type de formation est un échec pédagogique et

une dépense inutile, dans la mesure où il a peu de temps pour se ressaisir, en cas de perte d’énergie.

Le coût d’acquisition

L’acquisition des apprenants coûte cher, et c’est un problème que rencontrent tous les centres de

formation, ainsi que beaucoup d’écoles privées. Un investissement en publicité est nécessaire, et le

prix des formations s’envole souvent quand on rajoute ce budget aux frais fixes de l’établissement.

Déterminer un prix des formations qui ne soit pas rédhibitoire n’est possible qu’en limitant au

maximum les frais fixes. Par ailleurs, opter pour une modulation des tarifs à chaque session en

fonction du coût d’acquisition est un exercice difficile, au niveau comptable, et difficilement

acceptable pour les apprenants. Pourtant, je pense que c’est une solution valable qui pourrait

s’imposer avec le temps.

Si je me permets de vous faire part de mes idées, c’est dans un but très simple : si des formateurs

lisent cet article, et qu’ils ont une source de revenu principale qui n’est pas trop chronophage, je leur

conseille de suivre notre démarche. Je pense qu’il y a encore pas mal de place, en termes de cours à

distance, que ce soit dans le secteur du Jeu vidéo, du Motion Design ou encore du Concept art 2d ou

3d…

En définitive, plus nous serons nombreux à proposer des formations, plus nous pourrons collaborer

intelligemment : on doit penser « partenariat/complémentarité » et pas « concurrence ». On peut

facilement concevoir des cours de logique de programmation destinés à des apprenants qui suivent

une formation de modélisation 3d (je fais référence à l’évolution des softs 3D tels que GraphN de

Polygonflow). Par conséquent, les centres de formations/formateurs indépendants pourraient

échanger davantage afin de croiser les besoins des entreprises (métiers) et proposer des formations

complètes reflétant en temps réel l’évolution rapide des technologies au sein de ces métiers. Dans

l’intérêt des apprenants et de leur future employabilité, ce système agile me semble fondamental.

L’acquisition de connaissances qualitatives, pour l’apprenant, au cours de sa formation, est

primordiale. Mais malheureusement, elle est souvent insuffisante, face à la concurrence en présence

au moment de la recherche d’un stage. Il y a 10 ans, pour rentrer dans une école de jeu vidéo, le

portfolio présenté par le candidat lors des sélections était déterminant car il démontrait sa

motivation et son engagement personnel. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas dans beaucoup

d’établissements. Quand l’apprenant sort d’une école de jeux vidéo sans portfolio de travaux

personnels, il peut vraiment avoir du mal à trouver un stage. La sélection d’après le portfolio

personnel s’est reportée de l’école vers l’entreprise, chaque entreprise cherchant le petit « plus » de

connaissances (transversales ou spécifiques) qui prouve la motivation et l’investissement personnels

du candidat.

La fin des formations classiques ?

Je ne le pense vraiment pas ! L’évolution technologique implique des formations en présentiel, je

pense notamment à la production virtuelle (écran LED) ou à la réalité augmentée (TV). Ces nouvelles

activités exigent des infrastructures qu’aucune école à distance ne peut encore égaler.

De plus, si les apprenants veulent prendre leur temps pour « tester » plusieurs métier (animateur,

modeleur, texture artiste), et qu’ils veulent un diplôme, ils devront suivre impérativement une

formation longue. En outre, l’un des points forts, selon moi, qu’offrent les formations longues, ce

sont les échanges liés à la vie d’étudiant après les cours. Une collocation d’étudiants en Game design

où l’on débat toute la nuit autour d’un concept, ou des étudiants en art 2d ou 3d qui passent leur

week-end à tester des techniques pour créer un brouillard volumétrique, cela vaut de l’or.

Pour conclure

Le nombre d’écoles en présentiel va se réduire (même si ce n’est pas la tendance actuelle) et seules

resteront celles qui savent investir régulièrement dans du matériel très high-tech, tout en maîtrisant

leurs investissements afin que le prix de leurs formations ne s’envole pas.

Le nombre de formations à distance va augmenter rapidement. Je pense même que certaines écoles

en présentiel basculeront vers un enseignement à distance : elles offriront un enseignement annexe

ou spécifique (de niche) en parallèle à leurs formations 100% présentielles.

Les apprenants suivront des formations dans plusieurs établissements (voire même en parallèle),

selon l’évolution de leurs métiers et leurs possibilités financières. Leur formation s’étalera sur une

période bien plus longue qu’aujourd’hui, et alternera les phases d’apprentissage (alternance, 100%

en présentiel, cours tutorés, en live …) et d’emploi, et parfois un mélange des deux.

Manuel Ruiz Dupont

Formateur à Pixelacademia.com

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