Précarité, difficulté pour se loger ou se sustenter : une nouvelle étude souligne les conditions de vie de la communauté estudiantine à partir de la rentrée 2023. Dans son enquête, l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) dresse un constat préoccupant pour les étudiants.
En effet, depuis la crise sanitaire liée au Covid-19, les difficultés persistent pour les étudiants en termes de précarité. Selon l’OVE, 19% des étudiants déclarent avoir eu des difficultés. Ils ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins de base. Néanmoins, il existe une forte disparité selon l’origine sociale des apprenants.
Des conditions d’études liées aux inégalités sociales
En 2023, 64% des personnes interrogées se déclarent satisfaites de leurs études. Néanmoins, ce chiffre “est influencé par les difficultés d’ordre scolaire”. 88% des étudiants qui n’ont pas de difficultés scolaires sont satisfaits de leur cursus contre 58% pour ceux qui en ont déjà rencontré.
Des bancs de l’école à l’entrée dans la vie active, l’origine sociale plombe encore les inégalités
Concernant la filière, les sondés issus de milieux moins favorisés sont plus enclins à ne pas être satisfaits de leur formation actuelle que ceux issus des classes supérieures. Si 28% des jeunes de première année affirment ne pas être inscrits dans leur cursus favori, ce chiffre grimpe à 35% pour les Sections de techniciens supérieurs (STS) et seulement 15% pour les classes prépas. L’OVE révèle que l’on retrouve plus de jeunes issus des classes sociales populaires en BTS. Pour les élèves inscrits en prépa, c’est l’inverse.
6 jeunes défavorisés sur 10 se sentent incapables d’obtenir une licence
De même, l’enquête montre que les enfants d’ouvriers sont moins nombreux à vouloir entamer de longues études que ceux issus des classes supérieures. 65% des jeunes issus de milieux défavorisés souhaitent prolonger leurs formations “au-delà” du bac+4, contre 90% des étudiants aisés.
3 étudiants sur 10 ont besoin d’une aide alimentaire
L’Observatoire de la vie étudiante s’est intéressé aux conditions financières des étudiants, dans un contexte de précarité étudiante plus que jamais d’actualité. 9% des sondés confient avoir recours à une aide alimentaire. Celle-ci peut prendre plusieurs formes : banque alimentaire, restos du cœur, bon d’achat du CROUS ou encore épicerie solidaire.
Comment bénéficier d’une aide alimentaire à Paris et en Ile-de-France ?
Dans le détail, 17% nécessitent d’aides alimentaires, mais n’en ont pas fait la demande, tandis que “le refus d’octroi” pour accéder à une épicerie solidaire ou une autre aide pour se nourrir concerne 2% des sondés. Au total, 28% des interrogés affirment avoir besoin d’une aide alimentaire.
Ces chiffres témoignent d’une précarité étudiante très marquée : 19% des sondés avouent leurs difficultés financières pour subvenir aux besoins du quotidien, pour l’alimentation, mais aussi pour payer le loyer et les factures de gaz et d’électricité. 32% des étudiants ont été “au moins une fois” à découvert, quand un quart d’entre eux évoquent des fins de mois “difficiles ou très difficiles”. Lors de la rentrée 2023, 12% ont vécu un impayé relatif aux factures.
Travailler à côté de ses études s’avère vital pour les étudiants interrogés
Avec une précarité étudiante et des difficultés financières importantes, le job étudiant est jugé indispensable selon l’OVE. Ils sont 60% à le penser. Dans les faits, 44% des étudiants ont opté pour un emploi en parallèle de leurs études (hors stages en entreprise). Un quart d’entre eux indiquent que, sans ce job étudiant, ils ne seraient pas en mesure de suivre des études.
Ici encore, l’activité rémunérée montre “des réalités très contrastées” pour la communauté estudiantine. Tandis que 9% sont en alternance et 10% ont un emploi en lien avec leur domaine d’étude, 25% en occupent un qui n’est pas lié à celui-ci. Ces postes “peuvent être scindés, selon leur intensité et leur régularité”, à savoir :
- 18% exercent une activité rémunérée occasionnelle (moins d’un mi-temps)
- 4% ont une activité non-liée aux études (à mi-temps et moins de 6 mois/an)
- 3% ont une activité non-liée aux études (à mi-temps et plus de 6 mois/an)
41% des étudiants issus de milieux moins favorisés sont obligés d’occuper un job étudiant contre 25% de ceux issus de familles aisées travaillent à côté de leurs cours. Puis, 33% estiment que leur emploi est une “source de stress et de tension nerveuse”, quand 19% admettent que leur travail a un “impact négatif” sur leurs résultats académiques.
Difficulté pour se loger et conditions dégradées
Pour le logement aussi, le compte n’y est pas. Dans un contexte de marché locatif tendu, trouver son nid relève du parcours du combattant pour les étudiants sondés. L’enquête précise qu’à l’âge de 18 ans, la moitié des jeunes vit encore chez ses parents tandis que le pourcentage de personnes interrogées qui quittent le domicile familial atteint 75% à partir du 23ème anniversaire.
Outre la difficulté de se loger, le coût du loyer joue beaucoup. 30% des étudiants se plaignent d’un loyer trop élevé. Évidemment, le prix varie selon la situation géographique : 636 euros en moyenne à Paris, 567 euros et 489 euros respectivement en petite et en grande couronne et 413 euros en moyenne en France.
Enfin, le mal-être étudiant et l’épuisement restent très marquants pour la communauté estudiantine : 60% d’entre eux déclarent se sentir épuisés en permanence ou très souvent. “ Trois ans après la crise, on assiste donc à une augmentation” (+13 points), révèle l’étude. Les plus touchés à la fois par les difficultés de logement et la santé mentale sont les étudiants issus de familles défavorisées et les étudiants étrangers.