C’était une promesse de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, dès l’été 2021 : une année scolaire 100 % en présentiel, avec un retour à la normale dans tous les établissements d’enseignement supérieur et sans distanciation sociale.
Une mesure globalement respectée dans les grandes écoles et les universités. Mais avec la cinquième vague du Covid-19, qui continue de proliférer en France et l’arrivée du variant Omicron, assiste-t-on à une nouvelle fermeture généralisée des établissements ?
À Aix-Marseille, l’université a décidé de fermer ses portes
En cette période de fêtes de fin d’année, les écoles supérieures et les universités ferment petit à petit leurs portes pour les vacances scolaires. Pour endiguer au mieux l’épidémie, certains établissements ont pris de l’avance et annoncé le retour des cours à distance. C’est le cas, par exemple, de l’Université Aix-Marseille (AMU). Le président, Éric Berton, a annoncé que tous les enseignements, cours magistraux comme TD, seront en distanciel pour les deux premières semaines de janvier. L’AMU est l’une des plus grandes facultés de France, avec près de 80. 000 étudiants inscrits.
RENTREE 2022 | @Eric__Berton annonce les mesures sanitaires @univamu des 2 premières semaines de janvier : cours magistraux et TD à distance, reprise des dispositifs d’accueil pour les étudiants en fracture numérique, les évaluations seront en présentiel https://t.co/8j4wwjEqIkpic.twitter.com/Sb4J7KMG7K
— Aix-Marseille Université (@univamu) December 13, 2021
« Nous avons décidé de passer les cours magistraux et les travaux dirigés en distanciel pour les 15 premières journées de janvier afin de libérer de l’espace pour pouvoir faire les examens en présentiel avec des espacements entre les étudiants qui seront garants d’une sécurité accrue dans cette période de pandémie », assure-t-il, expliquant qu’il s’agit d’une décision « préventive ». Les travaux pratiques, les stages en entreprise en laboratoire et certains cursus de la faculté de sciences seront toujours en présentiel.
Contactée par Diplomeo, l’université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (UPEC) précise de son côté ne pas avoir mis en place de nouvelles modalités d’enseignement à ce jour. « Au sein des différentes composantes, les responsables pédagogiques et les enseignants organisent plusieurs solutions d’enseignement en fonction des cours (TD, TP, cours magistraux) afin de permettre aux étudiants de suivre leurs cursus au mieux et garantir ainsi leur réussite » ajoute la faculté.
Quant aux écoles spécialisées, elles continuent à maintenir leurs cours en présentiel dans l’attente de nouvelles mesures du ministère de l’Enseignement supérieur.
Comment les étudiants vivent-ils le retour des cours à distance ?
L’histoire se répète encore. Avec les cours à distance qui pendent au nez des étudiants depuis maintenant plusieurs jours, comment se préparent-ils ? Témoignages.
Julie* est actuellement en bachelor 3 en Marketing digital à l’EMCD, école de marketing et création digitale à la Défense. Son école a déjà décrété le retour du distanciel depuis plusieurs semaines, pour éviter de développer des clusters et limiter l’épidémie. « En tout début d’année, l’école nous a dit qu’on ferait du 100 % présentiel » confie-t-elle, « mais là nous sommes obligés de rester chez nous ».
Ayant repris ses études à la rentrée, c’est donc sa première expérience de cours à distance. Bien qu’elle apprécie le fait de ne plus prendre les transports tous les jours, elle se retrouve vite dépassée. « Ce n’est pas plus simple d’apprendre à distance non plus, car je peux facilement être déconcentré par autre chose. Quand je suis en présentiel, le prof est en face de moi et le cours est plus clair. Sur Zoom, tout le monde se coupe la parole, c’est désorganisé » explique Julie.
Théo*, interne en radiologie, effectue un DU (Diplôme Universitaire) en parallèle à la Sorbonne. Il a, contrairement à Julie, le choix de suivre ou non ses cours à distance. « J’arrive à me concentrer pendant très longtemps à la fac, mais chez moi c’est impossible ». Le jeune homme n’a pas d’espace dédié dans son appartement pour travailler, il suit donc ses cours sur sa télévision. « Mais sans interaction humaine je n’y arrive pas, ce n’est pas du tout la même motivation ». À l’approche des examens du premier semestre, Théo craint de ne pas pouvoir assimiler toutes les connaissances nécessaires en distanciel. « On ne garde pas aussi bien les informations aussi longtemps que si ça se faisait au fur et à mesure, comme à l’université ».
Pour Anaïs*, étudiante en master journalisme-communication à HEIP, les cours se déroulent toujours en présentiel, une mesure qui ne semble pas être au goût de tous. « Après avoir constaté que certains élèves de Sup de Pub (autre école du même groupe) sont passés en distanciel, certains élèves de ma classe ont manifesté vouloir la même chose », alerte-t-elle, avant de poursuivre : « La classe a été divisée à ce sujet, il a donc été décidé d'un apprentissage hybride, mais c’est une solution temporaire. L’administration n’a pas l’air très emballée par les cours à distance, pas plus que nos profs ».
L’étudiante, grande habituée de l’école à distance même avant la pandémie, accueille plutôt bien la décision de l’apprentissage hybride, notamment pour limiter les chances d’attraper le Covid-19. « Je précise que plusieurs personnes de ma classe nous ont déclaré être cas contact et venaient quand même en cours », martèle-t-elle.
Avec une reprise épidémique forte, un enseignement à distance est donc préconisé, au même titre que le télétravail chez les salariés. Entre incompréhensions, difficultés à se mettre au travail, fatigue et contraintes, ces derniers redoublent d’efforts pour se concentrer lors de la continuité pédagogique. Rappelons que pendant le premier confinement, 19 % des jeunes avouaient avoir du mal à suivre les cours en ligne et 17 % d’entre eux ont trouvé qu’ils n’étaient pas faits pour l’enseignement à distance, selon notre sondage.
*Les prénoms ont été modifiés
