1973—2023 : Cette année marque les 50 ans de la Conférence des grandes écoles (CGE). À cette occasion, plusieurs évènements ont parsemé le calendrier : le congrès anniversaire le 13 et 14 mars dernier, ainsi que la journée nationale de célébration le 16 mai. Les Assises du cinquantenaire sont venues clôturer, mercredi 22 novembre, ces réjouissances.
Cette rencontre a servi de « catalyseur des travaux, des initiatives et des positionnements de la CGE », a remarqué son président, Laurent Champaney, également Directeur général d’Arts et Métiers.
La CGE s’inscrit durablement dans le temps, mais la sagesse, c’est aussi savoir se renouveler. Image des grandes écoles dans l’esprit des Français, actions face à la crise environnementale, transition numérique et sociale, rayonnement du supérieur français à l’international : voici le récap des nouveaux enjeux des grandes écoles, identifiés lors des Assises du cinquantenaire de la CGE !
Une perception positive des grandes écoles, mais une demande d’évolution
Les assises ont été inaugurées par la présentation d’une enquête Ipsos, réalisée du 31 octobre au 3 novembre 2023, sur la perception globale des grandes écoles par les Français.
Le paysage des grandes écoles n’est pas assez connu de la population. En effet, 69 % d’entre eux pensent qu’il y a au maximum 50 grandes écoles en France. En réalité, il y en a 238. Néanmoins, 7 Français sur 10 ont une bonne opinion des grandes écoles, dont 81 % des 18-24 ans. Par opposition, 11 % ont une mauvaise opinion et 18 % n’en ont pas.
Dans le détail, parmi la population, les catégories sociales moins favorisées sont celles qui estiment le moins ces établissements. Ils sont 63 % à en avoir une image favorable, contre des scores qui oscillent entre 80 et 90 % pour les autres catégories. « Ce n’est pas qu’elles ont une moins bonne image, c’est qu’elles ne savent pas. Sur cette question, 25 % de ces catégories [moins favorisées] sont sans opinion », remarque Véronique Refalo, Partner — Public Affairs, Corporate Reputation, Advise chez Ipsos.
Si la plupart des Français partagent une image positive des grandes écoles, mais aussi une connaissance limitée de leur diversité, ils sont aussi majoritairement favorables à plus de modernité. De fait, 67 % de la population estime qu’il est nécessaire de réformer l’accès aux grandes écoles.
Faire connaître les grandes écoles au grand public et en favoriser l’accès
Les pistesd’évolution plébiscitées par la population pour la CGE de demain sont d’ordre inclusif et social. Toujours dans l’enquête Ipsos dévoilée lors des Assises du cinquantenaire de la CGE, la population définit des évolutions urgentes qu’elle doit adopter :
- Favoriser l’accueil des étudiants en situation de handicap (76 %)
- Développer de plus en plus l’alternance et diversifier les voies d’accès (74 %)
- Moduler les frais de scolarité en fonction des revenus (72 %)
- Augmenter la parité Femmes-Hommes (71 %)
« Donner l’occasion à d’autres personnes avec des situations différentes de pouvoir accéder à ce niveau de qualité d’éducation » : c’est l’un des défis qu’identifie Véronique Refalo, à la lecture des résultats de l’enquête qui sera publiée prochainement.
Il y a également un enjeu de communication pour favoriser la diversité au sein des grandes écoles. « Il faut communiquer de manière accrue au sujet des grandes écoles, auprès des différents publics, et notamment au niveau des territoires […] des futurs étudiants et de leurs familles ».
Le sport fait également partie des recours dont dispose la CGE pour davantage d’inclusion. La ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, Amélie Oudea-Castera s’est exprimée, au moyen d’une vidéo enregistrée, pour rappeler aux grandes écoles leur défi envers les étudiants sportifs de hautniveau : « Il faut donner les moyens de concilier excellence sportive et réussite académique à nos hauts potentiels sportifs pour qu’ils n’aient plus à choisir entre ces deux rêves ».
