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Être femme ingénieure et basketteuse professionnelle : Tilise Boisseron, une jeune passionnée

À 24 ans, Tilise Boisseron, originaire de Grenoble, jongle avec son métier d’ingénieure mécanique et sa passion pour le basket-ball. Si le cumul de ses deux centres d’intérêts distincts stimule son quotidien, son parcours n’a pas toujours été de tout repos.
Mis à jour le / Publié en décembre 2022
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© Le sport Dauphinois / Philippe Crouzet

Quand passion et profession s’entremêlent. Depuis son plus jeune âge, Tilise Boisseron est partagée entre deux centres d’intérêt : le basket-ball et le modélisme. Aujourd’hui, à l’âge de 24 ans, elle exerce le métier d’ingénieure mécanique tout en étant une joueuse professionnelle de basket

Bien qu’elle excelle aujourd’hui dans ses deux carrières, son parcours n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, en tant que femme sportive, mais surtout dans un métier souvent stéréotypé masculin. Rencontre avec cette jeune ingénieure passionnée du ballon orange ! 

Pourquoi avoir décidé de devenir ingénieure et quelles sont les études que tu as entreprises ? 

J’ai décidé d’être ingénieure, mais ce n’était pas mon souhait en premier lieu. Diplômée d’un baccalauréat scientifique option Sciences de l’ingénieur, j’ai effectué un DUT Génie mécanique et productique (GMP) à Grenoble. Puis, pendant mes études à l’IUT, on m’a conseillé de poursuivre en école d’ingénieurs. J’ai donc continué mes études supérieures en cycle ingénieur à l’INSA de Lyon. J’ai toujours été intéressée par la mécanique, sans pour autant devenir ingénieure. Cela s’est un peu fait comme ça, pour tout vous dire.

Quelles sont tes missions au quotidien en tant qu’ingénieure ? Pourquoi avoir choisi ce métier ? 

J’exerce actuellement comme Ingénieure Consultante chez agap2, pour un projet au sein de Fives engineering, une entreprise spécialisée dans la conception de pièces de fixation de machine. J’ai choisi ce métier, car j’aime bien la mécanique depuis que je suis petite, ça m’a toujours plu, notamment la conception. En tant qu’ingénieur mécanique, je fais beaucoup de conceptions.

Depuis combien de temps fais-tu du basket et quel est ton niveau ?

Je fais du basket-ball depuis l’âge de quatre ans, au sein de l’équipe de Meylan (Isère). Je participe à un championnat en ligue 2 (LF2) depuis 2019. Je joue tous les week-ends, lors de matchs en compétition les samedis.

Cela ne doit pas toujours être facile au quotidien : comment arrives-tu à jongler entre ton métier et ton activité sportive ? 

Effectivement, ce n’est pas tous les jours évident. Les deux se rejoignent un peu finalement, car qu’il s’agisse du basket ou de l’ingénierie, ces derniers impliquent une certaine exigence et du travail d’équipe. J’essaie de me donner à fond à la fois en entreprise et au basket, et évidemment, je ne me donne pas 100 % comme je le souhaiterais. À force de jongler avec mes deux carrières, la fatigue est au rendez-vous. C’est souvent complexe, mais j’essaie de faire au mieux.


© Le sport Dauphinois/Philippe Crouzet

Te reste-t-il du temps libre et comment est-ce que tu occupes ce temps ? 

Sans surprise, du temps libre, je n’en ai pas beaucoup (rires). Généralement, je me repose dès que j’ai du temps libre afin que mon corps et mon esprit soient reposés notamment pour être en forme au basket, où il faut que je me ménage. Quand j’ai un peu plus de temps, je fais des maquettes et d’autres sports comme le squash ou le volley-ball. Je sors avec mes amis, car je les vois peu, à cause de mon emploi du temps très chargé.

Est-ce que tu penses être un symbole de ta génération qui veut concilier son métier et son temps libre ?

Oui je pense, car aujourd’hui notre génération a la chance de pouvoir vivre de ses passions. Si je le voulais, je ne pourrais vivre que du basket, ce qui n’était pas forcément le cas il y a quelques années surtout quand est une femme. Nous sommes une génération qui a besoin de bouger, de rencontrer du monde. Je ne me considère pas non plus comme un symbole, mais je représente un peu une génération dite « hyperactive ». J’ai besoin avant tout de faire quelque chose qui me plaît, c’est ça le plus important.

