D’étudiant entrepreneur à jeune start-uppeur, il n’y a qu’un pas. Benjamin Sebahoun, 25 ans, a créé Revali, une plateforme numérique de mise en relation pour donner une seconde vie à des matériaux.
Un bac scientifique en poche, le jeune homme intègre une école d’ingénieurs, l’ESTP Paris, après deux années de prépa, en génie mécanique et électrique. En master, il prépare un double diplôme en école de commerce, à l’ESCP Paris où il fait ses premiers pas dans l’entrepreneuriat étudiant.
Lauréat du prix régional et national de Pépite France 2023 (Pôles Étudiants pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat), Benjamin a été accompagné par le programme Pépite start-up à la Station F, célèbre campus parisien de startups, ce qui lui a permis de concrétiser son projet d’entreprise.
Comment est né ton projet Revali et en quoi consiste-t-il ?
L’année dernière, j’entendais parler de Vinted un peu partout, notamment via des publicités dans le métro. C’est parti d’une idéalisation en option entrepreneuriat en école de commerce, puis je me suis lancé sur le projet.
Revali est une marketplace en ligne pour référencer les matériaux et les déchets de chantier, afin qu’ils puissent être réutilisés. Quand on parle de matériaux, ce sont des moquettes, du carrelage, de faux plafonds, des portes, des fenêtres, etc. Dès qu’ils ont eu une première vie, il faut qu’ils aient un petit retraitement, et soient de nouveau employables. Contrairement aux vêtements, par exemple, qu’il suffit de laver et que l’on peut revendre sur Vinted.
« Le prix Pépite offre de la reconnaissance et de la crédibilité au projet », Benjamin, fondateur de Revali
Tu es l’un des 62 lauréats du Prix Pépite cette année, est-ce que tu es satisfait de cette récompense ? Comment s’est déroulée la cérémonie ?
Oui ! C’est super, j’ai été lauréat au prix régional et au prix national. Cela offre de la reconnaissance et de la crédibilité au projet. Pendant les deux journées, j’ai pu rencontrer certains entrepreneurs du même âge que moi, sur des secteurs différents, mais qui ont les mêmes problématiques. On se sent un peu moins seul.
Le jour de la cérémonie, on s’est rencontrés, on a pu discuter entre nous. Quand on est montés sur scène par groupes thématiques, on devait présenter notre projet en une phrase et lancer des ouvertures sur l’environnement et l’écologie en général. Globalement, avec deux ou trois entrepreneurs, on s’est rendu compte qu’il y avait des synergies qui pouvaient être intéressantes.
Selon toi, comment les entreprises doivent-elles réfléchir à leur impact environnemental ?
Je pense que ça dépend de leur réactivité. Les entreprises doivent réfléchir sur quels leviers ils peuvent jouer pour essayer de réduire les émissions, ou adapter leur stratégie. C’est naturellement le cas avec Amazon ou de grandes entreprises qui vont avoir beaucoup de pôles pollueurs et émetteurs de CO2.
Ma vision, c’est que les entreprises doivent être formées sur ces enjeux et puissent être accompagnées sur la transition écologique et adapter leur stratégie économique à leur stratégie environnementale.
D’un point de vue du BTP, on se rend compte que certaines réglementations peuvent être des freins. Spécifiquement, dans mon projet de réemploi de matériaux dans le bâtiment, il y a des objectifs qui sont fixés, mais qui ne sont pas atteignables.
Qu’est-ce t’apportes l’entrepreneuriat ? Est-ce que ça te permet d’être créatif et de faire avancer les choses dans le sens de la transition écologique ?
Ce qui me motive à entreprendre, c’est cette liberté de pouvoir se dire : « si j’ai envie de travailler sur telle ou telle thématique, je vais pouvoir le faire à ma guise ». C’est challengeant, car on part de rien et on veut arriver très haut. Pour moi, ça avait du sens de travailler sur un projet environnemental, à impact. À titre personnel, le sport et la tech m’intéressent, mais ce n’était pas forcément aligné avec mes convictions.
Le vrai impact que je peux avoir en tant que citoyen sur tout ce qui se passe dans le monde et sur l’écologie, c’est de me dire que je vais entreprendre et essayer d’apporter l’aspect environnemental dans mon projet professionnel, à une plus grande échelle.
Quelles sont les démarches que tu as entreprises pour le statut d’auto-entrepreneur ?
Plus qu’un statut d’auto-entrepreneur, j’ai fait un statut de création d’entreprise. J’ai de la chance d’avoir des gens dans mon entourage qui étudient le droit, ce qui m’a permis d’avancer là-dessus.
Puis, avec le programme Pépite Start-up à Station F, on avait la possibilité de faire des offices hours avec des personnes dans le cadre légal. Ces professionnels nous ont conseillés sur le type de structure à choisir et nous ont accompagnés tout au long du processus de création d’entreprise. Créer son auto-entreprise est un plus facile qu’auparavant, car les démarches administratives se sont simplifiées. Certaines plateformes comme Legalplace ou Legalstart peuvent être également utiles et s’occupent de toutes les démarches.
Quels sont les futurs défis qui t’attendent dans ta création d’entreprise ? Où est-ce que tu te vois dans les années à venir ?
Je suis sur un marché d’opportunités. C’est une volonté de s’affirmer en tant que plateforme existante et solide. J’espère que Revali, soit dans les 5 prochaines années, le leader en France. Il faut être ambitieux et se donner les moyens pour.
Dans les prochains mois, je souhaiterais recruter des salariés, assurer le développement de Revali, être moins dans la création et plus dans la gestion. Beaucoup d’entrepreneurs que j’ai rencontré qui sont dans une phase plus mature, qui ont une quarantaine d’employés et sur une phase de levée de fonds avec des rachats me disent que je suis dans le meilleur moment, car c’est la création. C’est à ce moment que l’on touche à tout.
Quels conseils donnerais-tu à des étudiants qui souhaiteraient se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Je leur dirai qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer. Il y a des aides qui peuvent être attribuées par la CAF, à BpiFrance, des prêts donneurs ou encore des subventions. Il existe plein de leviers qui peuvent être déclenchés pour entreprendre. Néanmoins, je pense que sans une aide extérieure complémentaire, comme celle de ses parents, on peut avoir du fil à retordre.
« Aujourd’hui, pour entreprendre, il faut se laisser le temps, tout en étant dans l’action permanente »
Aujourd’hui, pour entreprendre, il faut se laisser le temps, tout en étant dans l’action permanente. Il faut se dire : « j’ai une idée, je vais la tester de suite et je fais mon analyse de marché ». Se rendre sur le terrain est primordial, tout comme être dans l’action permanente, chercher des partenariats, avoir du réseau, comprendre ce qu’il se passe. Et c’est aussi le moment de commencer à faire du business et d’aller chercher des financements.