Si les grandes écoles savent qu’elles doivent viser plus d’ouverture sociale et d’inclusion, elles comptent néanmoins garder leur singularité. On pense, par exemple, au maintien des concours d’entrée. « Ces singularités […] sont des points d’appui à activer vers le reste de l’écosystème », précise Tamym Abdessemed, Commissaire aux 50 ans de la CGE et directeur d’Excelia Business School.
S’adapter aux transitions numérique, écologique et sociétale de façon responsable
La CGE n’est pas hors de ce monde. Elle est alors nécessairement confrontée aux grandes transitions : numérique, écologique et sociale. « Nous formons les acteurs et futurs cadres des entreprises qui auront des leviers importants pour faire face à ces enjeux », rappelle Denis Guibard, ex-vice-président de la Commission développement durable et responsabilité sociétale de la CGE. « Ils devront faire en sorte que ces grandes transitions se fassent de la manière la plus responsable possible ».
Plusieurs thématiques en lien avec ces transitions constituent les préoccupations immédiates de nombreuses écoles de la CGE :
- L’intelligence artificielle
- Le développement durable et l’environnement et le changementclimatique
- L’inclusion et la diversité
Afin de les traiter au mieux, la CGE compte coopérer davantage avec des acteurs de tous types : les entreprises principalement, mais également les universités, les écoles d’ingénieurs, ou encore, les régions et les collectivités.
Une autre solution identifiée par la CGE consisterait à « mettre le citoyen (l’individu, les collectivités, les associations, etc.) au cœur des collaborations, des travaux de recherche et des programmes d’enseignement », selon Denis Guibard.
La CGE établit alors un certain nombre de propositions pour améliorer la coopération des grandes écoles avec d’autres acteurs à l’heure des transitions. Parmi celles-ci, l’organisation d’un colloquebiennal et international de recherche et de vulgarisation sur les transitions et la mise en place d’une convention des écoles pour le Climat et la Biodiversité pour former les équipes dirigeantes et leur faire prendre des engagements.
Renforcer le lien avec les entreprises
Comme le rappelle Tamym Abdessemed, le Commissaire aux 50 ans de la CGE, « La Conférence des grandes écoles, ce sont des établissements de formation et de recherche, mais ce sont aussi des partenaires entreprises ».
Le lien entre ces dernières et les écoles est un enjeumajeur, car il favorise l’insertion professionnelle des diplômés, ainsi que la construction de parcours pédagogiques cohérents et durables au sein des formations.
Là encore, la CGE a formulé des propositions pour développer un échange vertueux avec le monde du travail, dont l’inclusion des PME, TPE et des ETI, qui constituent aussi une partie des futurs employeurs des diplômés, comme membres de la CGE pour avoir un maillage représentatif du marché du travail et des débouchés pour les diplômés.
La création d’une Commission Entreprises au sein de la CGE, en y invitant des acteurs du monde de l’entreprise, fait aussi partie des propositions.
Les grandes écoles : vecteur du rayonnement international
Le premier temps de la conclusion des Assises du cinquantenaire de la CGE a été animé par Matthieu Peyraud, directeur de la diplomatie d’influence au sein du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. « L’Enseignement supérieur et la Recherche est un vecteur d’influence pour la France », rappelle-t-il.
Il félicite également les grandes écoles françaises qui s’implantent à l’étranger, notamment au Maroc, au Qatar, aux Émirats arabes unis, au Vietnam, à Singapour ou au Liban, par exemple. « Elles participent à la projection à l’international de l’excellence académique française. »
Le directeur de la diplomatie d’influence précise également la position actuelle quant à la stratégie « Bienvenue en France », lancée en 2018 par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et qui vise à attirer davantage d’étudiants étrangers dans l’Hexagone. « Nous sommes à mi-chemin », déclare-t-il. L’objectif est d’atteindre un nombre de 500 000 étudiants internationaux en France en 2027.