Violence, harcèlement, incitation au suicide et à l’automutilation… contre le « piège algorithmique » de TikTok, qui expose les jeunes à un « océan de contenus néfastes », le gouvernement veut frapper fort. Ce jeudi 11 septembre, une commission d’enquête parlementaire a préconisé des mesures radicales pour protéger les adolescents des dérives d’un de leur réseau social préféré.
Ces mesures, qui pourraient devenir la norme si une loi est votée, consistent notamment à interdire l’usage de TikTok aux moins de 15 ans et à imposer un « couvre-feu numérique » aux 15-18 ans, de 22 heures à 8 heures du matin. Une approche que Maria, lycéenne en classe de première à Nîmes, en Occitanie, juge « contre-productive ». Elle témoigne.
« On a toujours plus envie de swiper »
Comme la plupart des jeunes de son âge, Maria considère TikTok comme son moment de détente de la journée, qui lui permet de se divertir, d’interagir avec ses amis ou de s’informer. « Ce qui me plaît, c’est que d’une vidéo à l’autre, ça n’a rien à voir et les contenus sont choisis selon nos goûts, donc on a toujours plus envie de swiper », explique-t-elle, reconnaissant un certain « cercle vicieux » dans cet usage.
Quand j’étais plus jeune, j’avais déjà TikTok, mais je n’avais pas le droit de poster de vidéos. Mes copines qui le faisaient étaient exposées à des commentaires bizarres, voire à caractère sexuel et à des demandes d’ajouts »
« Dans la semaine, j’y passe facilement 2 à 3 heures par jour et le weekend, je peux y rester plus de 3 heures », ajoute Maria. Consciente des dérives du réseau social, la jeune femme de 17 ans souligne qu’elle est « très sensibilisée » à la désinformation et au harcèlement au lycée. Ces contenus problématiques sont d’ailleurs vite repérés sur le réseau social par des utilisateurs ou la plateforme elle-même et supprimés, selon elle.
« Un couvre-feu ne va pas remédier à l’addiction, au contraire, ce sera encore pire »
Face à ces risques, la lycéenne adopte plusieurs règles : « je ne poste pas de vidéos, je parle juste à mes amis et je ne mets pas de commentaires ou donne mon opinion, pour ne pas recevoir de haine ou avoir à me lancer dans un débat sans fin », détaille-t-elle. « Quand j’étais plus jeune, j’avais déjà TikTok, mais je n’avais pas le droit de poster de vidéos. Mes copines qui le faisaient étaient exposées à des commentaires bizarres, voire à caractère sexuel et à des demandes d’ajouts », se souvient-elle.
Une expérience qui l’amène à comprendre l’idée de l’interdiction pure et simple du réseau social pour les moins de 15 ans et de la mise en place d’un couvre-feu numérique. Pourtant, elle doute de l’efficacité de ces mesures. « TikTok, c’est un peu mon break de la journée. Le temps que je rentre de cours, que je fasse mes devoirs et prenne ma douche, il est déjà 22 heures. Je serais frustrée de ne pas pouvoir me détendre sur ce réseau avant de me coucher », estime-t-elle. Idem pour son trajet de bus le matin, de 7 h à 8 h, où elle est souvent sur TikTok avant de décrocher jusqu’à la fin de la journée.
« En tant qu’enfant, je trouve qu’on est déjà très limités et sensibilisés au danger des réseaux sociaux. Nous mettre un couvre-feu ne va pas remédier à l’addiction. Au contraire, si on nous enlève TikTok, on va vouloir encore plus l’utiliser », s’inquiète-t-elle. « Au lieu d’y être le soir et le matin, on sera connectés en journée, et ce sera encore pire », juge-t-elle, persuadée que la restriction n’est pas une solution.
