Le président du directoire de l’Institut Polytechnique de Paris, Thierry Coulhon, ainsi que les six directrices et directeurs des écoles membres ont présenté ce matin leurs travaux pour cette rentrée 2024-2025 et les années à venir. En ligne de mire, plusieurs sujets phares des transitions environnementale, numérique et sociétale.
L’IP Paris n’a pas d’autres choix que de jouer le jeu de ces enjeux, puisqu’il est « au service de l’intérêt général et de la souveraineté du pays ». Zoom sur les projets mis en place et à venir !
Mettre l’accent sur la transition écologique et énergétique
Depuis cet été, l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC) fait partie de l’Institut Polytechnique de Paris (IP Paris). Cette conférence de rentrée était l’occasion pour Anthony Briant, directeur de cette sixième école membre, de rappeler à quel point il était ravi de cette intégration. Celle-ci devrait permettre à l’Institut dans son ensemble de renforcer son action dans la transition écologique.
L’ambition de ce mariage : « offrir un partenaire public et industriel », mais également « une force de recherche et une capacité à attirer les meilleurs talents en France et à l’international ». L’ENCP a aussi à cœur de faire éclore une approche en diptyque entre les sciences de l’ingénieur et les sciences humaines au sein de l’Institut.
Thierry Coulhon a aussi annoncé « l’ouverture prochaine » de trois nouveaux démonstrateurs axés sur les énergies durables et la décarbonisation sur les campus. À côté de cela, les élèves en deuxième année de cycle ingénieur ont déjà pu bénéficier, dès leur rentrée, d’un nouveau cours, « Engineering Sustainability » qui met l’ingénierie durable au centre.
Laura Chaubard, directrice générale de l’École polytechnique, détaille les objectifs de ce nouvel enseignement : « donner aux étudiants une vision systémique des grands défis énergétiques, sociaux et démographiques de la transition environnementale », lesquels sont « interdépendants ». Cette matière présente « une réelle innovation pédagogique », avec le mélange de cours magistraux et d’autres formes de cours comme une balade sonore, par exemple.
En vue également, de nouvelles offres de formation autour du nucléaire. Depuis la rentrée 2024, ce sont les troisièmes années du cycle ingénieur de l’ENSTA Paris qui sont concernés. Ces enseignements ont été pensés en coopération avec des partenaires industriels pour répondre à leur besoin de compétences en nucléaire civil et de défense.
S’ouvrir sur le génie maritime et des océans
Le 1ᵉʳ janvier 2025 marquera la fusion des deux ENSTA Paris et ENSTA Bretagne. Elle doit marquer un développement du génie maritime et des océans au sein de l’Institut Polytechnique de Paris. Elisabeth Crépon, directrice générale d’ENSTA Paris, souligne que ce projet s’inscrit dans la réflexion autour des nouvelles énergies et la préservation des écosystèmes marins. En parallèle, un nouveau mastère sur l’éolien offshore accueillera ses premiers étudiants à la rentrée 2025.
Former davantage de talents dans les domaines numériques : traitement des données, cybersécurité et IA
Catherine Gaudy, directrice générale du Genes rappelle qu’en 2023, a été initié un plan de développement visant à répondre au besoin d’experts capables de traiter la donnée, dans un contexte de pénurie de ces talents. « Entre 1987 et 2007, la quantité de données exploitables a été multipliée par 100. Depuis, le nombre double tous les deux ans ». L’objectif est donc de former davantage d’ingénieurs, de statisticiens et d’experts en finance, avec un agrandissement de 40 % de la taille des promotions pour l’ensemble de l’Institut, dont l’ENSAE Paris.
Laura Chaubard souligne aussi qu’en partenariat avec HEC Paris, IP Paris a remporté un appel à projets « IA Cluster ». Il devrait permettre de consolider l’offre de formation spécialisée avec notamment la création de plusieurs Masters of science and technology, avec, dès la rentrée 2025, l’ouverture d’un de ces cursus, centré sur la « sustainable IA » (Intelligence artificielle durable).
Par ailleurs, de nouvelles formations à venir, allant du niveau licence au niveau master, devraient mettre la pluridisciplinarité à l’honneur, associant l’IA à d’autres domaines. « On a besoin de spécialistes de l’IA, mais aussi d’ingénieurs en énergies, en santé, en transports, qui maîtrisent complètement les nouvelles technologies ».
L’IP Paris envisage de faire entrer la maîtrise de ces nouvelles technologies dans le « bagage » de tous les diplômés, avec la création d’une certification en IA, d’une centaine d’heures, adressée à tous les étudiants qui ne se spécialisent pas en IA. Le but est de leur offrir un socle commun en machine learning.
Du côté de la cybersécurité, François Dellacherie, directeur de Télécom SudParis, compte « aller chercher les jeunes » pour les intégrer aux formations post-bac dans le domaine. En tête : le bachelorCybersécurité EPITA. Il a accueilli 134 étudiants pour cette rentrée. Son effectif étudiant a été multiplié par deux en 3 ans, signale François Dellacherie. « La cybersécurité, c’est du concret ». Le leitmotiv du directeur de Télécom SudParis semble prendre forme dans la pédagogie de l’IP Paris pour former au sujet. Les étudiants sont mis en « conditions réelles d’attaque ». De nouveaux cours accessibles aussi bien en présentiel qu’en distanciel doivent aussi voir le jour.
Bien-être étudiant, diversité et international : des travaux en cours et des progrès à faire
Thierry Coulhon statue sur la question de la diversité au sein de l’Institut Polytechnique de Paris : « C’est un enjeu qui nous importe beaucoup. Nous ne sommes pas satisfaits de la situation, nous savons qu’elle nous dépasse […] et nous développons beaucoup [d’efforts pour parvenir à] l’égalité des chances ».
Plusieurs axes d’amélioration sont à espérer, notamment avec un centre spécialisé sur l’égalité des chances, la formation de conventions avec des lycées des régions et l’évolution de l’offre de formation en Cycle pluridisciplinaire d’études supérieures (CPES) pour attirer plus de filles, par exemple. Toutefois, Catherine Gaudy, directrice générale du Genes et Présidente du Comité vie étudiante IP Paris évoquait, timidement, un renforcement du taux de sélectivité.
Pour ce qui est du bien-être étudiant, l’IP Paris rappelle son partenariat avec Nightline France. La question des violences sexuelles et sexistes (VSS) est aussi abordée avec l’existence d’une plateforme de signalement et le déploiement d’une stratégie en faveur de l’égalité femmes-hommes.
Enfin, l’Institut entend poursuivre et renforcer le recrutement de talents internationaux et sa coopération avec d’autres établissements du monde. À terme, il a pour ambition de rivaliser avec les plus grands établissements d’ingénierie mondiaux : l’EPFL en Suisse, Caltech ou encore le MIT aux États-Unis d’Amérique.