Rebondir pour mieux s’épanouir. C’est ce qu’espèrent ces étudiants qui retournent sur la plateforme Parcoursup, après une première tentative peu fructueuse dans l’enseignement supérieur. Un changement d’avis, un cursus trop difficile ou tout simplement une orientation non souhaitée : les motivations pour faire volte-face sont multiples.
Un étudiant qui suit actuellement un cursus en première année post-bac peut retourner sur la plateforme, si la filière actuelle dans laquelle il étudie ne lui convient pas. Sur les 936 000 candidats inscrits en 2022, près de 200 000 jeunes se sont réorientés sur le portail, apprend-on sur le site.
Ce jeudi 9 mars 2023 marque la fin de la saisie des vœux sur Parcoursup. Mais les lycéens comme les réorientés ont jusqu’au 6 avril prochain pour confirmer leurs vœux et clôturer leurs dossiers. La course contre la montre est donc engagée !
Se réorienter pour mieux se relancer
Des parcours différents, mais un désir commun : troquer sa filière actuelle pour une autre. Chaïma est actuellement étudiante en première année de langues, littératures, civilisations étrangères et régionales (LLCER) Anglais à l’université Grenoble-Alpes. Elle a opté pour la spécialité LLCER dès la première au lycée et souhaitait continuer sur cette lancée dans le supérieur. Mais elle a vite déchanté face à ce qu’on lui proposait en faculté. « La méthode de travail et la filière ne me correspondent pas », témoigne-t-elle. « On nous a mal informés : on nous expliquait que cette licence serait une continuité de la spé du lycée, mais cela n’a clairement rien à voir ».
L’étudiante regrette que l’histoire et la linguistique soient mises en avant au détriment de la littérature, qu’elle affectionne particulièrement. « Au lycée, on se concentrait vraiment sur la lecture des livres et des poèmes qu’on étudiait ensuite. À la fac, on ne fait presque que de la grammaire et de la linguistique, donc c’est un peu pénible ».
Pour le moment, la jeune femme n’a pas d’idée précise sur son futur métier. Néanmoins, elle se voit bien étudier en BUT, car la formation est plus encadrée qu’en licence. « J’ai opté pour plusieurs mentions : communication, gestion des entreprises et des administrations et métiers du multimédia et de l’internet », indique-t-elle. Chaïma pense bénéficier d’une réponse favorable dans un IUT. Par prudence, cette dernière a demandé des licences, notamment en sociologie et en économie.
De son côté, Wassim étudie actuellement en BTS services informatiques aux organisations (SIO) dans l’agglomération lyonnaise. Ce cursus dense, à raison de 33 heures hebdomadaires, ne lui convient pas. « Mon emploi du temps est trop contraignant et j’ai déjà la plupart des connaissances du BTS grâce à mon apprentissage personnel à la maison », affirme-t-il.
L’étudiant s’est d’ores et déjà renseigné auprès de l’université Lyon 2 — Louis Lumière afin de se réorienter en licence d’informatique. S’il s’est quand même réinscrit sur Parcoursup « au cas où », il espère tout de même valider sa première année de BTS pour intégrer une L2 informatique. « Selon le secrétariat de la faculté, la passerelle est possible », précise-t-il. « Parcoursup, je le vois comme un moyen plus facile et centralisé de candidater pour des études supérieures ».
Jamais deux sans trois
S’inscrire non pas deux, mais trois fois. Marina, étudiante de 19 ans et originaire de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), tente de passer par le portail d’orientation pour la troisième année consécutive. Après avoir été acceptée en licence de droit en septembre 2021, elle se réoriente l’année suivante en BTS management commercial opérationnel (MCO), avant de finalement s’octroyer une année sabbatique. Elle réitère l’expérience en 2023. Parcoursup, c’est devenu une routine.
Habituée depuis deux ans, cette dernière a pris les devants en se renseignant en amont auprès des établissements qu’elle convoite. « J’ai eu de bons retours sur les structures, leurs taux de réussite sont assez satisfaisants et la proximité géographique est idéale », se réjouit-elle. « J’ai demandé des BTS MCO dans des lycées autour de Clermont, ainsi que des licences administration économique et sociale ou économie et gestion ».
Les journées portes ouvertes et les salons étudiants n’ont donc plus aucun secret pour elle. Elle ne loupe aucun événement de la région Auvergne-Rhône Alpes, pour maximiser ses chances de trouver une formation pour septembre prochain. « Je me suis rendue dans les salons, pour me renseigner sur les BTS que j’ai demandés », raconte-t-elle.
Être accoutumée ne signifie pas qu’elle est enthousiasmée pour autant. « Ça m’embête de devoir repasser par la plateforme, car on doit remonter tout un dossier », admet Marina. « La plateforme est claire, mais il y a beaucoup d’inégalités. Malgré un bac général avec mention, il y a beaucoup de refus sans réelles justifications », poursuit-elle.
Des candidats non prioritaires, mais sereins
L’inscription sur le portail d’admission dans le supérieur est sensiblement la même que celle du lycéen. Excepté que l’étudiant doit lui-même intégrer ses notes dans le dossier, tandis que pour les terminales, cette mesure est automatique. De plus, les réorientés ne sont pas prioritaires : selon la loi, Parcoursup respecte des obligations. Les élèves de terminale boursiers en premier lieu, les autres futurs bacheliers et enfin, les candidats du supérieur qui se réinscrivent.
Les étudiants en sont bien conscients, bien qu’ils restent confiants et sereins. « J’ai émis tous les vœux possibles sur la plateforme, donc je serai forcément affectée quelque part », se rassure Chaïma. « Les licences prennent vraiment tout le monde, même si ce n’est absolument pas mon premier choix », renchérit la Clermontoise. Pour Wassim, qui aspire au métier de développeur full-stack, les formations à distance comme OpenClassrooms font office de plan B. « Ce ne sont pas des formations officielles, mais ça apporte, selon moi, les mêmes compétences voire plus que le BTS ou la licence », relate-t-il.
Ils estiment également que la plateforme pourrait être davantage adaptée aux étudiants qui changent d’orientation. Selon eux, Parcoursup ne prend pas suffisamment en compte ces dossiers particuliers. « J’aurais préféré qu’on ait une plateforme uniquement pour les réorientations avec d’autres critères de sélection qui soient pris en compte », avoue l’étudiante grenobloise.
Dans le cas où tous leurs vœux sont refusés d’ici la phase principale d’admission le 1er juin prochain, certains n’excluent pas de se tourner vers les écoles privées. Des établissements qui recrutent souvent hors Parcoursup.
« Si je peux enchaîner sur une école d’ingénieurs après mon BTS SIO, je le ferai, même si je ne me suis pas encore renseigné », indique le jeune lyonnais. « Je compte me diriger vers un BTS hors Parcoursup en alternance, même si je ne suis pas fan des écoles privées qui sont assez coûteuses », concède de son côté Marina. « Je veux travailler dans le luxe en tant que cheffe de produit marketing, quitte à me sacrifier sur le plan financier pour accéder à mes objectifs professionnels ».