Emmanuel Macron souhaite supprimer l'ENA

L'information a été dévoilée le 16 avril 2019 : le président de la République a pour projet de faire disparaître l'ENA (École nationale d'administration), dont il est lui-même issu. Quelles sont les raisons de cette décision et que va-t-il advenir de cet établissement mythique ? On fait le point.
Mis à jour le / Publié en avril 2019
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Emmanuel Macron souhaite supprimer l'ENA

« Nous avons besoin d’une élite, de décideurs. Simplement, cette élite doit être à l’image de la société et être sélectionnée sur des bases exclusivement méritocratiques ». C’est en ces termes qu’Emmanuel Macron devait justifier son envie de supprimer l’École nationale d’administration, si l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris n’avait pas brutalement annulé son allocution prévue lundi 15 avril 2019 au soir. Les flammes ont eu beau passer sous silence cette bombe dans le secteur de l’enseignement supérieur, cette dernière n’a pas tardé à filtrer dans les médias et notamment dans Le Figaro dès le lendemain.

«L'élite doit être à l’image de la société et être sélectionnée sur des bases exclusivement méritocratiques»

Ainsi, le président de la République française souhaite fermer les portes d’un établissement aujourd’hui quasi légendaire, l’ENA, alors même qu’il est issu des bancs de cette école, qu’il a côtoyés de 2002 à 2004. Lors de l’élection présidentielle en 2017, le candidat Macron a justement été décrié entre autres pour son statut d’énarque, faisant de lui un pur « produit du système » aux yeux de certains. À l’époque, le futur chef de l’État défendait alors becs et ongles son institution d’origine, affirmant que « l’ENA, ce n’est pas un moule, c’est un moule pour qui veut le devenir ».

Pourtant, force est de constater que quelque chose cloche à l’ENA, un quelque chose qui a été largement souligné par nombre de citoyens français lors du grand débat national de ces dernières semaines : l’école serait un véritable théâtre de l’entre-soi, faisant la part belle aux grands de ce monde pour laisser les moins bien nés de côté. De façon générale, il est reproché au système éducatif français et à l’enseignement supérieur de ne pas favoriser la méritocratieet l’égalité des chances, pour se retrouver au final avec des décideurs tous issus des mêmes classes sociales.

Aussi, il a été démontré par plusieurs études que l’école, qui devrait être un vecteur d’équité, avait au contraire tendance à accroître les écarts entre les différents habitants d’un même pays. Par exemple, un rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) en 2016 a prouvé que quand les jeunes en difficulté scolaire avaient vu leur niveau baisser au fil des années, les bons élèves, eux, devenaient meilleurs de façon croissante. 

L’École nationale d’administration fait justement partie des établissements au sein desquels la mixité sociale est loin d’être une réalité, même si son accès se fait sur concours. Cet établissement fondé en 1945 et basé à Strasbourg accueille chaque année dans ses rangs de futurs hauts fonctionnaires de l’État. Problème, ces derniers appartiennent pour leur immense majorité à une élite sociale certaine, comme l’a démontré l’étude «L’ENA ou 70 ans de paradoxe » du directeur de recherche au CNRS en 2015. On y lit que la proportion d’élèves ayant un père CSP+ est passée de 45 % dans les décennies 50-60 à 70 % entre 2005 et 2014. Des données qui viennent mettre à mal des chiffres diffusés par l’école mercredi 17 avril pour sa défense, jouant sur la part de boursiers dans les effectifs, ainsi que les origines sociales « lointaines » des élèves. 

Dans la promotion actuelle de l’# ENA 26 % d’élèves boursiers de l’enseignement sup.14 % d’élèves petits-enfants d’ouvrier 9 % petits-enfants d’agriculteur 12 % petits-enfants d’artisan ou commerçant 12 % petits-enfants d’employé 56 % d’élèves ont fait leurs études secondaires en région

— ENA France (@ENA_fr) 17 avril 2019

Si cette inégalité des chances ne semblait pas déranger l’actuel chef de l’État jusqu’à présent, il semblerait donc que désormais la donne ait changé. Nul doute que les récents mouvements populaires en France ont pu contribuer à faire bouger les choses, en convainquant Emmanuel Macron de revenir sur ses positions. Une autre raison pour laquelle l’établissement vivrait ses dernières heures serait son instabilité financière et ainsi le coût qu’il représente : en octobre 2018, le directeur de l’école avouait au Figaro et aux Échos un « déficit structurel de 1,8 million d’euros depuis sept ans ».

Mais alors, que va devenir l’ENA ? Les propositions ont été nombreuses depuis plusieurs années, la plupart tournant autour de la refonte de l’institution pour en créer une nouvelle à caractère différent, telle qu’une école des services publics par exemple comme l’a déjà évoqué François Bayrou notamment. Les prochains mois pourront sans aucun doute donner plus de détails sur l’avenir d’un presque-ex-école mythique.

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