Le stage semble être un passage incontournable dans le parcours des jeunes. En quoi cette immersion en entreprise leur est utile ? Quels en sont les bénéfices et les désagréments ? Réalisée par VersLeHaut pour le compte du Medef et du collectif Orientation, une étude menée avec OpinionWay tente de répondre à ces interrogations.
Intitulée “Immersions des jeunes en entreprise : une école des compétences humaines”, cette dernière a été dévoilée lors du lancement de la 25e édition de la Semaine école-entreprise (du 18 au 22 novembre 2024) ce lundi 18 novembre 2024, en présence d’Anne Genetet, ministre de l’Éducation nationale. L’objectif ? Comprendre et analyser la perception et les expériences des jeunes âgés de 13 à 20 ans, mais aussi des parents, des enseignants et des entreprises, concernant les immersions professionnelles pendant les études.
Le stage : un dispositif bénéfique plébiscité par les élèves
Bien que le stage puisse être critiqué par le manque de reconnaissance une fois sur le terrain ou sa faible gratification, il est pourtant le bienvenu chez les jeunes interrogés pour l’enquête. Ainsi, parmi tous les sondés qui ont pu effectuer des visites en entreprise (56%), réaliser un stage obligatoire d’observation (91%) ou facultatif (37%), une majorité semble satisfaite. En effet, près de 9 élèves sur 10 aiment l’idée de faire des visites et 85% apprécient leur stage.
Les entreprises ne vont pas à l’encontre de cette idée et se montrent encore plus enthousiastes en ce qui concerne les atouts de ces immersions. 94% des sociétés sondées estiment qu’elles sont bénéfiques (89% des parents et 91% des enseignants).
L’introduction d’un stage obligatoire en seconde est globalement bien accueillie par les parties prenantes : 80% des jeunes, 81% des parents et 73% des enseignants y sont favorables.
Pourtant, être bénéfique ne signifie pas être sans difficultés. Même si les stages et les rencontres en entreprise semblent représenter des bienfaits pour toutes les personnes interrogées, les sociétés y trouvent quelques couacs. En effet, certaines soulignent des difficultés majeures dans leur organisation et dans la mise en place de ces dispositifs.
Selon l’étude, 45% des entreprises peinent à libérer du temps pour encadrer les élèves. De plus, 37% jugent que les élèves sont mal préparés, trouvant que seulement 1 élève sur 2 se montre curieux. Pourtant, 95% des élèves interrogés se disent bien accueillis en entreprise et 92% apprécient leur stage.
Stop au stage d’observation
Les jeunes ont besoin de concret. C’est la raison pour laquelle 4 jeunes sur 10 souhaiteraient participer concrètement à des tâches pendant le stage, plutôt que de simplement observer.
D’après l’étude, la part d’observation au cours d’un stage ne devrait pas prendre le dessus sur la pratique, qui permet d’avoir une vision plus approfondie des réalités d’un métier. “Tous les élèves rencontrés s’accordent à limiter l’observation à une petite part de l’immersion”, peut-on lire dans l’enquête.
Les élèves qui participent davantage dans les missions de l’entreprise sont d’ailleurs d’accord pour dire qu’ils retirent plus de bénéfices de leur stage. Parmi les 37% qui se sont vus confier un projet :
- 44% ont le sentiment d’avoir acquis des savoir-faire
- 40% comptent valoriser cette expérience sur leur CV ou sur Parcoursup
- 36% ont le sentiment d'avoir acquis de nouvelles compétences liées à l’attitude professionnelle
Résumé : “En classe comme en entreprise, les élèves sont désireux de faire “pour de vrai”. Confectionner un objet, publier un article, mener une enquête : une réalisation qui soit à la fois le fruit de leur engagement, le témoin de leur implication auprès de leurs proches, et le marqueur sur le long terme d’une expérience réalisée”, dévoile l’enquête.
Reconsidérer ses projets d’avenir
Le stage sert-il à remettre ses projets en question ? Selon l’étude, tout à fait. Les immersions professionnelles peuvent donc avoir un effet inverse sur la consolidation du projet professionnel des élèves. Ainsi, un jeune qui pensait s’épanouir plus tard dans les métiers de la santé peut finalement se rendre compte qu’il n’est pas fait pour lors d’une immersion en entreprise.
Après un stage, les élèves peuvent donc être amenés à se remettre en question. Ils sont nombreux à se dire “surpris”, mais aussi “déroutés”, voire “déçus” ou encore “perdus”. Pour l’enquête, une élève de première témoigne : “J’étais dans un cabinet d’avocat en observation. On me donnait des choses à lire, j’essayais de comprendre, mais je ne pouvais pas poser de questions. Je déjeunais toute seule. C’était stressant. J’ai décidé de ne pas devenir avocat.” Une autre élève, en seconde, ressort les idées plus claires de son expérience : “J’idéalisais trop ce métier. Le stage m’a permis de le voir sous un autre angle et de comprendre que ce ne serait pas pour moi.”
Le stage peut donc générer des incertitudes, plus que des certitudes pour certains. En effet, seuls 3 élèves sur 10 considèrent que leur stage leur a “donné des envies pour leur future orientation.” Ceci dit, cette réponse intervient en 3e position, après avoir “pu découvrir ou mieux connaître un secteur, une filière professionnelle ou un métier” et avoir “découvert comment fonctionne une entreprise.”
Les immersions professionnelles sont donc à double tranchant : elles peuvent aussi bien semer le doute que permettre aux jeunes d’avoir une vision plus claire de leur avenir.
*Cette enquête a été réalisée auprès de 636 jeunes âgés de 13 à 20 ans scolarisés de la classe de cinquième à la terminale, 602 entreprises, 889 parents d’élèves et 600 enseignants.
