La mobilité étudiante internationale en berne. L’accueil des étudiants internationaux en 2024 est en chute libre dans 41 % des universités à travers le monde. C’est ce que nous apprend une récente enquête relayée mi-novembre par le quotidien britannique spécialisé dans les études supérieures Times Higher Education (THE). Ce rapport, mené par la plateforme Studyportals, en partenariat avec Nafsa (une association internationale d’enseignants), a été réalisé auprès de 365 établissements d’enseignement supérieur dans 66 pays.
Il en ressort que, cette année, les inscriptions d’étudiants internationaux dégringolent dans plusieurs pays par rapport à l’année dernière : au Canada (-27 %), au Royaume-Uni (-18 %) et aux États-Unis (-6 %). En Asie, cette baisse est de 4 %, tandis que les pays africains restent stables. Il n’y a que dans l’Union européenne que ce chiffre est en hausse (+2 %). Enfin, si l’Australie n’a pas été incluse dans cette enquête, ce pays pourtant très attractif pour les étudiants internationaux n’est pas en reste : le nombre de visas étudiants a baissé de 15 % entre 2023 et 2024.
Un phénomène global qui s’explique entre autres par les « politiques restrictives » des États à travers le monde, contre lesquelles les auteurs du rapport appellent les universités à lutter. Car cette baisse du nombre d’étudiants étrangers mettrait en péril non seulement le modèle financier des établissements concernés, mais aussil’accessibilité des études à l’international.
« Les politiques gouvernementales influencent les choix des étudiants »
Ces résultats « confirment que les politiques gouvernementales influencent les choix des étudiants, soit en facilitant, soit en entravant l’accès, et ne doivent pas être sous-estimées », note Fanta Aw, directrice de Nafsa. En effet, si les questions de l’accessibilité financière, du logement et de la maîtrise de la langue sont des facteurs déterminants dans le choix des destinations, les étudiants sont également bloqués par des politiques gouvernementales restrictives ou des problèmes d’obtention d’un visa étudiant, souligne l’enquête.
Des facteurs politiques qui représentent des problèmes importants pour la moitié des universités interrogées dans l’enquête, en particulier dans les pays anglophones (93 % des universités au Canada, 61 % au Royaume-Uni et 58 % aux États-Unis). Comme en Australie, le Canada et le Royaume-Uni sont concernés, depuis l’an dernier, par des restrictions sur les visas étudiants. Aux États-Unis, c’est le délai d’obtention des visas étudiants qui a contribué à la diminution du nombre d’étudiants étrangers, révèle encore l’enquête.
Face à ces défis, les étudiants, qui se tournent habituellement vers d’autres destinations en cas de difficulté, « abandonnent ou reportent leurs projets d’études », regrette Edwin van Rest, directeur de Studyportals. Les auteurs de l’enquête alertent sur l’effet boule de neige que peut prendre ce phénomène. À ce rythme, les universités, qui comptent beaucoup sur les inscriptions internationales, élément pivot de leurs financements, vont devoir adapter leur stratégie pour survivre.
Cela pourra passer par des augmentations de frais d’inscriptions, mais aussi des suppressions de postes dans l’enseignement supérieur, par exemple. À l’image du Canada, où 40 % des établissements anticipent d’ores et déjà des changements importants dans leurs programmes d’études. 60 % d’entre eux pensent en effet que des coupesbudgétaires sont très probables d’ici à l’an prochain et 27 % s’attendent à des réductions de personnel, révèle encore l’enquête.
Pourquoi les universités québécoises attirent-elles autant ?