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Licence : où réussissent les étudiants et où échouent-ils ?

Selon les données du ministère de l’Enseignement supérieur, les taux de réussite en licence peuvent varier du simple au triple selon la filière ou le profil. Éléments de réponse en infographies !
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40% : c'est le nombre de bacheliers 2020 qui ont obtenu leur licence en trois ou quatre ans. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a dévoilé ses derniers chiffres sur les parcours et la réussite en licence, et ils concernent une cohorte bien particulière : celle qui a obtenu le bac en 2020 entièrement en contrôle continu lors de la crise sanitaire liée au Covid-19.

Pour ces profils, leur parcours universitaire révèle des disparités importantes. Bien qu’ils soient 4 étudiants sur 10 à avoir décroché leur diplôme, les écarts varient entre les disciplines, à savoir la psychologie, le droit, les STAPS ou les langues-lettres. Décryptage des résultats.

Réussite en licence : des écarts importants selon les disciplines 

Dans les statistiques officielles du ministère, la “réussite en trois ans” désigne les étudiants qui obtiennent leur licence sans redoubler. Un indicateur exigeant, qui exclut mécaniquement tous les parcours légèrement plus longs.

Les résultats définitifs de la cohorte 2020 montrent des disparités importantes entre licences. Certaines disciplines résistent mieux que d'autres, mais globalement, la tendance n'est pas au beau fixe.

Le droit et les sciences politiques gardent leur place sur le podium, même si le recul est visible. Le taux de réussite passe de 47,3 % en 2023 à 43,3 % en 2024. Ça reste parmi les meilleures performances.

Concernant la filière sciences et santé, les chiffres suivent exactement la même trajectoire : 48,3 % en 2023, contre 43,2 % en 2024. La psychologie, elle, résiste mieux à la tempête. Avec 46,6 % de réussite en 2023 et 45 % en 2024, elle reste dans le peloton de tête.

Pas mal, surtout quand on sait que c'est l'une des licences les plus demandées sur Parcoursup, avec un afflux record d'inscriptions post-bac et une diversité de profils.

S'ensuit la filière STAPS qui prend un sacré coup. Le taux de réussite dégringole de 46,2 % à 41,9 % en un an. Cette chute confirme une tendance déjà bien installée : des effectifs qui explosent, des classes surchargées et un encadrement qui peine à suivre le rythme. Résultat des courses : des étudiants peuvent être tentés de jeter l’éponge.

Mention, origine, genre : qui sont les champions de la licence ?

L’université n’offre pas les mêmes conditions de réussite à tout le monde. Derrière les chiffres nationaux, on observe de vraies différences entre les étudiants : la mention au bac, l’origine sociale, l’âge ou encore le genre influencent les parcours. Certains décrochent leur diplôme en trois ou quatre ans, quand d’autres avancent plus difficilement.

La mention au bac : quand le lycée décide déjà de l’avenir

Le premier constat, c’est la mention obtenue au baccalauréat. Celle-ci pèse vraiment dans la balance. Selon le ministère, les écarts dessinent des trajectoires très différentes.

Les bacheliers qui ont obtenu la mention "très bien" s’en sortent le mieux avec près de 70 % qui valident leur licence en quatre ans. Ceux qui ont décroché la mention “bien” suivent avec 60,5 % de succès. Pour ces profils, on observe une continuité assez nette entre leurs résultats au lycée et leur adaptation au supérieur.

À partir de la mention "assez bien", on change d'ambiance avec 42,8 % de réussite. Pour ces étudiants, l'université devient un vrai défi, avec un écart plus marqué entre les attentes du lycée et celles du supérieur. L'autonomie exigée en licence (organisation des révisions, gestion du temps, travail personnel intensif) représente souvent un cap difficile à passer.

Pour les mentions dites "passables", les chiffres s’effondrent : 21,7 % de réussite pour le premier groupe, et seulement 8,8 % pour le second. Autrement dit, un étudiant sur dix à peine obtient sa licence en quatre ans.

Ainsi, l'écart est frappant avec 61 points qui séparent une "mention très bien" d'une "mention passable" au rattrapage. Deux parcours, presque deux réalités universitaires distinctes selon le niveau au bac. Ces résultats suscitent une interrogation : l'université permet-elle de combler les lacunes accumulées au lycée ou amplifie-t-elle les écarts existants ?

L'origine sociale : un impact significatif 

Selon le milieu social d’origine, les chances de réussite à l’université ne sont pas les mêmes. Les enfants de cadres caracolent en tête avec 51,3 % de réussite. Ce n'est évidemment pas un hasard : ces familles cumulent souvent plusieurs avantages comme le fort capital culturel, un soutien financier qui évite d’enchaîner les petits boulots et parfois même un logement étudiant.

Derrière eux, les enfants de professions intermédiaires (44,8 %) et d’employés (40,4 %) restent dans la zone “moyenne haute”. Les résultats sont honorables, proches du niveau national, mais les conditions de vie y sont souvent plus difficiles.

Puis, la courbe plonge : les étudiants issus des familles ouvrières descendent à 37,6 %. Déjà, on sent le poids des contraintes économiques et sociales peser sur la scolarité. Travailler pour financer ses études, jongler entre les TD et un job alimentaire, parfois rentrer tard le soir et faire l’impasse sur les révisions… autant d'obstacles invisibles mais que vivent beaucoup d’étudiants. Les familles mixtes employées ou ouvriers chutent encore à 30,2 %. tandis que les familles inactives (chômage, précarité, inactivité) ont seulement 23,8 % de réussite.

