On parle beaucoup du secteur de la médecine actuellement, notamment par le biais de l’annonce en septembre 2018 de la réforme des études de santé. En parallèle de toutes les questions que cela soulève et de tous les changements annoncés pour les étudiants, nous avons voulu nous pencher sur l’identité de ces derniers : qui sont les jeunes qui étudient la médecine aujourd’hui ?
Quel genre ?
Le temps où les garçons étaient majoritaires au sein des cursus en santé est bel et bien révolu. Si la gent féminine est toujours peu représentée dans certaines filières scientifiques telles que les cursus en écoles d’ingénieurs — où elles représentent environ 30 % des effectifs —, elles sont aujourd’hui majoritaires en médecine, et cette tendance s’accroît chaque année un peu plus. En première année de PACES, sept étudiants sur dix sont donc des filles, et six sur dix en deuxième année de médecine. Une fois arrivé dans le monde professionnel, le constat est le même puisque les femmes représentent 66 % des effectifs des médecins généralistes âgés de moins de 30 ans en France, et gagnent sans cesse du terrain dans les pratiques spécialisées telles que la chirurgie ou la gynécologie, par exemple.
Les raisons de cet engouement féminin peuvent être multiples : le côté emphatique et aide à la personne est souvent mis en avant pour expliquer pourquoi les filles s’intéressent à la médecine. Au risque de mettre en exergue certains clichés, la douceur et la patience souvent attribuées à la gent féminine seraient ainsi des facteurs de la présence et de la réussite de cette dernière au sein des filières en santé.
Quel background social ?
Autre caractéristique de l’étudiant en médecine, correspondant à une réalité qui elle peine à évoluer dans le temps : les jeunes sont majoritairement issus de classes sociales favorisées. En 2015, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques a mené l’enquête sur les profils des étudiants en médecine pour arriver à la donnée suivante : quatre jeunes sur dix proviennent de milieux sociaux aisés. Pire encore, ces « privilégiés » vont multiplier leurs chances de performer dans leurs études de santé. Selon l’étude, « un enfant de cadre a deux fois plus de chances qu’un enfant d’ouvrier d’intégrer une deuxième année » de PACES.
Tous ces facteurs font que les études de médecine font partie des plus « clivées socialement, derrière les classes préparatoires aux grandes écoles ».
Quel cursus scolaire ?
Être une fille et provenir d’un milieu aisé, voici donc deux critères favorisants, selon les différentes études menées, l’entrée en études de santé et la réussite à l’issue de ces dernières. Nous pourrons pour conclure rajouter à cela le fait que l’immense majorité des étudiants en médecine proviennent d’une filière scientifique au lycée. Mais avoir son bac S en poche n’est pas suffisant pour correspondre au profil idéal de l’étudiant en santé : avoir une mention, et pas n’importe laquelle, voilà le sésame pour intégrer à coup sûr ou presque une filière dans le domaine de la médecine, puis pour valider sa formation.
Une étude a ainsi démontré que parmi les inscrits en PACES à la rentrée 2015, plus des trois quarts des bacheliers S ayant obtenu une mention « très bien » avaient réussi le concours, contre un quart seulement pour les bacheliers ayant eu une mention « assez bien ».
On comprend donc aisément au regard de ces trois éléments de caractérisation de l’élève type des études de santé que l’égalité des chances et que la mixité, en termes de genre ou sociale, ne sont pas encore à l’ordre du jour dans des filières qui sont pourtant actuellement en pleine mutation.