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La mobilité est-elle encore essentielle pour les étudiants ? 

La transformation digitale et l'urgence climatique remettent en question un élément jusqu’ici fondamental de la vie étudiante: la mobilité. Si elle est parfois obligatoire, est-elle pour autant essentielle ? Deux ans après l’apparition de la Covid, Diplomeo a mené l’enquête !
Mis à jour le / Publié en juin 2022
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La crise sanitaire est-elle le pire cauchemar de la jeunesse ? Une chose est sûre, cette épidémie a le « mérite » d’avoir recentré les jeunes sur ce qui est réellement important. En outre, elle a obligé l’ensemble du corps enseignant à repenser son approche pédagogique. De ce fait, les grandes écoles affichent une volonté de rapprochement vis-à-vis des territoires. Comment se manifeste t-elle ? En favorisant la mobilité par le déploiement de campus similaires qui permettent de démarrer sa scolarité dans une certaine ville et de la terminer dans une autre. Tout est fait pour que les étudiants aient le plus de choix possible.

Économie, qualité de vie, maintien du lien social… Et si rester chez ses parents n’était pas si mal ?

« Lutter contre la métropolisation » en créant plusieurs écoles d’enseignement supérieur depuis quelques années, c’est l’objectif que le groupe Y Schools s’est donné. La directrice de la formation initiale, Séverine Nomdedeu, atteste d’une hausse d’inscriptions dans certaines villes moyennes, depuis l’arrivée de la Covid : « La demande de mobilité internationale n’a été pas si importante que cela, car la Covid a recentré les jeunes sur leur terre, sur l’essentiel. » Cet attachement aux racines  serait davantage présent chez les néo-bacheliers d’après les différents responsables éducatifs interrogés.

Les plus jeunes ont-ils davantage besoin de proximité et de lien social ?

Selon Séverine Nomdedeu, il y a eu un vrai et profond besoin de revenir en classe et de recréer une vie étudiante après les périodes de confinement, car c’est, entre autres, pour vivre cette expérience que l’on devient étudiant. « Se déplacer dans une grande ville pour y étudier est souvent une dépense considérable, puisque l’attractivité de la ville va de pair avec son coût. », affirme-t-elle. Des propos confirmés par Benjamin Morisse, directeur général adjoint de l’ESSCA : « Proposer une offre de proximité peut avoir un effet rassurant pour des personnes qui ont 17, 18 ans juste après le bac, ainsi que pour leurs familles. Cela peut aussi avoir un effet bénéfique sur la modération des frais. »

Offrir une formation de très haute qualité au cœur et au service des territoires, c’est la philosophie de l’ESSCA, école multicampus depuis trente ans. En couvrant 90 % du territoire français métropolitain à moins de trois heures de route, l’école de management rassure les familles les plus perplexes. « Les élèves de première année ne veulent pas de cours en ligne, ils veulent du présentiel, ils veulent être accompagnés, la relation sociale est très importante pour eux. », souligne Anne-Ségolène Abscheidt, directrice académique du réseau Eductive. Les écoles du réseau ont constaté une augmentation des inscriptions au niveau national, qui est néanmoins beaucoup plus marqué en région. « On voit un net attrait chez les nouveaux bacheliers à rester sur le territoire des parents, des attaches personnelles, surtout quand ils savent qu’ils pourront changer de campus à n’importe quelle étape de leur formation. », poursuit-elle.

« La richesse de la France, c’est aussi ses territoires », Anne-Ségolène Abscheidt, directrice académique du réseau Eductive

L’uniformisation des programmes est un point commun à de nombreuses grandes écoles de commerce et permet aux inscrits de n’avoir ni rupture pédagogique ni échec scolaire, qu’ils étudient à Marseille ou à Orléans. Toutefois, cette mobilité nationale n’est pas une obligation et peut se manifester en deuxième, troisième, quatrième ou dernière année d’études supérieures. En effet, les petites et moyennes villes semblent désormais compétitives au niveau de l’emploi : « Ils préfèrent rester chez eux plutôt que de s’endetter à payer un 15 m² sur Paris, alors qu’ils ont leur alternance à proximité », reprend la directrice académique. « On voit bien l’intérêt des étudiants à apprécier des villes où il fait bon vivre », comme Reims qui est une « ville sympathique » ou Aix-en-Provence, la « ville étudiante ensoleillée ». Il est donc compréhensible que certains puissent préfèrent passer l’après-midi à la plage plutôt qu’entre quatre murs.

Étudier ? Oui, mais pas à n’importe quel prix ! Pour Anne-Ségolène Abscheidt, le message est clair : « Beaucoup d’étudiants se sont rendu compte que la mobilité nationale n’est pas si essentielle que cela finalement. Ce n’est pas la même chose de suivre une prépa à Paris et à Nantes, mais chacune de ces villes a son charme. La richesse de la France, c’est aussi ses territoires et c’est notre stratégie. », rappelle-t-elle.

