Lutte contre la précarité étudiante, Parcoursup ou encore réforme des bourses… La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, a détaillé les objectifs et les missions de la rentrée scolaire 2022-2023 lors d’une conférence de presse ce jeudi 15 septembre.
Dès le début de sa prise de parole, la ministre a souhaité mettre l’accent sur les étudiants et leur réussite.« Les actions menées pour assurer les conditions de la réussite des étudiants et des étudiantes sont notre priorité, afin d’être au rendez-vous des défis d’aujourd’hui et de demain », a-t-elle affirmé.
Parcoursup : des améliorations pour l’année à venir
Ce vendredi 16 septembre 2022 marque la fin de la phase complémentaire de Parcoursup. Les candidats qui n’ont pas encore été affectés à une formation ne peuvent désormais plus formuler de vœux sur la plateforme d’orientation. Face aux vives critiques et inquiétudes de la communauté éducative et des élèves, la ministre a indiqué que des améliorations seraient apportées dans les parcours personnalisés.
- 2 994 400 étudiants attendus (+ 25 500)
- 1 540 000 étudiants à l’université (hors IUT, -0,1 %, soit 1100 de moins)
- 81 200 étudiants en classe prépa (-2,6 %, soit 2200 en moins)
- 243 500 en école de commerce, de gestion et de vente (+5,8 %, soit 18 300 en plus)
- 160 100 en école d’ingénieurs (+1,3 %)
« Parcoursup fonctionne » mais la plateforme peut être davantage améliorée. La ministre a souhaité rassurer : « J’entends le stress des élèves et des familles. Nous travaillons avec le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, pour progresser sur l’orientation et les informations apportées aux candidats, les critères de choix des dossiers, la période d’attente ».
En outre, depuis le lancement de la plateforme, il y a eu un élargissement de l’offre de formation en passant de 13 000 formations en 2018 à 21 000 formations cette année. La mobilité étudiante s’est accrue, portée par l’aide de mobilité de Parcoursup de 500 euros.
La ministre de l’Enseignement supérieur a confirmé la tenue des épreuves de spécialité du baccalauréat en 2023. Elles auront lieu en mars prochain. Ainsi, les notes des élèves de terminale à ces épreuves seront prises en compte dans les dossiers de candidature des élèves pour Parcoursup.
Précarité étudiante : une rentrée difficile, sur fond d’inflation et de flambée des prix
L’année universitaire est marquée par une précarité étudiantetoujours plus importante et renforcée par l’inflation, qui a atteint 5,9 % en août 2022. Pour rappel, la FAGE (Fédération des Associations générales étudiantes) a dressé un constat alarmant dans son indicateur annuel, avec une hausse du coût de la rentrée à 2 527 euros (pour un étudiant non boursier) et des frais de la vie courante à 1 219 euros.
La ministre de l’Enseignement supérieur a réagi. « Je suis consciente des difficultés » a-t-elle assuré, tout en rappelant les mesures gouvernementales pour aider les étudiants : la revalorisation des bourses sur critères sociaux, le gel des frais d’inscription de rentrée pour la troisième année consécutive et du repas à 1 euro du CROUS pour les étudiants boursiers.
Réforme des bourses : un premier chantier pour octobre 2022
Sylvie Retailleau a annoncé une concertation nationale sur la réforme des bourses avec les représentants des étudiants et les CROUS, à partir du mois d’octobre 2022. Il s’agit d’une réforme pour définir les aides financières pour les étudiants qui entrent dans l’enseignement supérieur.
"Je vous annonce donc ce jour le lancement de 2 chantiers: 👉une concertation nationale sur la réforme des bourses (menée avec l’ensemble des personnalités et organisations impliquées sur ces sujets de vie étudiante)👉des échanges territoriaux sur la vie étudiante" #Rentrée2022
— Sylvie Retailleau (@sretailleau) September 15, 2022
Face à la précarité étudiante qui gagne du terrain, « nous irons plus loin », a-t-elle souligné. « Cette concertation doit reposer sur un travail d’objectivation du système actuel pour construire un nouveau modèle ». La ministre souhaite travailler sur ce point pendant toute l’année universitaire afin qu’une première partie de la réforme soit mise en place à la rentrée 2023.
BUT : plus d’élèves issus du bac techno et un renforcement de l’apprentissage
La réforme du DUT, initiée en 2019, qui est devenu le Bachelor universitaire de technologie (BUT) en trois ans post-bac au lieu de deux, accueille cette année sa deuxième promotion d’étudiants. Sylvie Retailleau se réjouit et rappelle que ce diplôme accueille « très largement » les bacheliers technologiques et est « entièrement décliné par une approche par compétences ».
Pour la ministre, les objectifs du BUT sont les suivants :
- Permettre aux élèves issus d’un bac technologique de poursuivre leurs études supérieures
- Il doit être un diplôme qui soit professionnalisant, reconnu par l’acquisition des compétences reconnues et recherchées par le monde professionnel
- Il doit répondre aux besoins des entreprises et former des techniciens à bac+3
En ce qui concerne le premier cycle (licence, BTS, BUT), la ministre veut en faire son dossier prioritaire. « Il faut former aux métiers d’aujourd’hui et de demain et professionnaliser les études, dans la même veine que les BUT », a-t-elle précisé.
L’objectif du ministère pour les études supérieures est de « permettre à nos étudiants de choisir le métier qu’ils veulent exercer, en les informant au mieux des besoins du marché du travail, pour leur garantir une bonne insertion ».
Grâce à la formation tout au long de la vie, la ministère souhaite renforcer l’accès au droit à la reprise d’études. « Les parcours ne doivent plus être exclusivement linéaires, nous allons réaliser un travail sur la VAE, mais aussi sur l’apprentissage, avec l’aide du ministère du Travail ».
De même, la ministre souhaite accompagner les établissements sur le développement de la formation continue et faire des efforts sur l’orientation des étudiants. En première année, des passerelles seront formalisées pour les licences, les BUT et les BTS.
Une plateforme pour l’entrée en master mise en place pour 2023
C’est probablement l’annonce qui était la plus attendue. Sylvie Retailleau a annoncé la création d’une plateforme nationale pour faciliter l’accès en première année de master.
« Après concertation, la mise en place a été annoncée pour 2023 »,a-t-elle exprimé. « Ce sera un guichet unique de dépôt des dossiers de candidature, de consultation des propositions d’admission et d’allocations des places et de réponses des candidats ».
Face à l’augmentation du nombre d’étudiants sur le carreau qui se voient refuser l’accès en master, le but est d’améliorer le service rendu en étudiant et de rendre la procédure de recrutement plus fluide. Ces derniers ne seront plus confrontés à une multitude de modalités de recrutement « qui varient d’un établissement à un autre ». Désormais, il y aura un « calendrier commun national unique de réponses aux candidats » et une plus « grande efficacité » du dispositif.
Ce sont les commissions pédagogiques des établissements du supérieur qui examineront leurs candidatures. Ainsi, l’étudiant sera au cœur de la procédure et la plateforme permettra aussi de redistribuer les places laissées vacantes par les candidats qui ont accepté d’autres propositions d’admission. Il s’agit, pour la ministre, de « construire une solution nationale et durable pour entrer en M1 ».