C’est un casse-tête qui revient à chaque rentrée universitaire et une source d’angoisse pour de très nombreux étudiants. Entre des logements Crous insuffisants, des habitations privées hors budget ou des colocations prises d’assaut, la recherche d’un logement étudiant peut vite se transformer en parcours du combattant. En effet, de nombreux étudiants se retrouvent, chaque année, avec un dossier de demande de logement qui reste sans réponse.
Pourtant, des alternatives existent pour se loger et parvenir à étudier dans de bonnes conditions. Parmi elles, la location d’une chambre dans l’appartement ou la maison d’un particulier. Cette alternative qui consiste à partager un espace de vie entre le propriétaire et son ou ses locataires, présente des avantages non négligeables, notamment dans les grandes villes où la tension locative peut être très forte pour les étudiants.
À commencer par le prix : forcément, le loyer d'une chambre chez l'habitant est moins élevé que celui d'un logement complet. Une solution économique et pratique dans un contexte de crise du logement, qui présente toutefois quelques inconvénients. Diplomeo a interrogé une étudiante qui a opté pour cette formule de logement à Lyon, et une propriétaire qui partage sa maison avec trois étudiants en Ile-de-France.
Location d'une chambre chez l'habitant : en quoi ça consiste ?
Le principe de la location d’une chambre chez l’habitant est simple : le propriétaire loue une chambre meublée, de 9 m2 au minimum, conformément à la loi, dans son logement principal (cela ne peut pas être dans un logement secondaire). Le contrat de location associé prévoit que l’accès à cette chambre est strictement réservé au locataire. Le propriétaire n’a donc pas le droit de s’y rendre.
L’étudiant dispose en outre d’un accès, privatif ou non, aux toilettes, à une salle de bain et à une cuisine. Outre la chambre principale meublée, réservée au locataire, le propriétaire se réserve la possibilité de partager d’autres pièces du logement selon l’accord établi en parallèle du bail. Quant à la durée de la location, le contrat peut correspondre à une location étudiante, ce qui donne droit aux aides au logement pour le locataire. Il est signé sur une durée de 9 mois (calquée sur la période universitaire), non renouvelables, avec un préavis d’un mois en cas de départ anticipé.
Location de chambre chez l’habitant : quels sont les avantages ?
Pour les étudiants comme les propriétaires, la location d’une chambre chez un particulier peut se révéler avantageuse sur plusieurs plans.
Un loyer moins cher
Comme pour un studio ou appartement privé, c'est le propriétaire qui fixe le prix de la location d'une chambre à un étudiant. Si ce loyer, précisé dans le bail signé par le propriétaire et son locataire, est généralement plus élevé qu'en résidence universitaire, il reste néanmoins moins élevé qu'un logement complet. Lara, étudiante en Licence 1 d’économie à Lyon, paye ainsi 490 euros par mois pour une chambre de 11 m2. Elle bénéficie d’un accès privé à une salle de bain et à une cuisine partagée avec sa propriétaire. “C’est moins cher que les logements indépendants, qui sont plutôt autour de 600 euros par mois”, constate celle dont le dossier n'a pas été retenu au début de ses études pour se loger en résidence étudiante.
Un prix non prohibitif, qui permet à l’étudiante de 18 ans, originaire de Haute-Savoie, de vivre près de sa fac et de travailler après les cours pour s’assurer un revenu. “Mon grand-frère faisait le trajet de chez nos parents à l’université tous les jours. Ça lui a coûté de redoubler sa licence, car il passait beaucoup de temps dans les transports, et devait travailler à côté”, se souvient Lara.
Isabelle, 60 ans, loue trois chambres de sa maison, à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine), à des étudiants en classe préparatoire. Pour fixer le montant du loyer, cette prof à la retraite « regarde ce qui se pratique dans le coin », et « s’aligne plutôt sur la fourchette basse ». Dans cette commune, les loyers varient entre 350 et plus de 700 euros pour une chambre, quand un studio indépendant coûte autour de 800 euros par mois, selon les principaux sites de location étudiante.
Une vie en convivialité
Si l’étudiant bénéficie de l’espace privé de sa chambre, il partage le reste du logement avec son propriétaire. Lara est bien tombée : « je m’entends bien avec ma propriétaire » juge-t-elle. « On a des discussions et on partage un repas par semaine ensemble », poursuit la jeune femme. Régulièrement, elle « échange des savoirs » avec sa propriétaire, retraitée : « je lui donne des cours d’informatique et elle me fait des cours de cuisine », illustre Lara.
