L’ensemble de la communauté mahoraise est éprouvée. Le 14 décembre dernier, le cyclone tropical Chido a frappé Mayotte de plein fouet. Cinq jours après, l’état de catastrophe naturelle a été déclaré pour l’ensemble des 17 communes de l’archipel.
En plus d’un bilan humain lourd, de nombreuses infrastructures ont été détruites, laissant l’ensemble des habitants dans une situation d’extrême précarité et d’incertitude. La tempête Dikeledi, survenue hier après s’être abattue sur le nord de Madagascar, a achevé de précariser les habitants de Mayotte, en inondant les quelques villages qui avaient été épargnés après Chido.
Mercredi 8 janvier, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a présenté le projet de loi d’urgence pour Mayotte en Conseil des ministres. L’objectif : « la mise en œuvre très rapide de mesures urgentes pour faciliter l’hébergement et l’accompagnement de la population, ainsi que la reconstruction ou réparation des infrastructures et logements sinistrés. »
La commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale doit examiner le projet de loi à partir d’aujourd’hui, afin qu’il soit adopté par le Parlement, puis promulgué. Lundi 13 janvier 2025 marque aussi le coup d’envoi du versement de l’aide exceptionnelle destinée aux étudiants mahorais, d’un montant de 300 euros. Ce coup de pouce d’urgence a été annoncé par Elisabeth Borne, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le 5 janvier dernier.
300 euros pour tous les étudiants mahorais boursiers et non boursiers
« Cette nouvelle aide exceptionnelle sera versée à l’ensemble des étudiants mahorais, boursiers et non boursiers, étudiants à Mayotte ou partout ailleurs sur le territoire national », précisait le communiqué de presse. « Dans un contexte économique et psychologique particulièrement éprouvant pour ces étudiants, cette aide vise à leur permettre de faire face à des dépenses ponctuelles non prévues et à renforcer leur autonomie à l’égard de leurs familles déjà très mobilisées par la gestion de la crise dans l’archipel. »
Un total de près de 9 000 étudiants mahorais est concerné. Dans le détail, ce sont environ 3 500 étudiants à Mayotte et 5 500 hors de l’archipel — dont 1 500 à la Réunion — qui doivent pouvoir bénéficier de ce dispositif. Les étudiants boursiers n’ont aucune démarche à réaliser : les Crous procèderont au paiement de l’aide, à partir de ce lundi.
Pour les non-boursiers, c’est également aujourd’hui que s’ouvre la campagne de demandeen ligne pour bénéficier du versement de l’aide de 300 euros. Certaines pièces justificatives sont à prévoir afin de bien formuler sa demande :
- Son certificat de scolarité,
- Un justificatif de domicile des parents vivant à Mayotte
- Un RIB à son nom
Des services de l’État mobilisés et des tollés
Les Crous se mobilisent de plusieurs façons pour soutenir la communauté d’étudiants mahorais. Plusieurs lignes d’écoute ont été partagées afin d’assurer un soutien psychologique anonyme et gratuit, comme celles du service NightLine.
Les infrastructures de télécommunications de l’archipel restent gravement endommagées, avec une remise en service compliquée. Fin décembre, le Premier ministre, François Bayrou, annonçait le déploiement de 200 terminaux Starlink — la société d’Elon Musk — à Mayotte. Le principal opérateur télécom présent sur l’île, Orange, n’a pas tardé à réagir, déplorant un manque de reconnaissance, ainsi qu’une entorse à la souveraineté numérique.
Elisabeth Borne a, elle aussi, été vivement critiquée, notamment à la suite de la diffusion d’une vidéo dans laquelle elle semble tout bonnement tourner les talons face à deux enseignants qui l’interpellent. « Depuis 15 jours, dans tous les bidonvilles ici, personne n’est venu », reprochait Yann Pagan, professeur d’EPS à Kawéni, à la ministre lors de sa visite de l’archipel, le 30 décembre dernier.
Antoine Pacienza, conseiller principal d’éducation, dénonçait quant à lui la difficulté pour tous de se rendre jusqu’aux points des distributions alimentaires : « 5 kilomètres à pied en plein cagnard [jusqu’à Mamoudzou] et 5 kilomètres retour, c’est 10 kilomètres sans eau et sans nourriture ». La ministre, à son tour, a dénoncé une séquence tronquée. « Je quitte cette séquence parce que je suis attendue et que je suis en retard », se défendait-elle, sur le plateau de BFM TV.
Le maintien de l’alerte rouge jusqu’à ce soir
Mayotte est maintenue en alerte rouge jusqu’à ce soir, suite au passage de la tempête tropicale Dikeledi. Si aucun décès n’est à déplorer selon les annonces, hier soir, de Manuel Valls et du préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, des pluies et inondations spectaculaires ont touché l’archipel.
Le préfet craint deux phénomènes majeurs : le ruissellement des eaux de pluie, des hauteurs vers la côte, qui peut entrainer des « inondations importantes », ainsi que des « pluies très importantes » dues à la mousson. De son côté, Météo France alerte sur le risque de phénomènes de submersions, au moment des marées hautes, ce lundi.