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Déconstruction des stéréotypes, mentorat, formations aux VSS : les pistes de l’UNESCO pour combler l’écart femmes-hommes en science

Le 11 février célèbre les femmes et filles de science. À cette occasion, l’UNESCO a organisé plusieurs conférences autour des pratiques plébiscitées pour combler les inégalités entre les genres dans le domaine des sciences.
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Combler l’écart entre les genres en science : c’était l’objet de tous les débats à l’UNESCO, lors d’un évènement organisé quelques jours en amont de la journée mondiale des femmes et filles de sciences, fixée le 11 février

Au cours de plusieurs tables rondes, politiques, doctorantes, professeures et représentantes d’associations ont abordé leur expérience, ainsi que des pistes pour davantage de femmes dans le domaine des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). 

Et pour cause, dans le monde, selon l’UNESCO, environ 30 % seulement des chercheurs en sciences et technologies sont des femmes. Elles représentent également une faible part des diplômés en ingénierie et informatique : respectivement 28 et 40 %

Le leitmotiv de cette journée ? « Plus qu’une aspiration,faire de l’égalité des genres en science une réalité ». La lutte contre la circulation des stéréotypes de genre, davantage de représentation, l’essor du mentorat… voici les dernières pistes privilégiées par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture !

Plus de femmes pour une « meilleure science »

« Le monde a besoin de la science et la science a besoin des femmes ». Cette phrase a été le crédo de cette journée.

Ana Persic, spécialiste du programme, Section des politiques de la science, de la technologie et de l’innovation au sein de l’organisation, a tenu à rappeler l’urgence de l’égalité des genres dans le domaine des sciences. « Nous [scientifiques] avons beaucoup de sujets sur le feu et nous avons besoin de tous les cerveaux possibles pour trouver des solutions », a-t-elle martelé. 

« Mépriser les capacités de toute une moitié de la population mondiale n’est plus envisageable. » Ana Persic, spécialiste du programme, Section des politiques de la science, de la technologie et de l’innovation au sein de l’UNESCO.

Parmi les grandes considérations scientifiques actuelles : le changement climatique, mais également les pandémies à venir, selon Maria Begona Lasagabaster, directrice, Division pour l’égalité des genres, au sein de l’organisation. Pour elle, lutter contre les disparités de genre dans les sciences se place naturellement au côté de ces enjeux, notamment pour les servir

Intégrer les sciences à l’éducation des jeunes filles le plus tôt possible

Ana Persic a également rappelé que l’écart entre les genres en science est la « combinaison de plusieurs facteurs sociétaux ». À commencer par la circulation des stéréotypes de genre. Elle peut être portée par les médias, les enseignants, les parents et les enfants entre eux, et ce, dès le plus jeune âge. D’où l’importance aussi — rapidement évoquée durant les tables rondes — d’intégrer les jeunes garçons, et les hommes, à l’ensemble des actions, pour un changement de fond.

« Dès l’âge de 2 ou 3 ans, on dit déjà aux enfants ce qu’ils sont censés faire en tant que fille ou garçon », décrit Justine Sass, chef de section, Section de l’éducation pour l’inclusion et l’égalité des genres, à l’UNESCO. Pour elle, parce que « les biais existent à plusieurs échelles, il faut travailler à plusieurs échelles », pour les déconstruire. L’objectif :rendre les sciences attractives aux jeunes filles et leur donner confiance en elles pour accéder à des études dans le domaine.

Plusieurs programmes ont été récemment mis en place en ce sens, aux quatre coins du monde. Par exemple, au Mali, chaque année, le concours Miss Sciencevalorise les jeunes filles en primaire, les collégiennes et les lycéennes selon leurs résultats académiques. Ensuite, elles se disputent une couronne et d’autres récompenses au travers d’épreuves de mathématiques, de physique-chimie et de biologie

Au Brésil, plusieurs films sur le thème des femmesdans le domaine des STIM ont été projetés au CineSolar — un cinéma itinérant — notamment au sein de communautés rurales

« Les sciences sont présentes dans presque toutes les choses que les jeunes filles aiment. » Bria Macklin, chercheuse postdoctorale.

