En sortant du bac, elle a choisi de concilier ses passions pour les lettres, l’histoire, la sociologie, les maths mais aussi la physique. Six ans plus tard, Bertille ne regrette pas de s’être autant impliquée dans ses études et de n’avoir fermé aucune porte. À 24 ans, la jeune femme diplômée à la fois en urbanisme à Sciences Po Rennes et en génie civil à l’INSA, fait ses premiers pas dans la vie active.
L’ingénieure-urbaniste travaille en tant que cheffe de projet aménagement dans une station de ski de Haute-Savoie. Elle met sa double casquette au service de l’évolution de la station dans le contexte du changement climatique. Une mission idéale pour cette passionnée de montagne, à la croisée de ses formations et qui répond à son intérêt pour la cause environnementale. Portrait.
« Les débouchés de mon parcours, je les ai compris très tard »
Bertille le reconnaît volontiers : pour suivre son double diplôme, où elle a été acceptée sur dossier et entretien, « il faut vraiment le vouloir, ou il faut s’investir pleinement ». La Vendéenne a dû consacrer deux fois plus de temps et d’énergie. « Les deux premières années étaient intenses et théoriques, avec un volume horaire conséquent, car on combine les deux diplômes », explique-t-elle. Sans l’aide de sa bourse, elle n’aurait jamais pu assumer financièrement ces deux formations.
« Les débouchés de mon parcours, je les ai compris très tard. Durant ce cursus : on réfléchit à nos envies, on nous sensibilise à diverses thématiques avant de choisir nos domaines de prédilection », raconte-t-elle. C’est donc après trois ans d’études, suivis de stages aux quatre coins de la France et son échange universitaire à Budapest que cette fille d’enseignante et d’agriculteur, qui a grandi au contact de la nature, affirme et affine son projet professionnel.
« C’est au moment de me spécialiser que j’ai trouvé la résonance entre mes deux écoles, avec le côté très technique de l’ingénieur civil et urbain et l’aspect stratégique avec Sciences Po Rennes »
« Côté INSA, je me suis orientée vers la filière génie civil et urbanisme ; à Sciences Po Rennes, je me suis spécialisée sur le campus des transitions à Caen, dans le master in Situ » (stratégies innovantes pour les territoires urbains), retrace-t-elle.
Si la jeune femme n’avait pas une « ambition absolue » de travailler dans l’environnement dès le début de ses études, ce domaine s’impose à elle naturellement. « C’est du bon sens : c’est incontournable, au XXIe siècle, de travailler avec, pour et dans l’environnement », estime-t-elle.
Une double casquette « source de crédibilité »
Diplômée en août dernier de l’INSA et de Sciences Po Rennes, Bertille a trouvé du travail dans la continuité de son mémoire de recherche en M2. Celui-ci portait sur la problématique des lits froids dans les stations de ski : ces hébergements en montagne sont occupés moins de quatre semaines par an et sont souvent des passoires énergétiques. Au Praz de Lys Sommand, la station pour laquelle elle travaille en Haute-Savoie, Bertille peut faire valoir l’ensemble de ses compétences qui lui confèrent une « source de crédibilité ».
« Quand je prends ma casquette Sciences Po, on m’écoute différemment en sachant que je suis ingénieure. Et quand je suis ingé, le fait d’avoir fait Sciences Po Rennes me permet de m’exprimer différemment »
« En tant qu’ingénieur, je suis compétente sur le volet rénovation et réhabilitation, je fais énormément de statistiques. Mon étiquette Sciences Po me permet d’agir en tant que cheffe de projet avec une vision stratégique et de travailler avec les collectivités », poursuit-elle. « Quand je prends ma casquette Sciences Po, on m’écoute différemment en sachant que je suis ingénieure. Et quand je suis ingé, le fait d’avoir fait Sciences Po Rennes me permet de m’exprimer différemment », illustre-t-elle.
À côté de sa mission au Praz de Lys Sommand, en Haute-Savoie, Bertille consacre son temps libre à profiter de la montagne © Bertille Fetiveau
« Si j’arrive, par mon argumentaire à prouver aux élus et politiques que la solution environnementale est la plus pertinente, c’est gagné »,veut croire celle qui se sent « plus débordée que freinée » dans ses missions.
« Regard neuf »
Bertille s’est engagée pour un CDD de trois ans auprès de la station. Si les projets n’avancent pas toujours aussi vite qu’elle le souhaiterait, elle est convaincue que l’action en faveur de la transition verte va finir par se concrétiser, et ce, dans tous les secteurs. « Dans 15 ans, les stations de ski qui auront anticipé la transition seront parvenues à se renouveler. Cette réflexion doit être menée sur le long terme et concertée avec de nombreux acteurs, c’est pour ça qu’on doit l’engager dès à présent », insiste-t-elle.
« L’écologie et l’environnement sont encore vus comme une contrainte »
Un raisonnement qu’elle applique plus largement à son domaine professionnel. « L’écologie et l’environnement sont encore vus comme une contrainte pour la réalisation des projets. Les étudiants qui choisissent de s’orienter vers la transition verte aujourd’hui se sentiront peut-être bridés dans leurs premiers postes ; mais dans les 20 prochaines années, ils auront un temps d’avance sur tout le monde », prévient-elle.
Pour la suite, la jeune professionnelle songe à passer les concours territoriaux pour devenir ingénieure territoriale en chef. Son envie : continuer d’apprendre et se former pour apporter « un regard neuf » sur les problématiques environnementales. Un projet qui ne lui fait pas peur : « mes études m’ont permis de tout faire, je suis née en Vendée, j’ai étudié à Rennes et je me retrouve à la montagne », retrace Bertille. « J’ai suivi mon cœur pour en arriver là », conclut-elle.