Une annonce qui agite le débat public. L’Unicef, avec le soutien de 33 maires de France — dont ceux de Paris et de Lyon, Anne Hidalgo et Grégory Doucet — propose, dans une tribune, d’abaisser la majorité électorale à l’âge de 16 ans pour les élections municipales de 2026.
« Nous, élus locaux et associations, sommes convaincus qu’il est temps de donner plus de place aux jeunes dans notre démocratie », peut-on lire dans cette tribune. « Dans un contexte de déclin démocratique mondial et alors que les jeunes générations s’engagent de plus en plus dans leurs territoires, il est temps de donner aux jeunes l’opportunité d’exercer leur droit d’être entendus ».
Lutter contre l’abstention et faire des jeunes « une priorité »
En France, l’abstention demeure très importante. Lors des dernières élections législatives de 2024, près de 67 % de la population française ne s’est pas rendue aux urnes. Dans leur tribune, l’Unicef et les maires de France veulent croire qu’abaisser la majorité électorale va « stimuler l’intérêt » des jeunes pour la politique.
« Face à une défiance croissante envers les responsables politiques et des niveaux d’abstention préoccupants, l’abaissement de la majorité électorale pour les élections locales, soutenu par le Comité des Nations Unies pour les droits de l’enfant, par le Conseil de l’Europe et par le Conseil économique, social et environnemental (CESE), a déjà démontré son efficacité », apprend-on dans le texte.
Par ailleurs, les édiles de France estiment que l’abaissement du vote à 16 ans pour les municipales, c’est permettre aux jeunes de prendre en compte leurs intérêts afin qu’ils puissent être entendus. « Nous pensons qu’ils doivent pouvoir contribuer au choix de leurs représentants », jugent-ils. « Les jeunes de 16 à 18 ans sont considérés capables de faire des choix éclairés et de démontrer des capacités de prise de décision rationnelles sur de nombreux sujets ».
« À 16 ans, on est quand même énormément sous l’influence de nos parents »
Pour les jeunes concernés, cette mesure portée par les différents maires de l’Hexagone récolte des avis partagés. Si cette proposition revient régulièrement sur la table à chaque période d’élections locales comme nationales, celle-ci concernait 1,6 millions de jeunes pour les municipales de 2026.
« Je ne m’y connais pas trop, mais c’est vrai qu’il y en a certains qui sont intéressés », estime un jeune, auprès de franceinfo. « Je trouve que c’est une bonne idée, ça leur donne plus de droits, plus de liberté. Si on a assez de maturité et que l’on comprend la chose, oui, on peut voter à 16 ans », ajoute-t-il.
À l’inverse, certains adolescents pensent qu’ils ne sont pas encore assez grands pour avoir leurs propres opinions. « À 16 ans, on est quand même énormément sous l’influence de nos parents », renchérit une autre concernée. « Il y en a aussi énormément qui ne sont pas prêts et qui vont peut-être voter et ce sera juste un vote de leurs parents qui comptera double ».
Du côté des politiques, cette mesure est bien accueillie, notamment à gauche. Dans une interview sur le plateau de TF1 ce matin, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, défend cette mesure. « Il faut abaisser le droit de vote à 16 ans et pas que pour les municipales », explique-t-elle.
Je suis pour le droit de vote à 16 ans à toutes les élections !
Rabotage du Pass culture, Parcoursup, Service national universel, uniforme à l'école : les 16-17 ans sont victimes d'un tas de politiques car ils ne peuvent pas voter.
Ils doivent pouvoir s'exprimer dans les urnes. pic.twitter.com/koQhGDthA8
— Marine Tondelier (@marinetondelier) April 22, 2025
« Aujourd’hui en France, on peut ouvrir un livret d’épargne à 12 ans, on peut faire un testament à 16 ans, mais par contre pour voter il faut attendre 18 ans », poursuit-elle, en arguant qu’ils peuvent s’exprimer sur des sujets qui les concernent comme le Pass culture, l’uniforme à l’école, Parcoursup ou encore le SNU. « Le premier vote on s’en souvient, et qu’il ait lieu à 16 ans quand on est encore scolarisé, cela permet un apprentissage de la citoyenneté et de se forger son opinion », affirme la première secrétaire des Verts.