L’expérience étudiante englobe les cours - bien sûr —, les stages, les sorties, la vie en colocation ou en studio, mais également, les défis d’une alimentation régulière et équilibrée. La précarité étudiante est aussi alimentaire.
D’après le baromètre Ifop pour Cop1 publié en octobre dernier, la majorité des étudiants (47 %) dispose d’un reste à vivre qui oscille entre 50 et 200 euros par mois, une fois les charges et le loyer payés. 6 étudiants sur 10 déclarent avoir déjà au moins une fois sauté un repas par manque d’argent.
Le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (CNOUS), subventionné par l’État, propose une offre de restauration collective, dédiée aux étudiants. Le rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA), paru ce mois de janvier, dresse un état des lieux de cette offre et des habitudes méridiennes des étudiants.
Une fréquentation des restaurants Crous en hausse depuis l’instauration du repas à 1 euro
Le Haut Conseil de la famille s’appuie essentiellement sur l’enquête Conditions de vie des étudiants de l’OVE, ainsi que sur l’enquête de satisfaction menée annuellement par les Crous. Ces deux sources mettent en évidence une hausse de la fréquentation des restaurants universitaires après la crise liée au Covid-19.
En 2016, la majorité (57 %) de la population étudiante ne tirait jamais parti de l’offre universitaire en restauration. Pour rappel, cette dernière rassemble principalement des restaurants et des cafétérias, sur et hors campus. Lors de l’année académique 2022-2023, la tendance s’inverse : 63,5 % des étudiants déclaraient recourir à la restauration des Crous. « L’augmentation de la fréquentation se poursuit sur l’année universitaire 2023-2024 », précise le rapport du HCFEA.
La réouverture des structures de restauration universitaire pour la rentrée 2021, après la crise du Covid-19, s’est effectuée en parallèle de l’instauration du repas à 1 euro en 2020. D’abord destiné aux étudiants boursiers, le dispositif a été étendu en janvier de l’année suivante aux étudiants non-boursiers, en situation de précarité.
Ces tarifs sociaux, ainsi qu’une meilleure information, peuvent expliquer la hausse de la fréquentation des structures Crous. Il faut néanmoins rappeler que pour certains étudiants, les repas Crous restent toujours trop chers. « Ce sont avant tout les non-boursiers, dont le tarif social est de 3,30 €, qui considèrent les prix comme trop élevés », détaille le rapport. La qualité des repas et du service peuvent ne pas valoir 3 euros 30 selon les perceptions des uns et des autres.
De nouveaux défis pour une offre de restauration améliorée : la rapidité du service
En parallèle d’une fréquentation en hausse, les cafétérias et restaurants Crous doivent faire face à de nouveaux défis. En ligne de mire : les temps d’attente (trop de queues, peu de places assises, etc.) et l’optimisation des horaires par rapport aux pauses des étudiants.
L’édition 2023 de l’enquête de satisfaction des Crous révélait que 48,5 % des répondants ne recommanderaient pas les structures de restauration du Crous en raison des temps d’attente trop longs. Cela représente une hausse de 26,3 % d’étudiants qui pointent du doigt cette difficulté, par rapport aux résultats de 2016. Même son de cloche pour les plages horaires trop restreintes : en 2016, 6,6 % des répondants identifiaient ce problème. En 2023, ils étaient 8 %.
Une offre Cnous qui varie selon les territoires
Le rapport du HCFEA précise également que certains territoires restent moins bien lotis en matière de déploiement de l’offre en restauration universitaire. On parle de zones blanches. Patrick Hetzel, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, annonçait en novembre 2024 le lancement d’une aide financière mensuelle de l’État, à destination des étudiants dans les zones où l’offre de restauration à tarif modéré se situe à plus de 20 minutes à pied ou en transport en commun.
Ce dispositif effectif à partir de février 2025 prévoit un montant de 40 euros par mois pour les boursiers et de 20 euros pour les non-boursiers, avec une majoration de 10 euros dans les territoires ultra-marins.
En s’appuyant sur l’enquête Conditions de vie des étudiants 2023, le rapport révèle qu’environ 9 % de la population étudiante déclaraient étudier dans un établissement ne proposant pas de structure de restauration du Crous.
Parmi les étudiants déclarant étudier dans un établissement qui ne propose pas de structure de restauration du Crous, certains ont néanmoins une offre de restauration à proximité, dans leur établissement, non gérée par le Crous. On pense notamment à ceux inscrits en BTS ou en CPGE qui suivent leurs cours au lycée. Ils profitent d’un accès à la cantine de leur établissement, laquelle n’est pas une structure du Crous. C’est aussi le cas des étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur privé. Ils représentent 41 % des déclarants dépourvus de structure de restauration du Crous sur site.
Nouvelle aide financière pour les étudiants : comment en bénéficier ?
Par ailleurs, 21 % de ces déclarants font leurs études dans un établissement parisien. « À Paris, certaines universités sont multisites et tous les sites n’abritent pas un restaurant ou une cafétéria du Crous », explique le rapport. « De plus, plusieurs restaurants universitaires parisiens sont implantés hors des sites d’enseignement […] Ainsi, à Paris, si certains sites d’enseignement ne proposent pas de structure de restauration, ils ne sont pas très éloignés d’un restaurant universitaire — certains répondants ayant néanmoins dû déclarer qu’il n’y a pas de structure au sein de leur établissement. »
Où mangent les étudiants en dehors des structures Crous ?
Les étudiants peuvent compter sur d’autres solutions pour s’alimenter au déjeuner, mais aussi tout au long de la journée, selon leurs pauses. Le rapport HCFEA s’appuie sur les données du Crous récoltées en 2023 pour faire la lumière sur les habitudes alimentaires des étudiants durant leur journée de cours.
20% des étudiants ont déjà eu recours à une aide alimentaire
Verdict : la majorité d’entre eux a la possibilité de rentrer chez soi pour le déjeuner, sinon, 4 étudiants sur 10 apportent leur repas et 3 sur 10 se tournent vers la restauration rapide. Voici un tableau récapitulatif de toutes les pratiques :
Lieux de restauration au cours d’une journée de cours (hors Crous) | Parts d’étudiants qui font ce choix en 2023 |
Rentrer chez soi pour le déjeuner | 56,4 % |
Apporter son propre repas | 39,6 % |
Restauration rapide (sandwicherie, boulangerie) | 30,9 % |
Fast food | 18 % |
Grande distribution | 13,3 % |
Cuisine du monde | 2,5 % |
Brasserie, pizzeria | 2,2 % |