L’intelligence artificielle est déjà en train de bousculer notre quotidien et celui des entreprises. Maîtriser cette technologie est devenu incontournable et l’EFAP l’a bien compris. Dans son MBA DMB (Digital Marketing & Business), les étudiants de cette école spécialisée dans la communication et le marketing sont tous formés aux IA.
Mais, alors que cette technologie évolue de plus en plus rapidement et qu’elle transforme en profondeur tous les pans de la société, comment apprendre aux étudiants à maîtriser ces outils ? Est-ce vraiment nécessaire pour exercer un métier dans l’univers du commerce ou du marketing digital ? Vincent Montet, fondateur et directeur du MBA DMB de l’EFAP, et Flavien Chervet, entrepreneur, conférencier et auteur d’Hyperprompt, nous éclairent.
« Il faut dompter l’IA pour garder son métier »
C’est en s’intéressant à la philosophie de l’esprit et à sa simulation que Flavien Chervet s’est tourné vers l’intelligence artificielle, il y a environ 10 ans. « Je me suis rendu compte que cet objet incroyable allait changer le monde », se souvient-il. Guidé par sa volonté de vulgariser et démocratiser le sujet auprès du grand public, il a rapidement organisé des rencontres puis rédigé des manuels autour de cette thématique : Hypercréation et Hyperprompt.
Flavien Cherveet, auteur d'Hypercréation et d'Hyperprompt
Dans le même temps, il a inspiré un professionnel de l’enseignement supérieur, Vincent Montet, dans l’intégration de cette thématique au sein du MBA DMB de l’EFAP. Pour le directeur de la formation, il n’y avait pas d’autre choix que d’intégrer l’IA dans les programmes : « dans le marketing digital, l’intelligence artificielle est déjà présente depuis 10 ans, avec les algorithmes de prédiction dans l’emailing ou la big data. »
Mais ce qui a fait la bascule dans l’esprit de ce formateur, c’est un événement anodin : « En 2016, quand l’IA de Google a battu le champion du monde de jeu de go, nous avons compris que la technologie était arrivée à maturité pour bousculer nos métiers. Aujourd’hui, il faut dompter l’IA pour garder son métier. » Un avis que partage Flavien Chervet. Selon lui, ne pas maîtriser l’IA, c’est risquer d’avoir « une employabilité moins bonne. Rapidement, travailler sans l’intelligence artificielle sera difficile ».
Maîtriser l’IA, un devoir citoyen ?
L’auteur d’Hyperpompt va plus loin dans son analyse. Il en est persuadé, les technologies qui arrivent seront bien plus puissantes que celles qui existent. « Nous sommes au stade de bac à sable. Utiliser des systèmes d’intelligence artificielle va permettre de sentir le pouls de la société. Les jeunes d’aujourd’hui seront les gouvernants et les dirigeants de demain. Ne pas comprendre l’IA sera dangereux pour notre société. »
Vincent Montet partage lui aussi cet avis. Pour lui, les enjeux de l’intelligence artificielle dépassent le cadre même du monde du travail. « On peut voir les implications géopolitiques de cette technologie, avec la loi européenne sur l’IA, par exemple. C’est un tsunami et il faut former des citoyens et des managers qui maîtrisent ces outils. » Le MBA DMB apporte une réponse à ce besoin : l’éthique.
Former des éthiciens de l’intelligence artificielle
L’éthique est présente dans toutes les composantes du programme et encore plus fortement dans les cours dispensés autour de l’IA. « Nous voulons que nos étudiants soient des hyper mécaniciens, qu’ils puissent tout regarder de haut pour prendre du recul. C’est cette gymnastique intellectuelle que nous leur apprenons », indique le directeur du programme.