Une proximité qui varie selon la politique des propriétaires. Pour Isabelle, qui loue ses chambres depuis 20 ans à des étudiants, l’indépendance de ces jeunes est indispensable à leur « transition vers un monde adulte ». « On a la chance d’avoir une grande maison. Les étudiants ont donc un étage pour eux, avec leur entrée indépendante, et on ne se croise quasiment jamais », explique-t-elle. « L’avantage d’être à trois c’est qu’ils s’entraident pour le travail, et se soutiennent lors des concours. Ils ont l’impression d’être en coloc » », glisse-t-elle.
Cette autonomie n’empêche pas les bailleurs d’entretenir un contact régulier avec leurs locataires et leurs familles. « C’est très important, si on a un message à faire passer, quand on s’absente de la maison pour les petites vacances ou un weekend, ou que l’étudiant est malade », explique par exemple Isabelle.
Location d’une chambre chez l’habitant : quels sont les inconvénients ?
Comme en colocation, la cohabitation entre un étudiant et le propriétaire d’un logement peut s’avérer compliquée. Légalement, les propriétaires peuvent fixer des règles de vie pour les parties communes (interdiction d’inviter des amis, pas de bruit après une certaine heure, etc).
Des obligations qui ne s’appliquent pas à la chambre de l’étudiant. Celui-ci a, en théorie, le droit d’inviter qui il veut, de fumer, ou encore d’accueillir un animal de compagnie dans sa chambre. En pratique, le locataire est souvent soumis à certaines règles, et doit s’adapter aux habitudes de son propriétaire.
La propriétaire de Lara, par exemple, ne supporte pas le bruit, dans un appartement où « le parquet craque assez fort », raconte-t-elle. « Souvent, si je marche dans ma chambre, elle vient toquer à ma porte pour me dire de faire moins de bruit », explique la jeune femme. « Une des règles est de rentrer avant 21 heures le soir, ce qui est compliqué pour voir mes amis », ajoute Lara, qui n’a pas non plus le droit de recevoir des invités. Autre contrainte : « pendant les petites vacances universitaires, je ne peux pas être dans le logement ».
Chez Isabelle, la taille de la maison permet plus de souplesse dans la vie commune. « Les cigarettes sont interdites dans la maison, mais mes locataires peuvent fumer dans le jardin », explique-t-elle. Les fêtes et le bruit ne sont pas non plus tolérés, ce qui n’empêche pas certaines mauvaises expériences. « Une année, on a eu un étudiant qui découvrait sa sexualité bruyamment, ça devenait pénible. On l’a laissé terminer l’année, mais on ne l’a pas gardé l’année suivante », se souvient-elle.
Location d'une chambre chez l'habitant : quels conseils pour trouver le propriétaire idéal ?
Si ce n’est pas toujours facile de cohabiter, il est tout à fait possible pour l’étudiant de vivre au mieux son expérience chez l’habitant, en limitant les inconvénients du quotidien.
Rencontrer son propriétaire en amont
Il est indispensable de rencontrer son propriétaire avant de se lancer dans la location d’une chambre chez l’habitant. Cela permettra à l’étudiant de s’assurer que la chambre lui convient, et surtout de voir s’il est sur la même longueur d’ondes que son bailleur.
S’il a plusieurs visites, le futur locataire pourra ainsi comparer les différentes options qui s’offrent à lui et choisir celle qui lui convient le mieux. Par exemple, certains propriétaires refusent d’accueillir les étudiants pendant les petites vacances universitaires ou les weekends. C’est un paramètre important à prendre en compte, surtout si l’étudiant vit loin de chez ses parents.
« Il faut absolument rencontrer le propriétaire avant, surtout quand on est une femme », confirme Lara. Avant de se lancer dans sa cohabitation, elle avait visité sa chambre et discuté avec sa propriétaire. La jeune femme était aussi accompagnée de son frère, plus expérimenté dans les logements étudiants, qui a pu vérifier avec elle si tout était fonctionnel.
Soigner sa présentation
Il n’y a pas que l’étudiant qui choisit sa chambre. Le propriétaire a le dernier mot pour accepter ou non un jeune locataire à son domicile. Pour mettre toutes les chances de son côté, l’étudiant a intérêt à montrer qu’il est soigneux, respectueux, et qu’il est là avant tout pour étudier. « Quand on accueille des étudiants, ils entrent dans notre intimité, donc on ne veut pas avoir de fêtes par exemple. C’est vraiment un lieu de vie que l’on partage », insiste Isabelle.