20,5%. C’est le taux de femmes au sein de la population ingénieure. De son côté, le ministère de l’Éducation nationale indique que, si 48% des lycéennes suivent la spécialité mathématiques en première et en terminale, elles ne représentent que 25% des étudiants dans les formations liées au numérique et aux métiers de l’ingénierie. « Cette proportion stagne depuis 20 ans », précise l’institution par voie de communiqué de presse.
Changer les choses et attirer les femmes vers les filières scientifiques est un défi que de nombreux gouvernements ont tenté de relever. Pourtant, de nombreuses études démontrent le fort recul des femmes dans les sciences depuis la réforme du lycée, comme en témoigne Mélanie Guenais, chercheuse à l’Université Paris-Saclay.
Elisabeth Borne a donc lancé un plan d’action en 8 étapes pour démocratiser ces filières, lever les freins à l’entrée et fournir un meilleur accompagnement aux jeunes filles. Décryptage.
Susciter des vocations : le pilier déterminant pour lever l’autocensure
L’un des obstacles qui se pose dans l’orientation des femmes vers les sciences, c’est l’absence de role model. En n’arrivant pas à s’identifier à des ingénieures, des chercheuses ou des développeuses, par exemple, les lycéennes peinent à visualiser leur place dans ce secteur.
Pour pallier ce manque important, le gouvernement souhaite organiser des rencontres ponctuelles, de la 3e à la terminale, avec des professionnelles ou des étudiantes du milieu. L’objectif ? Leur permettre de présenter leur parcours et désacraliser les études dans le domaine scientifique. Un dispositif qui sera testé dans les académies volontaires dès 2025 et généralisé à la rentrée 2026.
Mieux accompagner les jeunes filles vers ces métiers
L’accompagnement en matière d’orientation est aussi un des gros points noirs de l’Éducation nationale en France. Conséquence : certaines femmes n’identifient pas correctement les carrières et études qui peuvent leur ouvrir les portes. Pour éviter que les biais des professeurs ne se transmettent aux lycéennes, le ministère prévoit trois mesures phares :
- Une sensibilisation aux biais de genre pour tous les professeurs dès la rentrée 2025
- Une formation pluriannuelle de tous les enseignants (de la primaire à la terminale) sur les stéréotypes dans l’apprentissage des mathématiques
- Le déploiement d’une charte de lutte contre les stéréotypes affichée obligatoire dans les salles des maîtres et des professeurs
Un soutien dans le choix des études
Seulement 48% des femmes choisissent l’enseignement de spécialité mathématiques au lycée. Au sein de ce cours, elles ne représentent donc que 25% des effectifs. Pour inciter les établissements à mieux renseigner les jeunes filles sur ces spécialisations, les chefs d’établissements devront atteindre des objectifs chiffrés. D’ici 2030, le ministère espère pouvoir convaincre 30 000 filles en plus.
Ces objectifs seront également imposés aux chefs d’établissements accueillant des classes préparatoires scientifiques. Dès 2026, elles devront accueillir au moins 20% de femmes. En 2030, les effectifs devront être au moins à 30% féminins.
Par ailleurs, le ministère de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur souhaite une meilleure représentation des femmes dans le corps professoral des classes préparatoires aux grandes écoles. Elles devront représenter au moins 30% des nominations d’ici 2030.
Enfin, des classes à horaires aménagés seront déployées en mathématiques et en sciences en 4e, comme en 3e. Cinq académies se lancent dans cette expérimentation dès la rentrée 2025 : Amiens, Bordeaux, Martinique, Nancy-Metz et Normandie. Ce dispositif devrait être généralisé dès la rentrée. Les filles devront représenter au moins 50% de ces classes dont l’objectif est aussi de développer leur appétence pour les sciences.