Depuis plusieurs années, on entend le même discours dans les médias ou dans l’espace public : si le chômage des jeunes est aussi haut, c’est parce qu’on a trop de diplômés de niveau master en France. Une rengaine qui fait son chemin dans l’esprit de tout le monde, mais la réalité est-elle aussi affirmée ? Que disent les chiffres ? Diplomeo s’est penché sur le nombre de diplômes délivrés ces 5 dernières années. Décryptage.
Licence et université : un taux de diplomation qui s’écroule
Alors que le taux de réussite en licence est en baisse continue depuis plusieurs années, un autre chiffre édifiant démontre un désamour grandissant pour l’université. Entre 2019 et 2023 – dernières données communiquées par le ministère de l’Enseignement supérieur –, le nombre de diplômes délivrés au niveau bac+3 a plongé de 14,7%.
Dans le même temps, le nombre de diplômes de master augmente légèrement, nourri par les anciennes promotions de licence. Toutefois, au global, les universités délivrent moins de diplômes en 2023 qu’en 2019, avec une baisse de 4,72%.
Cette chute du nombre de diplômés intervient après une forte hausse survenue post-pandémie. En effet, en cas de crise, les formations sont vues comme une valeur refuge. Néanmoins, la quantité de diplômes délivrés par les établissements publics est bien inférieure à ce que la France a connu avant la crise.
Une baisse qui avantage le secteur privé
Si l’université est à la peine, l’enseignement supérieur privé se porte extrêmement bien. Le nombre de diplômés en France a augmenté entre 2019 et 2023, passant de 858 000 à 915 000, soit une hausse de 6,22%. Une progression qui ne profite donc pas au public.
Dans les universités ou lycées de l’État, le nombre de diplômes délivrés a baissé de 3,3% entre 2019 et 2023. Dans le privé, il a grimpé de 28,8% sur la même période. Promotions plus petites, professionnalisation et alternance, pédagogie par projet… Les promesses de cet univers sont nombreuses et les spécialités proposées aux étudiants le sont tout autant.
Les écoles de commerce et d’ingénieurs tirent leur épingle du jeu tout comme la catégorie « Autres formations ». Ce groupe réunit les établissements spécialisés dans la transition écologique, l’informatique, la mode, etc. Preuve que, désormais, les étudiants n’hésitent plus à suivre leur passion. Un phénomène qui peut aussi trouver son explication dans les différentes crises sanitaires et économiques qui ont frappé la jeunesse française.
Cet effet crise a également pu impacter le choix des filières à l’université. Alors que l’économie et les sciences de gestion ont perdu plus de 33% de leurs diplômés de licence en seulement un an, la santé, elle, attire davantage d’étudiants. Ce chiffre en baisse sur les filières AES est aussi à mettre en regard avec l’augmentation des effectifs dans les écoles de commerce.
Moins de diplômés de licence, des études plus courtes et dans des secteurs plus diversifiés… C’est aujourd’hui ce qui se dessine dans le paysage d’un enseignement supérieur qui réunit de plus en plus d’acteurs différents. On observe donc un nombre plus importants de diplômés, certes, mais qui sont spécialisés dans un domaine précis où on observe souvent des manques, comme l’ingénierie, l’informatique ou le middle management, par exemple.






