La rentrée est l’occasion de mettre la lumière sur une communauté qui peine à boucler ses fins de mois : les étudiants. D’après une enquête Diplomeo réalisée en 2024 auprès des 18-25 ans, 50% des personnes interrogées affirmaient ne pas parvenir à tenir leur budget.
Des chiffres qui sont corroborés par l’enquête annuelle de l’UNEF qui revient sur le coût de la vie étudiante. Cette année est marquée par une augmentation importante de +4,12%, soit 807€, par rapport à 2024. Diplomeo s’est penché sur le sujet et décrypte le rapport édifiant de l’Union nationale des étudiants de France.
Coût de la vie étudiante : une hausse qui surpasse largement l’inflation
Depuis 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron, l’UNEF observe une hausse du coût de la vie étudiante de 31,88%. Dans le même temps, l’inflation cumulée est de 19,6%. Les étudiants paient donc objectivement plus cher pour les mêmes services : université, logement, courses, transports…
Pour dresser ce panorama, l’association étudiante établit différents profils : non-boursiers, boursiers, bénéficiaires des APL, étudiant vivant seul ou chez ses parents, etc. Cela permet donc de définir le reste à charge, hors prestations sociales, pour tous.
Ces dernières années, ce sont les frais de scolarité qui ont le plus augmenté. Si le gouvernement assure que davantage d’étudiants sont boursiers échelon 0, ce qui permet l’exonération totale des droits d’inscription, le poids de cette mesure a, semble-t-il, été davantage absorbé par les étudiants qui s’acquittent de ces frais. Et c’est sur ce volet que l’évolution du coût de la vie étudiante explose majoritairement.
Évolution moyenne 2024-2025 | Évolution moyenne depuis 2017 | |
Licence | 1,80% | 53,80% |
Master | 1,70% | 40,23% |
Doctorat | 1,62% | 28,39% |
CVEC | 1,94% | 16,67% |
Loyer et transports : des hausses à foison pour les étudiants
Avec le dégel des loyers du CROUS, les parcs immobiliers privés comme publics sont touchés par une augmentation des factures. Résultat : +3,26% pour ceux qui sont hébergés dans les résidences étudiantes, +2,46% pour ceux qui louent en agence ou auprès d’un particulier.
D’après l’UNEF, le loyer moyen d’un appartement du CROUS est de 421,97€ par mois, contre 609,60€ dans le privé. L’Île-de-France reste la région la plus chère avec un loyer mensuel moyen de 857€. C’est d’ailleurs dans cette zone géographique que la hausse du coût de la vie est la plus marquée : +4,40% par rapport à 2024. En région, cette augmentation est plus contenue (+1,79%) et suit davantage l’inflation.
Les transports en commun pèsent très lourd dans le budget étudiant : 272,36€ par an en moyenne pour les non-boursiers contre 246,57€ pour ceux qui perçoivent les aides sociales. C’est dans les grandes villes que la hausse est la plus importante : +14,23% par rapport à 2024 !
Hausse 2025-2024 pour les boursiers | Hausse 2025-2024 pour les non-boursiers | |
France | 1,44% | 2,44% |
Région | -1,66% | 1,27% |
Grandes villes | 1,73% | 14,23% |
Côté alimentation, l’UNEF note également « un apaisement de l’inflation », mais regrette toutefois une hausse des produits de première nécessité. Avec une augmentation de 1,4%, ce sont plusieurs dizaines d’euros par an qui s’échappent du portefeuille des étudiants.
Des discriminations importantes en fonction du genre et des origines
L’UNEF observe un reste à charge plus élevé pour les étrangers primo-arrivant en France. Nombreux sont ceux qui pensent que les étudiants provenant d’autres pays touchent toutes les aides sociales, mais il n’en est rien. Aujourd’hui, un étudiant français et boursier doit débourser 10 707,24€ par an. Son homologue international devra mettre la main au portefeuille puisque son reste à charge est estimé à 15 302,76€.
Cette discrimination se fait également au détriment des étudiants de DROM (les départements et régions d’outre-mer). En termes de coût de la vie, on note une différence de 10,51% entre un étudiant de France hexagonale qui est boursier échelon 5 et son homologue provenant d’un DROM.
Mais c’est entre les femmes et les hommes que la différence est la plus frappante : 179,67%. Selon l’UNEF, le budget annuel pour une femme en 2025 est de 1 320€ contre 472€ pour un homme. Le surcoût annuel aux menstruations s’élèverait à 285,06€, malgré l'accès aux protections périodiques.
Pour l’UNEF, plusieurs pistes doivent être étudiées afin de soulager le porte-monnaie des étudiants :
- Revalorisation de 20% des APL
- Suppression des frais de scolarité différenciés pour les étudiants internationaux
- Suppression de la CVEC
- Fin de la sélection à l’université
Des mesures qui, malheureusement, ne figurent pas à l’ordre du jour du projet de loi finances 2026.