C’était il y a un an jour pour jour, le 24 février 2022. Le président russe, Vladimir Poutine, a ordonné l’invasion de l’Ukraine, déclenchant une guerre aux portes de l’Europe. Tandis que le pays se réveillait sous les bombes, la population a très vite afflué vers les gares, dans l’espoir de fuir le conflit pour sa survie. Des réfugiés, parmi lesquels se trouvent les plus jeunes.
Pour tenter d’apporter son soutien aux victimes et les accueillir sur le territoire, la France s’est grandement mobilisée ces douze derniers mois. Collectivités locales, établissements scolaires, bénévolat, cagnottes… de nombreux dispositifs d’accompagnement ont été mis en place.
La plateforme « JeVeuxAider.gouv.fr », gage de solidarité
Le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a lancé une plateforme intitulée « JeVeuxAider.gouv.fr » afin de permettre aux citoyens de faire du bénévolat pour secourir les jeunes ukrainiens. Avec ce dispositif, les personnes volontaires ont pu accueillir chez elles un réfugié du pays, participer à des collectes ou à des distributions de première nécessité, par exemple.
Concernant les collectivités territoriales, elles ont eu la possibilité d’accueillir des Ukrainiens. Il s’agit de ceux « déjà présents au sein de l’espace Schengen ou sur le territoire national selon certaines conditions », peut-on lire sur le site du ministère. Ce qui a notamment permis à ces jeunes de retrouver le chemin de l’école dans l’Hexagone.
L’enseignement supérieur français se mobilise pour les jeunes ukrainiens
Selon Campus France, plus de 2000 étudiants en provenance d’Ukraine ont été accueillis dans l’enseignement supérieur français. C’est le résultat d’un dispositif « Urgence Ukraine » déployé par l’agence nationale à la demande des ministères de l’Enseignement supérieur (MESR) et des Affaires étrangères (MEAE).
Voici les chiffres clés de la situation des étudiants ukrainiens recueillis par Campus France :
- 1224 demandes validées sur la plateforme Urgence Ukraine
- 975 étudiants ukrainiens et 249 étudiants non ukrainiens (dont 59 % de femmes)
- 77 % des étudiants ont entre 18 et 25 ans
- 69 % des candidatures concernent une entrée en licence, 25 % en master et 2 % en doctorat
- 13 % dans l’informatique, 12 % dans le management et 9 % dans les études médicales
- 348 candidats admis dans 79 établissements
- 153 candidats ont été contactés par un ou plusieurs établissements
- 717 candidats sont en attente
Sur l’ensemble du territoire français, des jeunes âgés de 16 à 25 ans ont pu être scolarisés dans un établissement du secondaire ou du supérieur. Tour d’horizon des principaux lieux où les Ukrainiens étudient actuellement.
La Cité universitaire de Paris, un abri privilégié
Plusieurs étudiants d’Ukraine ont trouvé refuge à la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP), nichée au sud de la capitale dans le 14e arrondissement. Au total, 180 étudiants et chercheurs du pays logent sur le campus, révèle Le Monde.
La Cité universitaire parisienne a souvent été un lieu témoin et symbolique des conflits mondiaux. Dans les années 1930, des juifs fuyant le nazisme y ont été reçus. Les manifestations étudiantes de Mai 1968 y ont également été très suivies. Puis en 2017, les étudiants syriens ont bénéficié d’un dispositif d’accueil spécifique pour fuir la guerre qui faisait rage en Syrie.
Sur le site de la CIUP, plusieurs mesures concrètes ont été prises par rapport au conflit ukrainien. Aide à l’accès de produits alimentaires et de première nécessité, cellule d’écoute, soutien logistique ou encore dispositif d’aide au paiement du loyer, pris en charge partiellement ou totalement. De même, le repas à 1 euro du CROUS dont bénéficient actuellement les étudiants français boursiers ou précaires a été mis en place pour les étudiants ukrainiens.
Des Ukrainiens accueillis à l’École européenne de Strasbourg
Plusieurs jeunes ukrainiens ont été admis à l’École européenne de Strasbourg, qui rassemble de jeunes étrangers. En effet, 60 nationalités cohabitent dans cette structure scolaire, selon France 24. La majeure partie des enseignements de cet établissement se font en langue anglaise.
En temps normal, les conditions d’admission dans l’école sont strictes et réservées aux enfants des fonctionnaires européens. L’année dernière, quand la guerre a éclaté, une procédure dérogatoire exceptionnelle a été instaurée pour les Ukrainiens. « Ces élèves ne sont pas arrivés au même moment (…) il a fallu faire du cas par cas », explique le directeur de l’enseignement secondaire de l’école européenne de Strasbourg.
« On a créé des outils spécifiques pour ces élèves, des cahiers d’apprentissage, pour apprendre le français (…) on les a construits assez rapidement, de façon dense pour préparer ces cours spécialement pour eux », renchérit un enseignant de français. L’école a mis en place un enseignement adapté pour les Ukrainiens, afin qu’ils puissent apprendre à leur rythme. Les plus âgés pourront même passer leur baccalauréat en France, s’ils arrivent à obtenir le niveau.
À Sciences Po, les étudiants ukrainiens bienvenus
Depuis mars 2022, les Instituts d’études politiques (IEP) accueillent aussi dans les établissements des étudiants ukrainiens. « En tant qu’institution d’enseignement supérieur européenne », Sciences Po « a fermement condamné ce conflit et a engagé et soutenu des actions solidaires en faveur des victimes », apprend-on sur le site de l’école.
Par le biais d’un partenariat avec une université ukrainienne, une vingtaine de jeunes ont pu intégrer l’établissement grâce à un transfert de crédits dans les formations bachelor et master. Ces derniers ont également pu obtenir « des bourses de vie » et « des solutions de logement ».
Avignon Université accueille les chercheurs et les étudiants ukrainiens/Авіньйонський університет вітає українських науковців та студентів 🇺🇦 https://t.co/26cS1UGOJC pic.twitter.com/6O2OzifIM2— Avignon Université (@UnivAvignon) May 10, 2022
Bien évidemment, la liste est loin d’être exhaustive. À Paris, mais aussi à Lyon, Bordeaux, Avignon ou encore Poitiers, des centaines d’étudiants ont pu être scolarisés. Face à l’incertitude quant à la durée du conflit entre la Russie et l’Ukraine, ces jeunes ont pu être pris en charge, mais ne savent pas s’ils pourront retourner dans leur pays d’origine.