Genre et âge : les femmes obtiennent de meilleurs résultats

Sans surprise, les femmes réussissent mieux que les hommes (44,5 % contre 33,8 %). Un écart de plus de 10 points qui s'explique en partie par une plus grande assiduité, une meilleure organisation et globalement de meilleurs résultats scolaires dès le lycée.

Concernant l’âge au moment du bac, c’est-à-dire, le fait d’avoir obtenu son bac “à l’heure” soit à 17-18 ans ou avec un an de retard (19 ans) ou plus ? Les résultats montrent que les étudiants qui n’ont pas redoublé au lycée réussissent mieux (44,3%) que ceux qui ont leur bac avec un an de retard (22,9%) ou plus (15,7%).

Ainsi, le redoublement au lycée se révèle être un véritable marqueur de difficultés sur les bancs de la fac. Avoir redoublé divise presque par deux les chances de décrocher la licence.

Quels sont les publics qui décrochent le plus ? 

En observant les données de réussite cumulées en licence (sur quatre ans) pour les bacheliers 2020, un constat clair ressort : certains profils d’étudiants sont systématiquement plus exposés à l’échec. Ce sont généralement des jeunes arrivés en retard scolaire, issus de filières moins académiques au lycée, ou encore ayant obtenu une mention faible au baccalauréat.

Identifier les profils les plus fragiles 

Si les données du ministère détaillent la réussite selon plusieurs caractéristiques (type de bac, mention obtenue, origine sociale, âge, bac) ces données sont présentées séparément et ne permettent pas directement de comparer les profils au sein même de chaque discipline.

Pour comprendre quels étudiants réussissent le moins, nous avons d’abord rassemblé et réorganisé toutes les données disponibles : pour chaque filière universitaire, nous avons aligné l’ensemble des profils d’étudiants (série du bac, mention, origine sociale, âge au bac, etc.) et leur taux de réussite en quatre ans.

Ensuite, nous avons classé ces profils du taux le plus faible au plus élevé, ce qui fait ressortir des tendances nettes : les bacheliers professionnels, les élèves en retard scolaire ou issus de milieux défavorisés apparaissent presque toujours parmi les publics les plus fragiles.

Cette démarche permet de visualiser clairement l’impact du parcours scolaire et social sur la réussite en licence, filière par filière.

Bac pro, mention rattrapage, milieu défavorisé : la licence, un parcours (presque) impossible ?

Ainsi, on remarque que certains profils d’étudiants ont des chances de réussite en licence très faibles, toutes disciplines confondues. Les bacheliers professionnels affichent un taux de  seulement 2,3 % de réussite, suivis de près par les bacheliers technologiques STMG à 4,3 %. Ces filières, conçues pour préparer à l'insertion professionnelle ou aux études courtes (BTS, BUT) marquent un décalage entre leurs parcours et les exigences académiques de la licence universitaire.

Le niveau scolaire au lycée se confirme comme un marqueur déterminant. Les élèves “passables”, qui ont obtenu leur bac au premier groupe (8,8 %) ou au rattrapage (4,6 %), ont très peu de chances de décrocher une licence. De même, le redoublement pèse lourd : un an de retard ramène le taux à 7,8 %, plus d'un an à 5,9 %. Les difficultés accumulées avant l'université ne se rattrapent que très rarement une fois dans le supérieur.

Enfin, l'origine sociale apparaît comme un autre facteur de vulnérabilité majeur. Les étudiants issus de ménages inactifs (8 %) ou de ménages d'employés ou ouvriers (8,2 %) figurent parmi les profils les moins diplômés. Ces chiffres soulèvent une question essentielle : l'université parvient-elle encore à compenser les inégalités de départ, ou ne fait-elle que les amplifier ? Les données suggèrent clairement la seconde hypothèse.

Le détail par filière

Pour chaque grande filière universitaire (droit, sciences, STAPS, économie…), nous avons identifié les profils d’étudiants affichant les taux de réussite les plus faibles. L’objectif  ici, n’est pas de comparer les filières entre elles, mais de montrer que, partout, certains parcours scolaires ou certaines origines sociales exposent davantage au décrochage.

Pour chaque domaine, nous avons retenu quelques profils particulièrement représentatifs : les bacheliers professionnels, les élèves issus des bacs technos, les étudiants avec du “retard” scolaire ou ceux issus de milieux sociaux défavorisés.

On voit que le type de bac et la filière choisie conditionnent fortement les parcours. En économie-AES, les bacheliers professionnels et STMG stagnent autour de 3 % de réussite, et même les élèves “passables” au rattrapage ne dépassent pas 4 %. En sciences-santé, les taux remontent un peu, entre 4 et 7 %, mais restent très faibles.

Les étudiants en STAPS et droit offrent un peu plus de marge : les bacs pro et STMG atteignent 11 à 13 %, avec des retards scolaires similaires. Malgré cela, la majorité échoue encore, ce qui montre que quel que soit le bac ou la mention, les profils les plus fragiles restent confrontés à des trajectoires extrêmement difficiles sur les bancs de la fac.

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