« Les sciences sont présentes dans presque toutes les choses que les jeunes filles aiment », explique Bria Macklin, chercheuse postdoctorale, au sein du Gladstone Institutes (États-Unis) et aussi Jeune Talent L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science en 2023. Pour un meilleur enseignement des sciences au public féminin, elle plébiscite de les relier à d’autres aspects  de leur quotidien et de cesser de faire des sciences et des centres d’intérêt des jeunes filles deux cases distinctes

Une meilleure représentation des femmes qui travaillent dans le domaine des sciences

« Les médias reproduisent, construisent et coconstruisent les stéréotypes de genres », appuie Safia Kessas, autrice, journaliste et réalisatrice primée de documentaires, originaire de Belgique. Elle décrit un « manque de support narratif par rapport aux femmes de sciences ». D’ailleurs, la réalisatrice sortira prochainement un documentaire au titre évocateur : Électrons libres, ces femmes de science qui changent nos vies

« Si j’avais eu connaissance de certaines figures féminines astrophysiciennes, j’aurais peut-être réalisé mon doctorat plus tôt ! » Salma Sylla Mbaye, doctorante en astrophysique.

Ce manque de représentation contribue à l’autocensure des jeunes filles quand il s’agit de poursuivre des études ou une carrière en sciences. Salma Sylla Mbaye est la première doctorante en astrophysique du Sénégal. De son côté, le constat est sans appel : « Si j’avais eu connaissance de certaines figures féminines astrophysiciennes, j’aurais peut-être réalisé mon doctorat plus tôt ! »

Si une meilleure représentation dans les médias peut fournir des « role models » auxquels s’identifier, il en est de même pour le mentorat. En plus d’un modèle, un mentor sert aussi et surtout d’appui ; une aide pédagogique, professionnelle, mais également morale de poids pour des femmes qui aspirent à accéder à des milieux encore très masculins.

Nouf Mahmoud est la fondatrice de CROSSTALK LAB et également professeure associée de pharmacie et de nanotechnologies à l’université Al-Zaytoonah, en Jordanie. Exercer un rôle de mentor lui tient à cœur : « Je veux partager mon expérience et ce que j’ai appris avec de jeunes étudiantes, chercheuses et professionnelles des sciences ». Par ailleurs, elle précise que les hommes peuvent tout à fait jouer un rôle de mentor.

Pour Bria Macklin, le mentorat va aussi plus loin que partager le même genre. Le mentor et le mentoré peuvent ressentir une connexion par d’autres biais : le parcours de vie, l’origine sociale, la personnalité, etc. 

Yùkishinko Andrianirina, lauréate du concours général des lycées 2023, en management de sciences de gestion et numérique, a pu assister aux différentes conférences et s’en réjouit. « J’ai beaucoup aimé entendre Marielza Oliveira dire qu’elle n’avait pas battu en retraite face aux personnes qui trouvaient cela inutile de poursuivre en doctorat plutôt que de se concentrer sur sa famille », confie-t-elle. 

La jeune femme originaire de Madagascar et désormais inscrite en première année de DCG a alors peut-être trouvé en Marielza Oliveira, directrice, Division pour l’inclusion et les politiques numériques et la transformation numérique à l’UNESCO, un « role model ». Un cycle vertueux de confiance en soi, possiblement.

Former aux violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur

Attirer et maintenir les jeunes filles et les femmes dans les secteurs scientifiques : oui ! Toutefois, faut-il encore qu’elles évoluent dans des environnements de travail et d’étude sains.

Stéphanie Hemon, vice-doyenne en charge de la vie étudiante et de la qualité de vie au travail, au sein de la faculté des sciences et technologies de l’université de Lille, œuvre pour une sensibilisation des VSS sur les campus. « À l’université de Lille, on a un comité stratégique chargé de l’égalité et de la diversité depuis 2021 ».

En 2022, celui-ci a mis en place des « formations facultatives, proposées à l’ensemble des étudiants », explique-t-elle. « Ils sont formés sur les VSS, le harcèlement, la différence entre agressions sexuelles et viols, les risques encourus par ceux qui commettent ces actes, comment intervenir, etc. » Depuis la rentrée 2023, ce sont tous les étudiants de première année qui doivent obligatoirement suivre cette formation. 

L’objectif est que les jeunes, surtout les femmes, puissent profiter d’une vie étudiante, puis d’un cadre de travail épanouissant. « Dans quelques années, nos étudiants seront en poste, dans des entreprises ou alors, ils y sont déjà, en stage », conclut la vice-doyenne.

Cette journée s’inscrit dans une lignée d’actions entreprises pour l’égalité femmes-hommes en science. Elle précise ou entame peut-être pour certains jeunes gens une réflexion en ce sens. 

Si des lycéens franciliens étaient présents ce jour, d’autres classes provenant de six pays différents étaient également connectées à distance dans le cadre de Campus UNESCO. 

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