Vincent Montet, fondateur et directeur du MBA DMB, vice-président de l’ACSEL
Pour les sensibiliser aux enjeux de l’intelligence artificielle, les étudiants de l’EFAP vivent plusieurs temps forts durant leur formation. Nouveauté de la rentrée 2024 : ils profiteront de l’Intelligence Hackathon, un événement qui vise à mieux appréhender les atouts de cette technologie. Concrètement, trois groupes devront travailler sur le même projet grâce à divers outils, avant de mettre leur travail en commun :
- Le groupe 1 travaillera avec un accès illimité à internet, sans possibilité d’utiliser le moindre outil d’IA générative – de type ChatGPT
- Le groupe 2 évoluera uniquement avec l’IA
- Le groupe 3 devra réaliser ce projet à partir de polycopiés, de feuilles de papier et de crayons, le téléphone sera interdit
Des experts pour former les futurs experts de l’IA Bien que le hackathon enseigne la puissance de l’IA, il ne permet pas d’en saisir les limites. Pour cela, un visionary day est organisé régulièrement pour tous les étudiants et les diplômés de l’école. Au programme ? Des tables rondes avec des personnalités du secteur pour évoquer l’avenir de cette technologie, sa dimension éthique ou écologique. Vous pouvez encore disposer du replay de l’intervention en janvier dernier de l’un des plus grands philosophes encore vivants, Edgar Morin. |
Des opportunités boostées à l’IA pour les étudiants de l’EFAP
Taper une requête sur ChatGPT ou travailler quelques jours sur un projet avec l’aide de ces outils ne fait pas des étudiants des professionnels de l’IA. « Il y a un effet de mode qui met en avant des technologies comme ChatGPT, mais cela demande une vraie expertise derrière », observe Flavien Chervet.
Former les étudiants à l’IA, c’est aussi les former à l’après, aux autres technologies basées sur cette innovation qui viendront bousculer notre quotidien. À l’EFAP, Vincent Montet demande à ses étudiants de produire un article noté sur 15. Les 5 points restants sont attribués à une note méthodologique qui permet de décortiquer l’usage de l’IA à travers quatre thèmes :
- Comment j’ai utilisé cet outil pour être créatif ?
- Comment l’intelligence artificielle m’a-t-elle permis d’organiser mes idées ?
- Comment le contenu a-t-il été produit ? Quel type de prompt ai-je utilisé ?
- Quels ont été les biais et hallucinations de l’IA ? Ai-je été surpris de la réponse de l’outil ?
Au total, une vingtaine de notes permettent de former « des managers hyperactifs avec l’IA. Cela permet de prendre du recul sur ce que l’on produit, sur la manière dont l’IA fonctionne et d’être plus transparent vis-à-vis des limites de l’outil », précise Vincent Montet.
Sans surprise, de superbes opportunités s’offrent à ceux qui maîtrisent cette technologie. « Les prompt engineers sont très recherchés », constate Flavien Chervet. « Une annonce a même été publiée pour ce poste, proposant un salaire de 300 000 dollars l’année. »
Cette technologie est aussi source d’évolutions professionnelles au sein de toutes les entreprises. « Après avoir intégré une société dans le conseil en innovation, l’un de mes anciens étudiants a commencé à ajouter des briques d’IA un peu partout dans l’entreprise », se souvient l’auteur d’Hyperprompt. « Résultat, un an après son arrivée, on lui proposait déjà un poste haut placé dans l’entreprise. Maîtriser l’IA est une compétence qui permet d’évoluer très rapidement. »
L’IA comme assistant professeur pour les étudiants de l’EFAP
Au sein de l’école, l’IA n’est pas présente qu’au travers d’un cours dédié puisque, dès la rentrée 2024, cette dimension irriguera tous les enseignements du MBA DMB. Une master class sur le thème de la transformation digitale permet d’imaginer le futur de l’intelligence artificielle, avenir qui se dévoile aujourd’hui dans les solutions offertes aux étudiants. « Notre site intranet propose consignes et syllabus. Nous avons créé un outil d’IA qui permet aux étudiants de poser des questions simples sur la date de rendu de thèse, par exemple. Il va ensuite chercher la réponse tout seul dans les documents », explique le directeur du MBA.
Ce compagnon boosté à l’intelligence artificielle pourrait, à terme, aider les étudiants en difficulté. « C’est un excellent pédagogue qui est bienveillant et empathique. Il est reconnu pour son efficacité auprès de publics dyslexiques, par exemple », souligne Vincent Montet.
Aujourd’hui, les étudiants de l’EFAP semblent être ravis des possibilités en termes d’IA que propose leur école, tant dans les formations que dans l’accompagnement. « Ceux qui sont en stage nous remercient. Ils nous disent que, grâce à nous, ils cartonnent auprès des équipes et qu’ils avancent plus rapidement », indique le directeur du MBA DMB.
Pour Flavien Chervet, ceux qui maîtrisent l’IA ont toutes les clés en main pour façonner le monde de demain. « L’intelligence artificielle nous pousse à davantage utiliser notre créativité et notre sensibilité. Cela permettra de concevoir un monde plus beau, plus prospère et plus équilibré que celui qui a été créé par nos parents. »