Différents ministres, mêmes objectifs. Le nouveau gouvernement formé cette semaine par Sébastien Lecornu poursuit la même mission que les formations précédentes : faire des économies dans le budget 2026. Dans son viseur : plusieurs prestations sociales, telles que les aides personnalisées au logement (APL), qui bénéficient à de nombreux étudiants.
Dans son projet de loi de finances pour 2026, présenté en Conseil des ministres mardi 14 octobre, l’exécutif a ainsi proposé de ne pas revaloriser ces aides à hauteur de l’inflation (qui était de 1,2 % en septembre) en les maintenant au niveau de 2025. En plus de cette mesure, qui permettrait, selon le texte, d’économiser 108 millions d’euros, le gouvernement propose de supprimer les APL pour une partie des étudiants extra communautaires.
Plus de 300 000 étudiants concernés
Les étudiants non ressortissants de l’UE, de l’espace économique européen (Norvège, Liechtenstein, Islande) ou de la Confédération suisse, et non boursiers, seraient donc privés des APL en 2026, si le projet de budget est validé à l’Assemblée. En clair, le gouvernement cherche à « améliorer le ciblage » de ces aides, qui ne devraient plus bénéficier aux étudiants en mobilité internationale « dont la situation financière personnelle ou familiale est déjà satisfaisante », précise le projet de loi.
Une mesure aux conséquences dramatiques pour les syndicats étudiants, qui n’ont pas manqué de réagir. Selon l’Union étudiante, 300 000 étudiants étrangers seraient concernés. « Ces aides sont pourtant vitales pour ces étudiants qui vivent dans des situations de précarité extrême. Les étudiants étrangers doivent déjà payer des frais d’inscription 17 fois plus élevés que les autres, et n’ont pas accès aux bourses CROUS », rappelle ainsi l’organisation sur X.
Même son de cloche pour Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés. Auprès de l’AFP, le responsable estime que cette mesure, additionnée à d’autres gels et réductions de prestations sociales décidées ces dernières années, touchera « les plus pauvres ». Du côté des étudiants étrangers, il redoute des « milliers et des milliers de situations dramatiques », rappelant que les systèmes de bourse ne sont pas les mêmes à l’étranger et seuls « 2 % à 3 % des 315 000 étudiants étrangers extra communautaires sont boursiers ».
Les débats s’annoncent donc d’ores et déjà houleux pour l’adoption définitive du projet de loi de finance pour 2026 à l’Assemblée, face à un Premier ministre qui s’est engagé à renoncer à l’article 49.3 de la Constitution pour valider ce texte. Lors de sa déclaration de politique générale, face aux députés, mardi, Sébastien Lecornu a prévenu : « je serai intraitable sur notre trajectoire budgétaire ». Son ambition : réaliser 17 milliards d’euros sur les dépenses publiques de l’État.