Bachelière à 9 ans : les obstacles d’une entrée précoce dans le supérieur

Le bac 2025 a été marqué par un nouveau record : une élève de 9 ans a décroché son bac. Un exploit qui soulève de nombreuses questions, à commencer par celle de la poursuite d’études de candidats aussi jeunes.
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Les enfants de son âge ont fait leur rentrée en CM1 ce mois de septembre, mais elle a déjà décroché le sésame d’entrée vers les études supérieures. À seulement 9 ans, une élève est devenue, cet été, la plus jeune diplômée du baccalauréat.

En juin 2025, cette jeune fille a passé son bac spécialité maths et physique-chimie en candidat libre, qu’elle a eu aux rattrapages, a précisé le ministère de l’Education nationale début septembre. Un exploit très commenté par la presse et sur les réseaux sociaux, qui soulève de nombreuses questions, à commencer par celle de la poursuite d’études de la jeune bachelière.

Car si les étudiants débutent leur parcours universitaire généralement à partir de 17 ou 18 ans, l’accès aux études supérieures est-il adapté aux très jeunes recrues ? Y a-t-il un âge minimum pour s’inscrire dans le supérieur ? Quel est leur suivi pédagogique ? On fait le point.

Le bac : sésame d’entrée dans le supérieur

En France, l’accès à l’enseignement supérieur est conditionné par l’obtention du baccalauréat ou diplôme équivalent. L’âge n’est donc pas un élément déterminant pour pousser les portes de l’université ou d’un établissement du supérieur, comme une classe prépa, un IUT ou un BTS.

Les plus jeunes bacheliers de France, qui défraient chaque saison la chronique avec des records d’obtention précoce du bac, peuvent donc tout à fait suivre leurs études dans le supérieur, une fois leur sésame obtenu. En témoignent ces quelques exemples :

  • Arthur Ramiandrisoa, détenteur du record du plus jeune bachelier de France jusqu’à cette session 2025, était âgé de 11 ans et 11 mois quand il a décroché son bac, en 1989. Son bac en poche, il s'inscrit à l’université, en mathématiques, validant un DEUG, une licence, une maîtrise, jusqu’à son doctorat d’analyse numérique, qu’il obtient à seulement 20 ans.
  • En 2009, Hugo Sbai valide quant à lui son bac scientifique mention très bien à 12 ans et un mois, avant de se lancer dans un cursus en informatique à l’université. À 18 ans, il obtient un double doctorat en informatique, à Paris, et en cybersécurité, à l’université d’Oxford.
  • En 2023, Adam, 12 ans, décroche son bac avec mention bien. Il rejoint une classe prépa économique et commerciale dans l’optique d’intégrer HEC. Un choix différent de celui de sa grande sœur, qui avait obtenu, deux ans plus tôt, son bac à l’âge de 14 ans avant de se lancer dans des études de médecine.

Si on ne connaît pas les intentions de la jeune lauréate du baccalauréat 2025, on peut dès lors tout à fait imaginer qu’elle prétende à une inscription dans l’enseignement supérieur en France.

Difficultés d’intégration

S’il arrive que de très jeunes étudiants franchissent les portes de l’enseignement supérieur, leur suivi pédagogique fait généralement l’objet d’une attention particulière. C’est le cas en tout cas à l’EMLV. L’école de commerce et de management parisienne a l’habitude d’accueillir des étudiants qui ont obtenu leur bac un an en avance.

“Un jeune de 15 ou 16 ans n’a pas la même maturité sociale que ses camarades de 18 ou 20 ans”

Si l’écart entre ces étudiants et ceux qui intègrent cette école post-bac à un âge plus classique n’est pas si impressionnant, il y a bel et bien une “réelle différence”, note Cyril Blondet-Vargas, directeur des programmes de l’EMLV. “L’évolution intellectuelle et sociale est très rapide dans ces tranches d'âge. Un jeune de 15 ou 16 ans n’a pas la même maturité sociale que ses camarades de 18 ou 20 ans”, poursuit-il.

“La difficulté, c’est que ces profils ne soient pas bien intégrés, au sein de leurs groupes de travail en classe notamment”, ajoute Cyril Blondet-Vargas. Dès la rentrée, les enseignants de l’EMLV sont ainsi informés des cas particuliers parmi leurs étudiants, qui font l’objet d’un suivi prononcé.

Vigilance accrue sur la santé mentale

Ces étudiants étant mineurs, leurs parents ou tuteurs légaux doivent en outre être tenus au courant de la situation de leur enfant, ce qui renforce l’attention de la part de l’école. “Certaines activités, comme les séminaires d’intégration, leur sont interdites pour éviter tout débordements”, précise Cyril Blondet-Vargas. Une vigilance accrue qui concerne aussi la santé mentale de ces jeunes. “Ils ne sont pas toujours à l’aise dans leurs baskets à cet âge-là, ils sont plus fragiles”, rappelle le directeur des programmes.

Des points d’attention particulièrement critiques, car ils peuvent mener à l’échec. Pour les cas les plus exceptionnels, comme celui de la bachelière de 9 ans, certains experts grincent des dents. “Le but de l’éducation, le but de la pédagogie, ce n’est surtout pas d’aller plus vite” commente ainsi Sébastien Ponnou, psychanalyste et professeur en sciences de l’éducation à Paris 8 auprès de Franceinfo. “Au contraire, c’est cultiver le rapport au savoir, le désir de savoir de l’enfant, les expérimentations… Et tout ça prend du temps”.  

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