Réforme du bac : le grand recul des filles dans les parcours scientifiques

La réforme du bac de 2019 visait à offrir plus de liberté aux lycéens dans leur parcours. Cinq en plus tard, de moins en moins d’élèves choisissent les sciences, et notamment les filles, alerte le Collectif Maths & Sciences qui s’inquiète d’un “recul inédit depuis 25 ans”.
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Des inégalités qui se creusent toujours plus. Cinq ans après la réforme du baccalauréat, le constat est sans appel. Alors que la nouvelle organisation des cours au lycée, en vigueur depuis 2020, visait à offrir plus de liberté aux lycéens dans leurs parcours, la formation scientifique connaît un recul inédit, alerte le collectif Maths&Sciences dans un rapport publié mardi 14 octobre.

Dès le lycée, les filles sont de moins en moins nombreuses à opter pour les maths et les sciences, déplore l’organisme. Conséquence : elles sont moins nombreuses à intégrer des filières scientifiques, qui connaissent par ailleurs une nette chute dans le niveau d’entrée de leurs élèves et qui souffrent d’un manque d’effectif croissant. Une situation contre laquelle il est encore possible d’agir, selon le collectif qui propose des pistes d’amélioration concrètes. On fait le point.

Entre défaillances et renoncements 

Le destin morose des mathématiques

Des inégalités jamais atteintes au lycée depuis plus de 25 ans

Dès la première, les élèves, filles comme garçons, tournent le dos aux mathématiques, constate le rapport. Une baisse qui s’aggrave en terminale : 30 % des garçons et 50 % des filles 0 ne font plus de maths à la fin du lycée. « Les chances d’accès aux maths (…) s’étaient rapprochées de l’égalité en 2019 pour les filles et les garçons. Avec la réforme, les inégalités se sont accrues à des niveaux jamais atteints depuis plus de 25 ans », regrette le collectif.

Une tendance inquiétante qui se confirme plus globalement dans l’évolution des effectifs dans les parcours scientifiques (correspondant aux élèves suivant 2 disciplines scientifiques ou plus en terminale). Depuis 2019, la part des élèves ayant une polyvalence scientifique a chuté : alors que 63 % des garçons et 44 % des filles suivaient 3 sciences en 2018, ce sont 40 % des garçons et 28 % des filles en 2024.

Quelles triplettes scientifiques choisissent les garçons et les filles au lycée ? 

  • la triplette maths /PC/SVT est majoritaire chez les filles (59 % en 2024)
  • les triplettes maths/PC/NSI ou match/PC/SI sont largement majoritaires chez les garçons (seulement 15 % de filles)

Dans le même temps, le nombre d’élèves ne suivant aucune science (sauf 2 h de culture scientifique) a bondi avec la réforme, passant de 50 000 en 2019 à 120 000 en 2024, précise le rapport. Il concerne 41 % des filles et 21 % des garçons en 2024, contre 18 % des filles et 6 % des garçons en 2018. Des chiffres absolument inédits, souligne le document.

Dans le supérieur, une baisse générale des recrutements en filières scientifiques

Cet abandon des maths, devenues un enseignement non obligatoire avec la réforme, a des répercussions sur les élèves. Leur bac en poche, même s’ils ont suivi 2 disciplines scientifiques, ces derniers « n’auront pas de bagage mathématique suffisant pour poursuivre des études scientifiques », déplorent les auteurs du rapport.

En témoignent les chiffres de recrutements des étudiants en école d’ingénieurs :

  • Baisse de plus de 13 % des recrutements provenant des CPGE depuis la réforme du bac
  • Baisse de 4 % des recrutements provenant des classes préparatoires intégrées
  • Baisse de 8 % pour les recrutements universitaires

Sans surprise, l’inégalité entre les filles et les garçons se vérifie une fois de plus : entre 2020 et 2021, 34 % de bachelières en moins étaient inscrites dans un bac à parcours scientifique hors SVT. Cela « présage d’une aggravation des inégalités dans le supérieur », selon le rapport. S’il appelle à réaliser des études complémentaires pour évaluer les pertes d’effectifs de manière précise dans le supérieur, les chiffres permettent de conclure sans l’ombre d’un doute que c’est bien la réforme du lycée qui a conduit à une baisse d’élèves ayant bénéficié d’une formation adaptée s’inscrivant dans ces filières.

« J’aimerais qu’il y ait plus de filles en école d’ingé »

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Des solutions « simples et rapides » pour améliorer le système actuel

Sur la base de tous ces éléments, le collectif met en garde : « tant qu’une remise à plat de l’organisation du lycée n’est pas à l’ordre du jour, les mesures du plan Filles et Maths ne pourront pas corriger les ruptures d’égalité au lycée créées par la réforme de 2019 ». L’organisme perçoit des solutions « simples et rapides », qui pourraient améliorer de façon significative le système actuel.

Parmi elles, plusieurs pistes concrètes se dégagent, telles que :

  • Intégrer 4 h de mathématiques en première pour tous les élèves et adaptées à leurs besoins

  • Garantir un socle scientifique commun en rétablissant la polyvalence scientifique en terminale
  • Permettre des choix encadrés pour limiter les erreurs et garder ouverts les choix d’orientation post-bac.

Des mesures qui permettraient de rétablir un équilibre et de redonner confiance aux élèves — notamment aux filles — dans leurs capacités scientifiques, espère le collectif. « Puissent les politiques publiques s’en emparer et s’engager véritablement dans cette voie », conclut-il.

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