La deuxième édition du Prix international UNESCO-Al Fozan a eu lieu le 19 septembre dernier, au siège de l’Unesco, dans le 7ᵉ arrondissement de Paris. L’objectif ? Récompenser et mettre en lumière de jeunes talents scientifiques. Des lauréats venus des quatre coins du monde ont été célébrés. Zoom sur le parcours de trois de ces talents, leur chemin vers les sciences et leurs recherches majeures !
Ndaudika Mulundileni : « Les sciences ont une réelle utilité »
Ndaudika Mulundileni est le lauréat du prix UNESCO-Al Fozan pour la région « Afrique ». Il a été récompensé pour son engagement à rendre les STIMs (science, technologie, ingénierie et mathématiques) plus accessibles aux jeunes enfants et adolescents.
Dans la capitale de la Namibie, Windhoek, mais aussi dans les zones rurales, cet enseignant forme les jeunes aux compétences scientifiques et techniques : électronique et robotique, coding, impression 3D, etc. Il leur met aussi à disposition du matériel de laboratoire et des ordinateurs.
« Mon souhait est de rendre les sciences plus accessibles et ludiques, afin que ces enfants puissent, à terme, mieux comprendre les enjeux mondiaux et même proposer des solutions », explique Ndaudika Mulundileni. Lui, c’est sa curiosité qui l’a poussé sur le chemin des sciences : « Enfant, j’étais très curieux. Je démontais des appareils comme des radios pour découvrir leur mécanique interne. Et quand j’apprenais un nouveau concept scientifique, j’aimais réfléchir à ses applications concrètes », raconte-t-il.
« Finalement, j’ai vite compris que les sciences et les maths ne sont pas juste des matières qui servent à passer à la classe supérieure. Elles ont une réelle utilité dans la vie quotidienne », conclut Ndaudika Mulundileni.
Mounia Laassiri : l’excellence se conjugue au féminin
La physicienne nucléaire Mounia Laassiri est la lauréate de la région « Pays arabes ». Ses travaux portent sur le plus gros accélérateur de particules jamais créé et l’un de ses détecteurs de particules : le LHC et ATLAS. « Le but de mon travail est de répondre à des questions fondamentales sur l’univers comme ce qu’est la matière noire », explique-t-elle.
Pour arriver là où elle en est, la physicienne originaire du Maroc a dû se battre contre plusieurs stéréotypes, d’abord culturels et sociétaux. « Certains membres de ma famille pensaient que ma place était à la maison », se souvient-elle. Ensuite, dans son environnement professionnel : « Quand on est l’une des seules femmes scientifiques présentes dans la pièce, on est très souvent sous-estimée et on manque de rôle modèle. »
Mounia Laassiri est désormais un modèle féminin capable d’inspirer les jeunes qui se lancent dans les sciences. « J’étais très émue lorsqu’une lycéenne m’a dit un jour : “Je ne savais pas que vous étiez une physicienne. Je pensais que les physiciens étaient des hommes avec des coupes de cheveux étranges et des blouses de laboratoire poussiéreuses. Vous, vous êtes une femme, vous vous habillez normalement et vous n’avez pas besoin d’une blouse” », confie la physicienne.
Rosa Vásquez Espinoza : donner une voix à tous ceux qui ont été tenus à l’écart des sciences
Rosa Vásquez Espinoza est la lauréate du prix UNESCO-Al Fozan 2025 pour la région « Amérique latine et Caraïbes ». La scientifique péruvienne s’est distinguée par ses travaux sur la forêt amazonienne et les abeilles mélipones, sans dard, qui la peuplent. Elle œuvre en collaboration avec les communautés indigènes.
« J’explore la nature à travers la biologie chimique, en m’intéressant aux molécules, à l’ADN et aux comportements de la faune et flore en Amazonie », explique-t-elle. « À mon avis, les abeilles sans dard sont une espèce clé pour aider à régénérer la forêt amazonienne. Elles sont les pollinisateurs les plus efficaces que nous ayons », poursuit-elle.
Dans sa carrière, Rosa Vásquez Espinoza a dû faire face à de nombreux défis liés à son genre et à ses origines. « En tant que femme issue du sud de la planète, j’ai dû redoubler d’efforts pour prouver ma valeur dans des espaces scientifiques d’élite. Il m’est arrivé de me sentir découragée, notamment face aux obstacles de financement de mes travaux, au sexisme, ou encore en voyant l’Amazonie brûler », partage-t-elle.
« Ce qui me motive, c’est de voir le regard de ces jeunes filles d’Amazonie et d’ailleurs, qui me voient et entendent cette petite voix intérieure leur dire : “Toi aussi, tu peux faire des sciences, sans renier tes racines” », confie Rosa Vásquez Espinoza. Elle conclut : « Ce prix ne célèbre pas seulement mon travail, il donne aussi une voix à toutes celles et ceux qui ont été tenus à l’écart des sciences pendant trop longtemps. »