Le phénomène, qu’on ne présente plus, s’est installé à vitesse grand V. En quelques années à peine, l'intelligence artificielle a bousculé les codes et les usages. Au quotidien, dans les études mais aussi au travail : l’IA est partout et devient une compétence à part entière. Sur le marché de l’emploi, les recruteurs recherchent désormais des talents capables de conjuguer leurs connaissances en IA avec les savoirs-faire « classiques » en lien avec leurs diplômes.
Dans l’enseignement supérieur, de plus en plus de formations montent au créneau afin de proposer des cursus adaptés à ces nouvelles attentes. Du côté des étudiants, ces derniers adoptent de nouveaux réflexes pour identifier et maîtriser les outils d’IA utiles à leurs parcours académiques mais aussi dans leurs projets professionnels. Décryptage.
Comment en faire son alliée dans ses études… sans se faire piéger ?
L’IA, un « marqueur différenciant »
Aujourd’hui, difficile de trouver un secteur qui n’est pas concerné par la révolution de l’intelligence artificielle.« D’une profession à l’autre, les attentes en matière d’IA sont bien différentes », précise Yoel Tordjman, cofondateur de Datascientest, leader de la formation en data science et école du groupe OMNES éducation. Du marketing, à la cybersécurité en passant par les ressources humaines, « les entreprises s’adaptent et s’équipent dans un même but : celui d’assurer des gains de productivité », explique-t-il.
« Je reçois de plus en plus d’alertes d’emploi axées IA plutôt que développeur », Théo, étudiant en programmation informatique
Dans ce contexte, les recruteurs attendent de nouvelles compétences de la part de leurs futurs salariés. « Ce bagage de maîtrise de l’IA est un marqueur différenciant sur le marché du travail », insiste Yoel Tordjman. Une nouvelle donne que ressentent très clairement les étudiants des écoles d’ingénieurs et de commerce notamment.
Théo, 21 ans, étudiant en alternance à la Coding Factory en fait l’expérience au quotidien : « Je reçois de plus en plus d’alertes d’emploi axées IA plutôt que développeur », explique-t-il. S’il utilise déjà l’IA depuis près de 3 ans, pour son usage personnel, dans ses tâches administratives ou au travail, pour rédiger des mails et trouver des idées, le jeune homme est conscient qu’il doit aller plus loin pour se démarquer. « Un de mes objectifs, c’est de savoir créer un algorithme d’IA par moi-même », confie-t-il.
Pour Rachel, étudiante en 3e année de Bachelor en école de commerce, il n’y a pas de doute : l’IA « fait partie de l’avenir ». Rédactions de pitch, code, élaboration de business plan : la jeune femme perçoit l’IA comme une béquille, qui lui permettra, selon elle, de développer et d’amplifier d’autres compétences, comme des softs skills, qui la valoriseront sur le marché du travail.
Une compétence qui s’apprend
Pour se démarquer dans leurs études puis sur le marché du travail grâce à l’IA, nos deux étudiants sont aussi conscients de la rapidité de l'évolution de cet outil. En plus de leurs cours ou séminaires sur le sujet, ils sont en veille permanente pour rester à la page. « Il y a beaucoup de nouveautés qui sortent tous les jours. On mène donc un travail de documentation, on se renseigne au maximum et on teste tout ce que l’on voit passer », résume ainsi Théo.
Du côté des programmes académiques, les établissements de l’enseignement supérieur marquent le pas et adaptent leurs cursus. À l’ECE, par exemple, l’école d’ingénieurs a lancé, en 2024, un « fab lab » pour l’IA, dans le but de former les étudiants à la pratique de l’IA générative. « Ce que l’on enseigne, ce sont des compétences assez pointues sur l’IA pour répondre aux nouvelles attentes des employeurs, qui recherchent des profils d’ingénieurs et d’experts sur ces sujets-là », détaille le directeur général de l’école d’ingénieurs, François Stephen.
Dans les business schools, comme à l’ISC Paris, les étudiants sont, eux, invités à participer à des séminaires et ateliers collaboratifs autour de l’IA, comme une « fresque de l’IA ». Un learning center a ainsi été lancé afin d’accompagner les étudiants comme les professeurs sur les usages mais aussi les limites de l’IA, pour leurs travaux de recherche notamment.
Autant d’approches flexibles et adaptées aux besoins, qui rejoignent un même but, comme le résume le François Stephen : « apprendre aux étudiants de toutes les disciplines à bien utiliser l’IA, en évitant les pièges et à l’intégrer dans les processus de décision lorsqu’ils seront en poste ».
Des pratiques encore perfectibles, mais qui font gagner du temps
Les compétences humaines : un pilier indétrônable de l’emploi
Si le mouvement de fond créé par l’IA bouleverse le marché du travail, redessinant les attentes voire menaçant certains emplois, l’intelligence artificielle ne remplace pas certaines compétences, qui restent indispensables aux yeux des recruteurs. Selon le Forum économique mondial, la compétence la plus recherchée sur la période 2025-2030 par les entreprises est en effet la pensée analytique. Elle est suivie par la résilience, la flexibilité, l’agilité, le leadership et l’influence sociale.
Autant de soft skills liées à des compétences profondément humaines, qui permettent finalement d’appréhender au mieux les nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle. « L’IA va révolutionner de nombreux métiers, mais ceux qui sauront l’utiliser intelligemment feront la différence », conclut François Stephen.