Une crise qui dure depuis des années. Alors que les enseignants se sentent “insuffisammentpréparés pour faire leur métier” selon la dernière enquête Talis de 2018, de moins en moins de candidats se présentent au concours des profs chaque année, et les formationspeinent à faire le plein dans les académies.
De nouvelles mesures pour redresser le niveau des élèves français
Début 2024, le ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, doit annoncer des mesures pour tenter de redorer le blason de la profession. Son ministère planche, depuis plusieurs mois avec les syndicats, sur une réforme du recrutement et de la formation des enseignants. Celle-ci pourrait voir le jour à la session 2025 des concours des profs. Bien que rien ne soit arrêté, plusieurs options sont sérieusement à l’étude.
Avancer le concours à Bac + 3
C’est le scénario privilégié par le gouvernement : avancer le recrutement des enseignants au Bac +3. Depuis la réforme de l’ex-ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, le concours de la formation initiale des professeurs est accessible après un bac+5.
Une disposition qui rend la formation “épuisante”, de l’aveu même de Gabriel Attal, peut on lire dans les colonnes du Monde. En cinquième année d’études, les candidats aux concours des profs doivent ainsi préparer les concours, valider leur master, suivre leurs stages ou alternances et rédiger un mémoire.
L’idée de la nouvelleréforme - la quatrième d'ampleur en quinze ans - serait donc de ramener ces concours en fin de licence, à bac +3, avant de former, par la suite, les étudiants sélectionnés en stage, pendant deux ans. Ceux-ci seraient ainsi diplômés d’un master 2 avant de se lancer dans leur carrière de professeur.
Deux ans de formation rémunérés
Le gouvernement compte rémunérer les étudiants enseignants (comme c’est le cas actuellement lorsqu’ils sont en stage) sur leurs deux années de formation. Ces derniers pourraient donc percevoir une rémunération plus tôt dans leurs études, et bénéficier d’une formation initiale renforcée sur deux ans (contre 1 an actuellement), les motivant à s’engager dans cette voie.
En première année de Master de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF), les étudiants passeraient 25% du temps de leur formation en stage d’observation, avant de gagner en responsabilité en deuxième année. Ils seront alors responsables de classe à mi-temps. Ces étudiants pourraient ainsi percevoir une rémunération équivalente à l’indice minimum de la fonction publique, soit 1772 eurosmensuels bruts, nous apprend le blog spécialisé d’enseignants Café pédagogique.
Un parcours progressif dès la première année
Les critiques de la formation des enseignants ne manquent pas. En témoigne la dernière enquête internationale Talis, qui prend le pouls du professorat dans plusieurs pays d’Europe. Alors que la durée de formation recommandée pour les professeurs est de 4 ou 5 ans à l’international, les étudiants français considèrent manquer de connaissances pour se lancer en tant que profs.
C’est pour cela que le gouvernement songe à mettre en place des parcours progressifs dès la première année post-bac, détaille encore Le Monde. Pour les étudiants enseignants du primaire, cela se traduirait par une généralisation des licences “parcours préparatoire au professorat des écoles”. Pour le second degré, il y aurait des “modules de sensibilisation” au métier, en plus de licences disciplinaires labellisées par l’Etat.
Les syndicats craignent une formation au rabais
Si ces mesures ne sont que des pistes, elles font réagir les syndicats. La plupart d’entre eux sont d’avis pour un décalage du concours à bac +3 sous certaines conditions, à l’exception de la SNES-FSU. Celui-ci craint un “recul de la garantie de la maîtrise disciplinaire” et défend le concours à bac + 5 avec des “pré recrutements” dès la licence, lit-on dans Le Monde.
En effet, les propositions du gouvernement font craindre une formation au rabais, en considérant les stages “comme un moyen d’enseignement”, prévient le syndicat auprès de Café pédagogique. Il dénonce en outre la précipitation avec laquelle le ministère tient à réformer. “On réforme tellement le concours qu’il n’y a plus de visibilité pour les étudiants”, estime-t-il.
Côté institutionnel, un rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGERS) soutient le maintien du concours à bac +5. Celui-ci étudie le système de formation initiale des enseignants dans cinq pays de l’UE comparables à la France. Considérant que “le format actuel de la formation des professeurs des écoles en France ne garantit pas que chaque étudiant aura acquis des compétences et connaissances indispensables”, il préconise de “mettre en place un parcours de formation initiale des professeurs des écoles en cinq ans structuré en un seul bloc”.