Les soirées d’intégration organisées par les établissements d’enseignement supérieur sont-elles sans danger ? Pas si sûr, si l’on en croit un nouveau rapport publié ce lundi 16 septembre 2024 par l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le supérieur.
Intitulée « Derrières les Rites Étudiants : Enquête sur les événements d’intégration dans l’Enseignement supérieur français », cette étude souligne « un état des lieux précis et détaillé » des VSS, des discriminations et du bizutage qui peuvent survenir lors de ces soirées d’inté. L’Observatoire des VSS a interrogé près de 4 000 étudiants qui ont intégré une école ou une université de l’Hexagone entre 2022 et 2024.
VSS : seulement 12 % des victimes signalent les faits à leur établissement
Un sondé sur 3 victime ou témoin de VSS lors des événements d’intégration
Souvent organisés à la rentrée, les événements d’intégration sont incontournables dans les établissements d’enseignement supérieur. La plupart du temps, ce sont les bureaux des étudiants (BDE) des écoles et des universités qui proposent ces événements. Ces derniers peuvent prendre la forme d’une soirée, d’un week-end — les fameux WEI — voire s’étaler sur plusieurs jours.
L’intégration présente de nombreux avantages pour les néo-étudiants, afin de rencontrer ses nouveaux camarades de promo, se faire des amis, développer son réseau et découvrir la vie étudiante.
Les événements festifs « jouent un rôle essentiel dans la socialisation » de la communauté étudiante, confirme l’enquête : 71,7 % des sondés ont déjà participé à des journées d’intégration. Toutefois, si ces événements offrent des atouts, ils ne sont pas sans risques, selon les personnes interrogées.
Ainsi, un peu plus de la moitié des répondants considère que l’intégration « est un terrain propice » aux VSS. Plus inquiétant encore, 1 étudiant sur 3 a été victime ou témoin« d’au moins » une violence sexiste et sexuelle lors de ces événements.
VSS lors des événements d’intégration : des chiffres alarmants selon l’enquête
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Bizutage, violences et binge drinking importants
Qui dit soirée, dit consommation de boissons alcoolisées. La surconsommation d’alcool est l’un des “principaux facteurs aggravants” des VSS pour la moitié des étudiants interrogés. Les hommes sont plus enclins à pratiquer le binge drinking que les femmes. 17,7 % des sondés “soulignent l’importance des dynamiques de pouvoir de hiérarchie entre les promotions”.
Cela concerne notamment le bizutage, une pratique répandue lors des soirées d’inté, qui consiste à commettre des actes considérés comme humiliants ou dégradants. Le plus souvent, ce sont les anciens étudiants qui imposent ces pratiques aux néo-bacheliers. “Ces dynamiques exacerbent la vulnérabilité des nouvelles· aux étudiant·es, alors que le cadre festif des événements, perçu comme ‘hors du temps’, favorise un climat d’impunité des auteur·es de violences”, peut-on lire dans l’enquête.
11 % des répondants affirment avoir été victimes de bizutage, en particulier “les étudiant·es de milieux sociaux défavorisés ou en situation de handicap”. Conséquence : 8,5 % des personnes interrogées “déclarent avoir ressenti de la peur de se rendre dans leur établissement ou dans un environnement étudiant”, à cause du bizutage.
Les établissements ne condamnent pas suffisamment les VSS
Les étudiants interrogés estiment que les écoles ne prennent pas à bras le corps ces problématiques. Seulement 1 sondé sur 3 estime que son établissement “prend des mesures suffisantes” sur les violences sexistes et sexuelles. Par ailleurs, 54,7 % des répondants “pensent que les auteur·es de violences ne sont jamais puni·es”.
Pourtant, nombreux sont les établissements qui mettent en place des dispositifs pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Des mesures considérées inefficaces pour les personnes qui ont répondu à l’enquête. “Près de 20 % jugent les cellules d’écoute inefficaces, et 28,7 % expriment des doutes quant à l’efficacité des chargé·es de mission Égalité et Diversité”, affirme l’Observatoire des VSS. Selon ce dernier, l’insuffisance de connaissances sur le sujet, au même titre que le manque de moyen humain et financier sur ces thématiques en seraient la cause.
Lutter contre ces phénomènes inquiétants, cela passe selon les sondés par un changement “des processus d’intégration”. Il ne s’agit pas de tirer un trait sur ces événements, mais d’insister “sur la prévention, la formation des organisateur·rices, et une plus grande implication des établissements pour créer un environnement inclusif et sécurisé”.
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