L’éducation au cœur du “nouveau cap” présidentiel. Le président de la République, Emmanuel Macron a tenu, mardi 16 janvier au soir, une conférence de presse, pour présenter, en grande pompe, les grandes lignes d’action de son gouvernement fraîchement remanié. Depuis la salle des fêtes de l’Elysée, devant près de 250 journalistes et en “prime time” à la télévision, le chef de l’État a déroulé ses mesures pour relancer son deuxième quinquennat.
Affirmant vouloir être à l’origine du “réarmement civique” de la France, la jeunesse et l'éducation ont occupé une place prépondérante des annonces du président. Elles visent, entre autres, à réduire les inégalités scolaires qui, de son propre aveu, sévissent encore aujourd’hui malgré les efforts du gouvernement. “L’avenir des enfants de la République reste encore trop déterminé par le nom de famille, l’endroit où l’on est né, le milieu auquel on appartient”, a-t-il regretté. On fait le point.
Des heures d’instruction civique doublées au collège
Cette mesure prendra effet “dès la rentrée 2024” : la refonte de l’instruction civique, a annoncé Emmanuel Macron. Dans le détail, le volume horaire de cette matière “sera doublé”, à raison “d’une heure par semaine, dès la cinquième, avec en appui les grands textes fondateurs de la Nation”, a poursuivi le chef de l’État.
Généralisation du SNU en seconde
C’est l’une des mesures dans les tiroirs de l’Exécutif depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Le chef de l’État a annoncé la généralisation du service national universel (SNU) en seconde. Ce dispositif est un programme gratuit créé en 2019 par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe visant à former une jeunesse engagée et à l’impliquer dans la vie de la Nation.
Des précisions sont attendues dans les semaines à venir pour connaître plus en détails les modalités de la mise en place de ce SNU.
Des heures obligatoires de théâtre et d’histoire de l’art
Emmanuel Macron souhaite que le “théâtre devienne un passage obligatoire au collège, dès la rentrée prochaine”. “Cela donne confiance, cela apprend l’oralité, le contact aux grands textes”, a justifié le chef de l’État.
Il souhaite aussi qu’une place soit faite à l’apprentissage de l'histoire de l’art dans le secondaire.
Rétablissement des cérémonies de remise des diplômes
“Dès cette année”, au collège et au lycée, Emmanuel Macron souhaite remettre au goût du jour les cérémonies de remise des diplômes. Un “rite républicain d’unité, de fierté et de reconnaissance”, selon lui.
Une possible généralisation de la tenue unique en 2026
Une centaine d’établissements scolaires volontaires vont expérimenter, dès septembre 2024, le port de la tenue unique pour les élèves. “La tenue unique, qui a donné lieu à de nombreux débats dans notre pays, efface les inégalités entre les familles et crée les conditions du respect”, a justifié le président.
Si les résultats sont concluants, Emmanuel Macron prévoit une généralisation en 2026 de cette règle vestimentaire.
L’apprentissage de la Marseillaise bientôt obligatoire ?
Emmanuel Macron s’est dit “très favorable” à l'apprentissage systématique de la Marseillaise dès l’école primaire. L’hymne national est déjà appris dans certaines écoles, mais pas dans son intégralité.
Vers des “interdictions et des restrictions” des écrans ?
Emmanuel Macron souhaite reprendre “le contrôle de nos écrans”, a-t-il assuré face aux journalistes. Pour ce faire, le chef de l’État compte déterminer leur “bon usage, pour nos enfants, dans les familles, à la maison comme en classe”, sur la base d’un rapport d’experts.
“Il faut que l’on ait un consensus scientifique, que les scientifiques commencent à nous donner un plan et que l’on éclaire le débat public qui viendra ensuite”, a ainsi avancé le président de la République, sans donner davantage de détails. “Il y aura peut-être des interdictions et des restrictions”, a-t-il conclu.
Lutte contre les heures non remplacées
En pleine polémique autour de la nouvelle ministre de l’Éducation, Amélie Oudéa-Castéra, qui a critiqué les “paquets d’heures non remplacées” par les enseignants de l’école publique, Emmanuel Macron a assuré vouloir réduire ce phénomène.
On vous explique la polémique autour de la nouvelle ministre de l’éducation nationale
“On va continuer à s’attaquer avec force à ce sujet du remplacement, pour que tout élève ait bien un professeur pour chaque heure de cours qui est prévue”, a-t-il avancé.
Les syndicats de profs maintiennent leur appel à la grève le 1er février
Les réactions des syndicats ne se sont pas faites attendre. A commencer par la fédération syndicale universitaire (FSU), qui a dénoncé, dans la foulée de la conférence de presse d'Emmanuel Macron, des annonces "recyclées" et un "discours affligeant".
#Macron20h spoiler, l'uniforme ne fait revenir les profs manquants. Un discours affligeant sur l'Ecole. Je ne dis pas École publique car rien ne montre, surtout ces derniers jours, qu'elle est une priorité du président.... https://t.co/UFdbGS1mTv
— Sophie Vénétitay (@SVenetitay) January 16, 2024
Pour la secrétaire générale du syndicat d'enseignants SE Unsa, Elisabeth Allain-Moreno, l'annonce de "refonder l'instruction civique" montre à quel point la "déconnexion d'un chef de l'Etat est grave", écrit-elle sur X.
Les syndicats maintiennent leur appel à la grève des enseignants, jeudi 1er février, pour réclamer notamment de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.