Étudiante de 23 ans en master Innovation, entreprise et société à l’université Paris Saclay, Mounia a eu l’idée que de nombreuses personnes rêveraient de voir se concrétiser : une imprimante écolo. Avec le prix exorbitant des cartouches et une durée de vie « étonnamment » courte, les imprimantes sont source de malheur de bon nombre de personnes, que ce soit dans le cadre professionnel ou simplement chez soi. C’est dans cette optique que l’étudiante en master a eu l’idée de PRINK. Elle a accepté de répondre à nos questions sur son étonnant projet.
Une idée venue d’un simple constat
Si le projet est original, il est né, devinez quand ? Lors d’un café. Mounia nous raconte comment lui est venue l’idée de cette imprimante :
« L’idée m’est venue à Montréal lors de mon échange universitaire. J’étais installée dans une célèbre enseigne de café (Starbucks) et j’ai remarqué tout le marc de café jeté à la poubelle. Je l’ai directement associé à l’encre en me demandant comment on pouvait le réutiliser. J’ai noté cette idée dans un carnet.
L’idée était donc de concevoir une imprimante innovante qui puisse recycler le marc de café en encre. Je voulais offrir une alternative sur ce marché de l’impression en proposant une imprimante durable qui utilise de l’encre écologique et peu onéreuse.
De retour en France j’ai décidé de partager cette idée en participant à des concours comme Digiprize pour avoir des retours. »
« J’étais volontaire pour y participer. »
Si l’impact écologique de l’encre d’imprimante est important, son coût l’est tout autant. L’idée du projet vient surtout d’un constat simple :
« J’ai moi-même été confrontée au problème de l’obsolescence programmée des imprimantes et du prix incroyablement cher des cartouches d’encre. Souvent, pour imprimer, il fallait passer par des amis ou bien se rendre à la médiathèque du coin. Je me suis fait la réflexion que ce marché était dépassé et qu’il fallait qu’il se renouvelle pour se mettre à l’ordre du jour, car le consommateur n’est pas dupe des pratiques abusives de ces géants du secteur. »
Un projet en solitaire
Beaucoup de concours comme Digiprize permettent de mettre en lumière de jeunes esprits innovants comme Mounia, et nombreux sont les étudiants qui s’y inscrivent en groupe dans le cadre de leur cours. Mounia fait donc tout à l’envers puisqu’elle s’est inscrite seule et de son propre chef :
« Je n’ai reçu aucune aide extérieure. »
« J’ai fait une recherche pour trouver les concours qui s’adressaient aux étudiants porteurs de projets et d’idées. Je suis tombée sur le Digiprize et je l’ai trouvé très intéressant. C’est une réelle chance qui nous est offerte, à nous jeunes étudiants, d’exprimer nos idées et notre créativité pour répondre aux problématiques d’aujourd’hui et de demain.
J’aime au quotidien réfléchir à d’éventuelles solutions aux problèmes que je rencontre ou que je perçois. Le projet PRINK est né comme ça et j’espère le porter plus loin avec l’aide de Guillaume, un ami, qui me rejoint sur le projet. »
Elle nous présente comment devrait marcher l’imprimante :
« Actuellement, l’imprimante est au stade d’idée, je ne peux donc pas présenter son fonctionnement. Mais l’idée est de concevoir une imprimante durable et facilement réparable qui soit, produirait de l’encre automatiquement lorsqu’on y introduit le marc de café, soit utiliserait de l’encre faite à partir de marc de café.
Nous centrons actuellement nos efforts sur la fabrication d’encre à partir de marc de café. Étape nécessaire et primordiale avant la conception de l’imprimante. »
Si l’élaboration des projets présentés au Digiprize se fait dans le cadre des cours et est donc encadrée par des enseignants, ce n’était pas le cas de cette imprimante, d’où la nature du prix remporté : le Prix incubateur :
« Je n’ai pas eu besoin ni bénéficié d’une aide financière. Lorsque j’ai présenté le projet PRINK au Digiprize, c’était vraiment encore au stade d’idée. »
L’étudiante nous indique à quel point sa formation lui a été utile pour élaborer PRINK :
« Mes formations en gestion et en innovation m’ont permis d’acquérir des connaissances solides en matière de gestion d’entreprise, mais aussi d’appréhender les problématiques liées à l’innovation et au développement de l’écosystème entrepreneurial français et international. J’ai eu des cours très diversifiés : droit, marketing, management, finance, innovation… et cette pluridisciplinarité est une vraie richesse à mon sens lorsqu’on souhaite se lancer dans le développement d’un projet. »
L’imprimante au marc de café bientôt dans nos bureaux ?
Maintenant que PRINK a remporté un prix, Mounia espère aller un peu plus loin :
« Je compte concrétiser ce projet en espérant à terme le commercialiser. Il y a évidemment beaucoup de travail à fournir d’ici là, mais en bénéficiant de l’aide de mentors et en entretenant notre détermination et notre persévérance, cela pourrait déboucher sur un produit utile qui répondra aux besoins des consommateurs et aux problématiques en matière d’environnement. »
Ceci implique évidemment de nouvelles ressources :
« Une aide financière sera certainement nécessaire pour le développement et la concrétisation du projet. Nous n’en connaissons pas encore le montant, mais nous serons ravis d’échanger avec toute personne intéressée par le projet. »
Le prix incubateur prend donc tout son sens puisqu’il récompense sa gagnante en lui offrant la possibilité de travailler pendant 6 mois au sein d’un incubateur pour développer et concrétiser le projet. L’étudiante nous explique qu’ainsi, elle pourra bénéficier de l’aide d’experts dans différents domaines et côtoyer d’autres porteurs de projets.
Une expérience qui, on l’espère, sera concluante, car on a plus vraiment envie de dépenser une fortune en cartouche d’encre.