« Aujourd’hui, une femme a autant de compétences et de capacités qu’un homme pour devenir ingénieure, ce n’est pas réservé qu’aux profils masculins », Tilise Boisseron, ingénieure et basketteuse professionnelle

Il y a une pénurie d’ingénieurs en France, mais aussi un manque de profils féminins. Comment faire, selon toi, pour attirer davantage les filles vers l’ingénierie et susciter des vocations chez les collégiennes et lycéennes ? 

De mon point de vue, on ne parle pas assez de ces métiers-là aux jeunes filles, notamment en mécanique. Il y avait très peu de filles dans ma classe en DUT et en école d’ingé. Il faut passer outre les stéréotypes pour attirer plus de profils féminins. 

J’ai des souvenirs d’enseignants au collège qui nous expliquaient que les femmes ne savent pas se représenter dans l’espace, par exemple. La conséquence de cela est que les femmes ne se tournent pas vers ces métiers-là, mais vers d’autres, dits plus « féminins ». Pour que cela change, il faut faire comprendre aux filles que ces professions sont ouvertes à tous. Une femme a autant de compétences et de capacités qu’un homme pour devenir ingénieure, ce n’est pas réservé qu’aux profils masculins. De la même manière que le métier de sage-femme peut aussi être exercé par un homme. Et cette discussion doit arriver assez tôt, notamment au collège.

Lors des séances d’orientation, on m’a toujours conseillé de faire des ressources humaines par exemple, mais jamais de la mécanique alors que j’en exprimais le souhait depuis longtemps. Je pense que ça part de là, de notre entourage qui peut avoir une influence sur nos choix professionnels, des enseignants et de tout le système éducatif finalement.

Est-ce que tu interviens dans des associations ou des événements pour sensibiliser les filles aux métiers de l’industrie et de l’ingénierie, comme « Elles bougent » par exemple ? 

Malheureusement, je n’ai pas eu l’occasion d’intervenir lors de ces événements. En revanche, l’an dernier, alors que je m’étais uniquement consacrée au basket, je me suis régulièrement rendue à la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC), près de chez moi. J’étais intervenante là-bas et je donnais des cours du soir. J’ai beaucoup évoqué cette thématique avec les jeunes, où je leur expliquais de surtout ne pas se mettre de barrières, que ce n’est pas parce que vous êtes la seule fille de votre classe que vous devez cesser de faire ce qui vous plaît, ni de croire en vous. Il ne faut pas se mettre de freins, même si c’est encore difficile de se faire une place aujourd’hui.  

« C’était moins un frein de devenir une femme basketteuse qu’une femme ingénieure », Tilise Boisseron

Est-ce que le fait d’être une femme a pu être un obstacle dans ton parcours ?

Au basket, non, ça n’a pas forcément été un obstacle. Néanmoins, les inégalités persistent entre les femmes et les hommes dans le sport, on ne va pas se le cacher. Les hommes ont plus de facilités à vivre du sport de haut niveau par exemple, car il y a plus de moyens mis en place pour eux. Quand j’étais à l’INSA, on s’était qualifiés pour les Championnats d’Europe des Universités et pendant tous les matchs, les hommes avaient le droit à des présentations pour se faire connaître, alors que ce n’était pas le cas pour les femmes. On avait trouvé cela choquant. 

Toutefois, c’était moins un frein de devenir une femme basketteuse qu’une femme ingénieure. Le sport féminin se médiatise de plus en plus, ce qui est une bonne nouvelle : il y a de plus en plus de clubs pour les filles, plus d’aides allouées, etc. Côté ingénieurs, malheureusement, les stéréotypes persistent : beaucoup de gens pensent que la mécanique n’est réservée qu’aux hommes. On doit davantage prouver qu’on a les compétences nécessaires pour être ingénieures que nos collègues masculins. Cela évolue, mais assez lentement.

Quel message donnerais-tu à des jeunes, comme toi, qui souhaitent concilier travail et passion ?

Je leur dirai que tout est possible, tant que l’on a envie de le faire. Il ne faut pas se mettre des bâtons dans les roues. C’est difficile, mais tout à fait réalisable de concilier son emploi avec sa passion, l’un apporte toujours à l’autre, et inversement. Il ne faut pas se brider. Pour moi, c’est quand même important de faire passer ses études avant le sport, car il n’est pas toujours possible d’en vivre à 100 %, notamment sur la durée. 

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