25% : c’est le nombre de jeunes âgés de 15 à 29 ans qui souffrent de dépression, selon une étude de l’Institut Montaigne, l’Institut Terram et de la Mutualité Française, publiée ce mardi 2 septembre.
Une génération toujours plus marquée par des épisodes dépressifs : 31% d’entre eux affirment s’être déjà dit « vaudrait mieux mourir » ou ont « envisagé de se faire du mal ». Derrière ces chiffres alarmants, l’étude pointe du doigt les causes qui pèsent sur la santé mentale des jeunes, précarité, crises nationales et internationales, et révèle des fractures marquées selon les territoires et le genre.
Étudiant : À qui m’adresser si je suis en détresse mentale ?
Des disparités selon le genre et le statut social
Le rapport sur la santé mentale chez les jeunes montre que ce « mal-être protéiforme » est directement lié aux conditions de vie et au contexte social. La situation économique agit même comme un « catalyseur d’une santé mentale dégradée ». Ainsi, près de la moitié des jeunes en grande précarité (47%) souffrent de dépression, soit trois fois plus que ceux issus de milieux aisés (16%).
Autre fracture majeure : le genre. 27% des femmes déclarent être en dépression, contre 22% des hommes. L’écart se creuse surtout avant l’âge de 22 ans entre les étudiants et les étudiantes. 56% d’entre elles disent être souvent stressées, contre seulement 3 % de leurs homologues masculins.
Travail, précarité, logement : trois poids lourds pour la santé mentale
Le travail pèse aussi lourd. Le stress grimpe en flèche chez ceux qui cumulent job et galères financières : 81% se disent régulièrement stressés, contre 68% chez ceux qui n’ont que peu ou pas de contraintes économiques. Les emplois précaires, en particulier, fragilisent encore plus la santé mentale des jeunes.
À cela s’ajoutent les conditions familiales et de logement. En effet, 35% des jeunes ayant grandi dans un foyer instable présentent un état dépressif persistant, contre 15% chez ceux issus d’un environnement stable. Côté logement, la situation n’est pas plus rassurante : en colocation (17%) ou en résidence universitaire (25%), les jeunes déclarent bien plus souvent une mauvaise santé mentale que la moyenne (11%).
Des territoires inégalement touchés
En outre, l'étude indique que les difficultés ne sont pas seulement sociales ou genrées, mais aussi géographiques. Dans les territoires d’Outre-mer, la détresse psychique est très prégnante : plus d’un jeune sur deux en Guyane (52%) souffre de dépression, 44% en Martinique et 43% à Mayotte. Des niveaux sans équivalent en France, où les taux varient de 19% en Bourgogne-Franche-Comté à 28 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Dans l’Hexagone, les jeunes urbains se disent plus tristes et déprimés (64%) que ceux en zone rurale (54%). Selon le rapport, la campagne offrirait un cadre « plus protecteur, plus familial », tandis que les métropoles exposent les jeunes à plus d’isolement et à des vulnérabilités économiques accrues, particulièrement auprès des étudiants.
© Institut Montaigne
La « grande cause nationale »… vraiment ?
Depuis la crise sanitaire liée au Covid-19, la santé mentale des plus jeunes fait régulièrement l’objet de l’attention médiatique et des politiques, qui ont toujours érigé la santé mentale en « grande cause nationale ».
Néanmoins, sur le papier, la réalité est tout autre. Les auteurs de l’étude donnent comme exemple le dispositif “Mon Soutien Psy” qui permet aux jeunes de bénéficier de 12 séances remboursées par an. Ce dernier peine à répondre à l’ampleur des besoins.
Résultat : 4 jeunes sur 10expliquent n’avoir jamais consulté de professionnel, ni en avoir ressenti le besoin. Pourtant, parmi ceux qui aimeraient consulter, près de 20% ne passent pas le cap. Les raisons ? Une « peur du jugement ou de la stigmatisation » (24%), parce qu’ils ne connaissent pas bien les dispositifs (13%), ou encore « en raison du coût » (17%).