La reconquête des territoires dans le viseur des grandes écoles

Les écoles qui constituent Eductive aspirent à être au plus proche des besoins des territoires, ainsi qu’à entrer en synergie avec les stratégies de développement des bassins d’emploi qu’elles intègrent. Ces 12 établissements comptent 85 % d’alternants et proposent les mêmes formations sur tout l’Hexagone, rendant par conséquent la mobilité plus accessible. Mais y a-t-il vraiment un intérêt à créer des campus dans des villes de tailles moyennes ? Absolument, selon la directrice académique : « Reims, comme beaucoup de villes de taille moyenne aujourd’hui, a un écosystème de start-up qui consiste à déplacer des sièges de grands groupes sur la ville. Parce que finalement, il fait bon vivre et même les familles ont beaucoup plus envie d’y habiter. »

« Les gens sont contents quand ils arrivent à trouver ce qu’ils ont envie d’étudier à proximité de leur domicile », Anne-Ségolène Abscheidt

Anne-Ségolène Abscheidt explique le rôle d’accompagnateur qu’ont les établissements du supérieur dans la stratégie de développement et de croissance des villes. Aussi, les bassins d’emploi les plus importants jusqu’ici qu’étaient Paris, Lyon et Lille, ne feront plus d’ombre aux communes plus modestes. Chacune de ces villes a des particularités, des ambitions de développement. « Notre mission est d’accompagner les entreprises en formant les jeunes talents qui vont venir rejoindre les équipes », appuie-t-elle avant de conclure : « Les gens sont contents quand ils arrivent à trouver ce qu’ils ont envie d’étudier à proximité de leur domicile. »

Quid des pouvoirs publics ? Les présidents de communauté de communes ou de la métropole n’auraient qu’une seule chose en tête selon nos témoignages : faire venir de grosses sociétés, des écoles dans la région et donner de l’emploi. Côté étudiant, l’engouement se fait également ressentir. Pour exemple, au sein du réseau Eductive, à Reims, les étudiants sont passés de 350 à 600 à la rentrée dernière, pour enfin atteindre le chiffre de 1  000 à la rentrée prochaine, d’après les données de la direction. Concernant l’implantation nationale, la variable démographique semble être un élément décisif pour les établissements de grande envergure : « À la rentrée 2022, nous ouvrirons un campus à Strasbourg, car il y a beaucoup plus d’étudiants entrants que sortants de l’académie, ce qui signifie un certain potentiel», indique le directeur général adjoint de l’ESSCA.

Et la mobilité internationale dans tout ça ? Lorsqu’elle est encore très prisée par la majorité des écoles, voire exigée à un certain niveau, d’autres ont fait le choix de n’en faire qu’une option. Parmi les six établissements d’enseignement supérieur du groupe Y Schools, figure l’école internationale du management et de l’entrepreneuriat à Yaoundé au Cameroun. Ce type de cursus binational permet aux étudiants français qui le souhaitent de découvrir un autre pays et vice-versa. Séverine Nomdedeu précise que les perspectives d’embauche post-formation sont meilleures pour les étudiants camerounais qui ont un diplôme français reconnu par le ministère de l’Enseignement supérieur. « C’est une vraie plus-value sur leur CV », stipule-t-elle.

La mobilité internationale : une condition pour être diplômé !

À l’EM Normandie, la mobilité internationale est obligatoire pour les étudiants en dernière année du PGE (Programme grande école). Du simple échange académique avec des universités partenaires au double diplôme, tout est mis en œuvre pour une expérience réussie à l’étranger. Il en est de même pour l’ESSCA.

L’école de commerce d’Angers propose une vingtaine de doubles cursus et dispose de huit campus, dont six en France et deux à l’international. «Les programmes PGE et Bachelor se concluent par une ou deux années de spécialisation et les étudiants peuvent être amenés à être mobiles pour choisir ces spécialisations », rappelle Benjamin Morisse. L’école a fait en sorte de localiser les spécialités en cohérence avec la « réalité socio-économique locale », ce qui permet encore une fois d’être au plus près des entreprises, selon ses appétences.

« Partir à l’étranger, ça change les gens. Ça les change profondément, culturellement, ça les ouvre au monde », Elian Pilvin, directeur général de l’EM Normandie

Si les campus historiques de l’EM Normandie à Caen et au Havre n’ont pas diminué en termes d’effectifs, « le campus de Paris attire énormément d’étudiants internationaux», nous révèle le directeur général, Elian Pilvin. Cette notoriété permet à l’école de dégager plus de moyens pour investir, d’être plus attractive et de maximiser la notoriété de ses diplômes et donc l’employabilité de ses étudiants. « Chez nous, la mobilité internationale conditionne le diplôme. On n’est pas du tout dans le cadre d’un échange académique, ce qui permet d’avoir des continuités de parcours beaucoup plus qualitatives, puisqu’un étudiant peut changer de campus tous les ans. », assure-t-il.

Anne-Ségolène Abscheidt considère que la mobilité internationale est une expérience qui apporte beaucoup sur un CV et au développement personnel. Cet avis est partagé par Elian Pilvin, pour qui elle est cruciale, « car un étudiant qui reste dans sa sphère familiale, qui n’est pas exposé à d’autres contextes d’apprentissage, qu’ils soient culturels, économiques ou encore religieux, n’a pas le même bagage que celui qui part à vingt ans à l’autre bout du monde. » Le directeur de l’école de commerce normande est affirmatif : « Partir à l’étranger, ça change les gens. Ça les change profondément, culturellement, ça les ouvre au monde, ça change leur logiciel et le paradigme qu’ils ont pour le décoder. »

Bagage culturel, valeur ajoutée sur le marché du travail : la mobilité étudiante internationale semble toujours primordiale aujourd’hui. Pourtant, rester plus près de chez soi au cours de ses études n’est dorénavant plus considéré comme un malus. La notion de « territoires forts » tend à rendre de plus en plus dépassé la mobilité nationale, car qui sait si la ville d’Évian ne sera pas plus attractive que celles de Grenoble ou Saint-Étienne dans quelques années ?

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