Après avoir décroché son diplôme d’architecture d’intérieur en juin 2025, Élie a enchaîné avec son job d’été. Une profession très particulière puisque le jeune diplômé vient de terminer le Tour de France. Il n’a pas participé à cette compétition sportive sur son vélo, mais en tant que caravanier.
Sa mission ? Conduire le char poireau de l’enseigne E. Leclerc qui ouvre le bal d’autres véhicules du groupe chargés de distribuer des goodies au public. Pour Diplomeo, il revient sur son parcours académique, mais aussi et surtout sur cette expérience insolite qu’il recommande de vivre au moins une fois.
Tu viens d’obtenir ton diplôme d'architecte d’intérieur. Qu’est-ce qui t’a attiré dans cette voie ?
Je suis quelqu’un de créatif et j’aime beaucoup cet univers. C’était une évidence au regard de mes passions : le bricolage et la peinture. Et ces cinq années d’études m’ont surtout permis de découvrir ce qui me plait dans ce métier. Ce qui me plaît le plus, c’est concevoir l’ergonomie du lieu, savoir comment la personne va l’habiter, plutôt que la partie décoration.
[caption id="attachment_48689" align="alignnone" width="1200"] © Séverine Mignot[/caption]
Qu’est-ce qui t’a conforté dans ce choix ?
J’ai intégré une école à Lyon qui propose deux cursus : déco d'intérieur en 3 ans et architecture d'intérieur en 3 ans. Je me suis inscrit dans le premier, mais je ne me retrouvais vraiment pas dans la partie déco. J’ai fait une demande pour changer de filière. C’est là où j’ai découvert que je prenais plaisir dans toute la dimension ergonomie du métier d'architecte d'intérieur.
Tu as enchaîné avec le rôle de conducteur de char poireau de E. Leclerc. Comment as-tu eu ce job ?
J’ai envoyé mon CV et une vidéo de présentation pour me démarquer. Ils ont reçu 1 900 candidatures et ont convoqué une trentaine de personnes pour des entretiens collectifs en visio, avant d’en sélectionner trois pour des rencontres individuelles.
Durant nos échanges, on nous interrogeait surtout sur nos expériences avec la conduite. On mange beaucoup de kilomètres, entre 6 000 et 7 000 sur un mois. Ils s’intéressent aussi à l’aspect voyage, représentation d’une marque et la capacité à être extraverti.
C’était quoi ton rôle ?
Il y a trois grands types de postes sur une caravane : conducteur, animateur et distributeur. Mon poste, c’était chauffeur poireau. Le matin, j’aidais tout de même les distributeurs à remplir leur stock de goodies et à monter, puis démonter les décors des autres véhicules de la caravane.
J’accueillais également des invités (créateurs de contenus, journalistes, etc.) et je préparais les bouteilles d’eau, les paniers repas et le véhicule pour qu’ils passent une bonne journée. J’essayais également d’interagir ou de faire coucou au public. Ça leur fait toujours plaisir.
Certes, on cumule de la fatigue, mais on est tellement pris dans l'euphorie qu’on arrive à la dompter
Je crois savoir que tu attendais particulièrement l’étape du 23 juillet à Valence
C’était l’étape à la maison et c’est cool d’évoluer sur des routes qu’on connaît. Les 30 derniers kilomètres, du monde était même venu me voir !
Mais le Tour de France m’a vraiment permis de me rendre compte que je ne connaissais pas la France et qu’il y a énormément de choses à voir. Les Pyrénées, les Alpes, l’arrivée à Paris mythique… Ce sont des choses que je n'oublierai jamais !
Quel moment t’a-t-il particulièrement marqué durant le Tour ?
À l’arrivée à Courchevel, toutes les caravanes étaient bloquées en haut de la ville car nous attendions les coureurs pour repartir. On s’est retrouvé sur une tête d’épingle à faire la fête pendant une quinzaine de minutes, toujours dans le respect des coureurs. On a pris énormément de plaisir à être ensemble.
Une autre anecdote marquante, c’est une panne de réveil que j’ai eue le lendemain d’un jour off à Montpellier. Ces dates sont toujours un peu complexes à gérer car on perd toutes nos habitudes. Je me suis réveillé 1h à 1h30 après le départ des caravaniers de l’hôtel. J’ai donc dû appeler le chef des caravanes pour qu’il m’amène au point de départ. C’était un énorme coup de stress, mais ça arrive à tout le monde et, le soir-même, on en rigole !
C’est une expérience de folie durant laquelle on est sur boosté pendant 3 semaines !
Ce n’était pas trop épuisant ?
Les gros dormeurs risquent de prendre un coup, mais je ne dors pas beaucoup de base, donc j’étais assez habitué aux petites nuits. Certes, on cumule de la fatigue, mais on est tellement pris dans l'euphorie qu’on arrive à la dompter. Et en cas de petit coup de mou, on se soutient et on s’entraide tous !
[caption id="attachment_48691" align="alignnone" width="1200"] © Séverine Mignot[/caption]
Cette expérience t’a-t-elle été utile sur le plan pro ?
C’est une plus-value pour le CV. Je souhaite lancer ma propre boîte, donc ajouter des compétences sur mon CV n’est pas ce qui m’a attiré. J’étais surtout porté par cette expérience ! Mais, pour certaines personnes, c’est un tremplin hyper intéressant. Par exemple, il y a beaucoup de comédiens sur le Tour et cela leur donne une certaine visibilité, notamment avec toutes les interviews que nous donnons par la suite.
Quel bilan dresse-tu de cette expérience ?
C’est une expérience de folie durant laquelle on est sur boosté pendant 3 semaines ! On se mélange avec des personnes de tous horizons et c’est génial ! C’est assez dingue et difficile à décrire, mais on vit des choses fortes et je la recommande à tout le monde.
Tu as un conseil pour ceux qui veulent postuler l’an prochain ?
Il ne faut pas chercher à vouloir se démarquer, mais vraiment rester naturel. Il ne faut pas avoir peur du ridicule et de prendre la parole en public. Si on est impressionné durant l’entretien collectif, cela sera compliqué par la suite, car le métier de caravanier nécessite d’être en contact permanent avec une quarantaine de personnes. En tout cas, je suis resté moi-même, toujours avec le sourire et j’ai compris que c’est ce qui avait pu faire la différence.
Quelle est la suite pour toi ?
Avant de partir pour le Tour de France, j’envisageais deux possibilités : partir en tant que garçon au pair pendant un an, soit en Amérique du Sud, soit en Amérique du Nord, ou commencer à travailler en tant qu’architecte d’intérieur tout en débutant des études de cinéma et de théâtre. C’est un domaine qui m’intéresse particulièrement !
Pour le Tour de France, j’ai eu la réponse le 13 juin. C’était vraiment à la dernière minute. Je suis rentré il y a deux jours. Je me laisse du temps pour faire passer la rechute émotionnelle, puis je me déciderai. Je pense tout de même partir pendant un an à l’étranger, puis refaire le Tour de France, si on m’accepte, avant d’intégrer le monde du travail.